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Un bateau pour l'enfer

Un bateau pour l'enfer

Titel: Un bateau pour l'enfer
Autoren: Gilbert Sinoué
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néerlandais. Son pays prenait un risque certain.
    En apprenant la nouvelle, on peut imaginer le soulagement de Troper. Il dut se dire : « Nous sommes presque à mi-chemin. Plus que quatre cent soixante-trois. » Il attendait maintenant la réponse de la France et de la Grande-Bretagne.
    À 15 h 40, le téléphone sonna. C’était M me  Louise Weiss. Elle s’était entretenue avec le ministre des Affaires étrangères, M. Georges Bonnet, et celui-ci lui avait assuré qu’il serait tout à fait « enchanté » d’accéder à la requête que lui avait soumise M. Sarraut, ministre de l’Intérieur. Ce dernier les attendait à dix-huit heures.
    À dix-huit heures précises, Morris Troper arriva dans les bureaux de M. Sarraut, accompagné de M me  Weiss, du représentant du cardinal-archevêque de Paris, Jean Verdier, de M. Jules Braunschweig, qui avait été délégué par le baron de Rothschild. La question du Saint-Louis fut examinée sous tous les angles. À la fin de la réunion, le ministre donna son accord : la France accueillerait le même nombre de passagers que la Belgique, soit deux cent cinquante, mais elle était disposée si besoin était à les accueillir tous , quitte à les répartir ensuite selon les opportunités. Tanger fut abandonné en raison du ressentiment arabe envers la communauté juive. Les passagers débarqueraient à Boulogne et seraient hébergés dans l’Hexagone.
    Plus que cent quatre-vingt-quatorze !
    Restait l’Angleterre, qui traînait les pieds…
    Ce même jour, 12 juin, on pouvait lire dans le New York Times , en page 7 :
    À la suite des efforts combinés des comités de secours juifs, à Amsterdam et Bruxelles, les 900 réfugiés qui ont fui l’Allemagne et qui sont actuellement en route vers l’Europe à bord du Saint-Louis, appartenant à la Hamburg American Line, ont été autorisés à débarquer en Hollande, en Belgique et en France après que toutes les démarches auprès de nombreux pays, dont l’Amérique, ont échoué. […] James Rosenberg le président-directeur général du Joint, a communiqué le message suivant : « Je crois que nous pouvons désormais affirmer, après quatre jours et quatre nuits d’efforts ininterrompus, que grâce à l’hospitalité et à la magnanimité de différents gouvernements européens, grâce à des êtres de premier rang tous les réfugiés du Saint-Louis vont pouvoir enfin trouver un havre en Europe. Le contact a été constant entre les autorités de ces pays et les délégués du Joint, aussi serait-il inconvenant que nous nous appropriions la déclaration finale. […] D’autres démarches sont par ailleurs en cours auprès d’autres nations. Tant qu’elles n’auront pas trouvé de conclusion, il serait prématuré d’en dire plus. Sachez seulement que M. Paul Baerwald, le président du comité de secours, ainsi que M. Harold Linder, membre du comité, œuvrent en ce moment auprès des autorités britanniques. M. Morris Troper avec qui j’ai été en contact téléphonique quotidien suit le problème de très près.
    À l’occasion des tractations en cours, nous avons renouvelé notre espoir de voir cette affaire résolue dans les jours prochains, selon les principes humanitaires.
    En déclarant que tous les réfugiés avaient trouvé asile, on pourrait supposer que James Rosenberg s’engageait un peu à la légère, puisque, à l’heure où il parlait, la Grande-Bretagne ne s’était toujours pas prononcée. En réalité, il avait reçu un câble de Troper qui laissait entendre que la décision britannique serait très certainement favorable.
    Le lendemain, mardi 13 juin, à quinze heures, à Londres, se tint une séance de travail à laquelle participèrent lord Winterton, Alexander Maxwell, le sous-secrétaire permanent du Home Office, M. Cooper, appartenant également au Home, M. Otto Schiff, M. Pell, qui appartenait au comité intergouvernemental, Paul Baerwald, directeur du Joint, et son conseiller, M. Linder. À la fin de la réunion, le porte-parole du gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté annonça que la Grande-Bretagne était disposée à offrir l’hospitalité à deux cent quatre-vingt-sept passagers.
    Presque simultanément, le grand-duché de Luxembourg faisait savoir qu’il acceptait de recevoir soixante-quinze réfugiés sous la condition qu’ils soient domiciliés hors de la ville de Luxembourg. L’offre n’avait plus d’intérêt. Les neuf cent sept
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