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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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comparaisons avec la belle Hongroise et venait de réaliser qu’on était en train de le marier contre son gré. Et, tandis qu’il examinait Hélène, la trouvant certes jolie, grande, mince, pleine de distinction et d’élégance, il ne pouvait s’empêcher de lui découvrir certains traits énergiques et même durs, qui ne correspondaient pas à ce qu’il attendait.
    Et puis, tout à coup, il ne la vit plus. Derrière elle, il découvrait une adorable créature, un visage de rêve, des yeux pleins d’étoiles, une silhouette exquise, une enfant, certes, mais si belle, si attirante, que sa seule présence suffisait à tout effacer de ce qui l’entourait, à tout effacer du passé… Dès lors, il ne vit plus qu’elle, plus que cette délicieuse Sissi qui ne faisait même pas attention à lui, tout heureuse qu’elle était de retrouver son ami Charles-Louis. Pour un peu, ces deux-là auraient demandé la permission d’aller jouer au jardin.
    Mais, soudain, Sissi s’aperçut de l’attention que lui accordait François-Joseph et, aussitôt, elle se troubla, rougit ; c’en fut fini de son naturel joyeux qui faisait quelque peu froncer les sourcils de sa tante Sophie. Elle s’accrocha à son ami Charles-Louis comme à une bouée de sauvetage, car elle n’osait regarder ni l’Empereur, dont le regard souriant la troublait sans qu’elle sût pourquoi, ni Hélène, dont elle craignait de lire la déception sur le visage, une déception bien facile à comprendre.
    Quelqu’un d’autre était déçu, et ce quelqu’un, c’était Charles-Louis. Profondément épris de sa jolie cousine, le jeune archiduc ne s’était pas trompé sur la signification du regard de son frère et, le soir même, après le dîner de famille, il jeta à sa mère avec une douleur qu’il parvenait mal à contrôler :
    — Sissi a beaucoup plu à Franz, Maman, infiniment plus que Néné. Tu verras, il la choisira de préférence à sa sœur.
    — Tu rêves ? fit l’archiduchesse avec un haussement d’épaules. Une gamine pareille ? Ce serait un désastre.
    Peut-être, car elle avait de bons yeux, cherchait-elle simplement à se rassurer elle-même. Mais ses illusions allaient être de courte durée car, le surlendemain, alors qu’elle venait tout juste de se lever et n’avait pas encore eu le temps de déjeuner, elle vit surgir François-Joseph. Un François-Joseph positivement rayonnant.
    — Tu sais, lui dit-il, Sissi est délicieuse !…
    — C’est pour me dire cela que tu m’envahis à cette heure ?
    — Mille pardons, Maman, mais il fallait que je te le dise. Elle est adorable, délicieuse.
    — Mais enfin, ce n’est encore qu’une enfant !
    — Bien sûr, elle est très jeune, mais regarde ses cheveux, ses yeux, son charme, toute sa personne ! Elle est exquise.
    — Mais enfin, il y a Hélène, Hélène qui…
    — Hélène rien ! Elle est charmante, mais on ne la voit plus lorsque Sissi est là.
    — Allons, du calme ! Tu ne la connais pas encore. Il faut réfléchir. Tu as le temps. Inutile de se presser ! Personne ne te demande de te fiancer tout de suite.
    Mais allez donc arrêter un torrent dans sa marche irrésistible ! Avec un grand sourire, le jeune empereur vint embrasser tendrement sa mère et déclara :
    — Je pense, moi, qu’il vaut beaucoup mieux ne pas faire traîner les choses en longueur. Tout à l’heure, j’essayerai de voir Sissi avant que nous ne nous retrouvions pour le dîner.
    Et le voilà parti vers son harassant travail d’autocrate, emportant avec lui l’idée lumineuse d’un instant d’entretien seul à seul avec celle qui était déjà sa bien-aimée… Malheureusement, il ne la trouva pas, et ce fut avec un front assombri et une certaine nervosité qu’il prit place à table auprès d’Hélène… qu’il ne regardait toujours pas. La malheureuse n’entendit même pas le son de sa voix. Il ne regardait que Sissi, assise de l’autre côté de la table, entre l’archiduchesse Sophie et le prince de Hesse.
    De son côté, singulièrement émue par ce regard souriant qui ne la quittait pas, la jeune fille ne toucha pratiquement à aucun des plats qui lui furent servis, ce qui provoqua l’étonnement de son voisin.
    — Sissi a dû décider que ce serait aujourd’hui jour de jeûne, dit-il en riant à l’archiduchesse. Elle n’a mangé que du potage et de la salade russe.
    Le lendemain, un grand bal était donné à la villa impériale, un bal dont tout
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