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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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l’instant de revenir et ce n’était pas un empereur de quatre ans, sans autre défense qu’une mère déjà tournée vers un nouvel amour et sans plus de consistance d’ailleurs qu’une motte de beurre, et deux ou trois poignées de dignitaires fidèles qui les en empêcheraient.
    La noblesse et la bourgeoisie, elles, se cachaient à peine d’attendre Louis XVIII dont elles espéraient beaucoup. Que l’ennemi approchât de la capitale était de peu d’importance pour ceux qui ne voyaient en lui que le retour aux anciens jours et l’effacement total de la Révolution. Alors les travaux partout s’arrêtèrent, les ateliers se fermèrent et les ouvriers parcoururent Paris en bandes imposantes, portant des drapeaux tricolores et des branches vertes, criant :
    — Vive Napoléon II ! Vive l’empereur ! Mort aux royalistes ! Des armes, des armes !
    Ces foules tumultueuses se succédaient sans relâche aux abords de l’Élysée. Des soldats, des fédérés, des femmes, de vieux militaires s’y joignaient et tout cela hurlait à pleins poumons pour engager l’empereur à lutter encore, à ne pas s’avouer vaincu et, surtout, à ne pas se laisser manœuvrer par le gouvernement provisoire en qui tous voyaient un ramassis de traîtres et d’agents de l’étranger. Pour l’empereur vaincu, Paris retrouvait les vieilles craintes et les vieux cris de la Révolution qui, cependant, avait abattu un trône.
     
    «  Jamais , écrivit plus tard un témoin de ces heures brûlantes, jamais le peuple qui paye et qui se bat ne lui avait montré plus d’attachement !  »
     
    Mais, bien entendu, cet attachement trop bruyant ne faisait guère l’affaire de Fouché ni de son gouvernement. On craignit que Paris ne fût à feu et à sang quand entreraient les armées du tsar et du roi de Prusse. Et l’on fit prier Napoléon de vouloir bien quitter l’Élysée pour un séjour plus calme et plus écarté où il pourrait « attendre tranquillement que tout fût prêt pour son départ ». Ce fut le maréchal Davout qui fut chargé de cette mauvaise commission.
    L’entrevue fut rude. Le maréchal se montra glacial et l’empereur ne lui pardonnait pas d’avoir si vite rejoint le parti le plus fort.
    — Vous entendez ces cris ? dit-il. Si je voulais me mettre à la tête de ce peuple qui a l’instinct des vraies nécessités de la patrie, j’en aurais bientôt fini avec tous ces gens qui n’ont eu du courage contre moi que lorsqu’ils m’ont vu sans défense ! On veut que je parte ? Soit ! Cela ne me coûtera pas plus que le reste !
    Et ces deux hommes qui, si longtemps, avaient combattu côte à côte, se quittèrent sans même une poignée de main…
    Le soir, au dîner, Napoléon se tourna vers sa belle-fille et lui dit :
    — Je désire me retirer à Malmaison. C’est à vous {1} . Voulez-vous m’y donner l’hospitalité ?
    Des larmes mouillèrent les beaux yeux bleus de l'ex-reine de Hollande.
    — Sire, dit-elle, Malmaison appartiendra toujours à l’ombre de ma mère et vous y serez toujours chez vous !
    Et, prenant à peine le temps d’achever son dîner, Hortense commanda la voiture et partit aussitôt vers le petit palais de Rueil afin de tout y préparer pour le séjour de l’empereur.
    Le lendemain dans l’après-midi, Napoléon gagnait la demeure qui avait été celle de son bonheur. Rien n’y était changé et quand Hortense, dans sa longue robe blanche, l’accueillit au seuil de la grande verrière, il eut un instant l’impression que Joséphine elle-même, la Joséphine de sa jeunesse, ravissante et fine, s’était levée de son tombeau pour l’accueillir. Et ce fut avec des larmes plein les yeux qu’il la releva de sa révérence et la tint, un instant, serrée contre lui.
    — Merci, dit-il seulement, merci, ma fille !
     
    À peine arrivé et tandis que sa petite suite s’installait (il y avait là le grand-maréchal Bertrand, les généraux Gourgaud et Montholon, le chambellan Las Cases, les officiers d’ordonnance Planât, Résigny, Saint-Yon, plus quelques serviteurs), il gagna la bibliothèque, s’assit au bureau d’acajou et écrivit pour son armée une ultime proclamation, une sorte de testament qui était aussi un adieu.
     
    « Soldats, je suivrai vos pas quoique absent. Je connais tous les corps, et aucun d’eux ne remportera un avantage signalé sur l’ennemi que je ne rende justice au courage qu’il aura déployé. Vous et moi, nous avons
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