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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier
Autoren: Robert Margerit
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leur union) à se séparer, l’existence difficile, périlleuse, que l’on allait mener ne convenant pas à une femme. Lodoïska, en larmes, retourna vers Paris tandis que, non moins chagrin, son Jean-Baptiste roulait avec Guadet vers Caen.
    Pétion, Buzot frappé au cœur par l’arrestation de M me  Roland, Barbaroux auquel elle l’avait préféré, Gorsas, Meilhan pourtant non proscrit, Salle et maint autre brissotiste moins notoire, étaient là. Il en vint encore, entre autres Kervelegan, Lanjuinais qui avait finalement résolu de fausser compagnie à son gendarme. La municipalité les logeait à l’ancienne Intendance où se tenaient l’Assemblée centrale de résistance à l’oppression et les conférences avec l’état-major. Barbaroux, Buzot qui avait connu Wimpffen à la Constituante, accordaient grand crédit au général. C’était un monarchiste, assurément. Eh bien, quoi ! ne pouvait-on pas s’associer avec d’honnêtes monarchistes constitutionnels quand il s’agissait d’arracher l’empire aux griffes de la Montagne et de l’immonde Marat !
    Mais Louvet flairait à Caen un air tout autre que constitutionnel. Leur conviction républicaine, à lui et à ses amis, lui semblait décevoir l’Assemblée centrale. Quant à Wimpffen, il le soupçonnait d’être secrètement d’accord avec Robespierre pour les livrer aux Anglais et aux royalistes. Le tartufe de la rue Saint-Honoré avait partie liée avec eux, on le savait bien. Au demeurant, on discutait beaucoup et l’on ne faisait pas grand-chose, à l’Intendance, hormis des discours enflammés contre la Montagne maratiste et le monstre Marat, Marat le sanguinaire, Marat le fomentateur du 31 mai, Marat qui imposait à la France la dictature de la canaille. Sans doute, les indigènes venaient-ils nombreux écouter ces proclamations, mais bien moins en patriotes enthousiastes qu’en curieux attirés par la célébrité des orateurs, estimait le petit Jean-Baptiste.
    On voyait beaucoup de femmes dans ce public. Louvet n’était point seul à avoir remarqué parmi les assidues une grande et fraîche fille blonde, de noble tournure. Elle vint les trouver, sous différents prétextes, dans la salle de l’Intendance où ils recevaient les Caenais. En digne auteur de Faublas, Louvet pensa qu’elle cherchait une aventure. Le beau Barbaroux, quoique bien empâté maintenant, semblait l’attirer. Un jour où elle l’attendait, Pétion, traversant la salle, dit avec un sourire taquin :
    « Voilà donc la belle aristocrate qui vient voir les républicains !
    — Citoyen Pétion, lui répondit-elle d’un ton de reproche, vous me jugez aujourd’hui sans me connaître. Un jour, vous saurez qui je suis. »
    Elle se nommait Charlotte de Corday d’Armont. Elle se disait républicaine et athée.
    Les proclamations fédéralistes ne produisaient pas grand résultat, à Caen. Quelques volontaires s’engageaient. Cela ne grossissait guère la petite armée. L’élan sur lequel avait compté Buzot se manifestait de moins en moins. Parbleu ! le pays était infesté d’agents du Comité de Salut public et de conventionnels « maratistes », qui répandaient à poignées l’or de Pitt pour faire échec aux patriotes !
    En effet, Couthon, Claude, Mathieu combattaient par l’envoi de nombreux commissaires la propagande girondine, mais ils eussent été fort en peine de répandre l’or. C’était bien autre chose que la Convention opposait à présent aux tentatives des rebelles : elle venait de terminer la constitution démocratique attendue depuis près d’un an, et elle appelait les républicains à se réunir pour la ratifier, pour la défendre contre les aristocrates de toute espèce. Dans le Calvados, dans l’Eure, comme dans beaucoup d’autres départements, on commençait de se rendre compte qu’en résistant à la Convention nationale on se faisait les fourriers du royalisme. À Marseille, Rebecqui s’en aperçut trop bien. De chagrin et de dégoût, il se suicida en se jetant à la mer. À Caen, Louvet regrettait amèrement d’avoir écouté Guadet. S’il avait eu ici sa Lodoïska, il se serait embarqué avec elle pour l’Amérique. À Moulins, Brissot qui espérait soulever le Centre venait d’être arrêté par la population.
    Paris, peu à peu, s’indignait de l’indulgence avec laquelle les comités et la Convention traitaient les responsables de la révolte. On les laissait libres de poursuivre leur attentat
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