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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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Les dernières roses de Malmaison
    L’ombre de Waterloo venait de s’abattre sur Paris incrédule. Il faisait chaud et dans cet air lourd qui les enveloppait, les Parisiens commençaient à chercher avec angoisse celui de la liberté.
    Le 21 juin, à huit heures du matin, Napoléon était arrivé à l’Élysée, flanqué de Bertrand, de Drouot, de ses aides de camp Corbineau, Gourgaud, La Bédoyère, de son écuyer Canisy et de son secrétaire adjoint Fleury de Chaboulon. L’Empereur était d’une pâleur de cire et respirait difficilement. Ses traits étaient tirés, ses yeux ternis. Il regarda cette poignée d’hommes qui s’empressait autour de lui, bien petite troupe à laquelle s’étaient joints Caulain-court et Maret, duc de Bassano. Alors, avec un soupir qui trahissait l’oppression et la souffrance, il murmura : « L’armée a fait des prodiges, mais la panique l’a prise. Tout a été perdu… Ney s’est conduit comme un fou ! Il m’a fait massacrer toute ma cavalerie… Je n’en puis plus !… Il me faut deux heures de repos pour être à mes affaires… »
    Puis, il posa sa main sur sa poitrine :
    — J’étouffe là !…
    Il ordonna qu’on lui préparât un bain et reprit :
    — Oh ! la destinée ! Trois fois, j’ai vu la victoire s’échapper. Sans un traître, je surprenais l’ennemi ; je l’écrasais à Ligny si la droite eût fait son devoir ; je l’écrasais à Mont-Saint-Jean si la gauche eût fait le sien ! Enfin, tout n’est pas perdu !…
    Il le croyait encore. Il y croyait vraiment et, peut-être, en fait, tout n’eût-il pas été irrémédiablement perdu si le maître de l’heure n’eût été Fouché, si les Chambres effrayées n’eussent trop aisément tourné leurs yeux vers les Bourbons.
     
    En effet, la nouvelle que l’Empereur était revenu se répandait dans Paris et, déjà, l’on s’attroupait autour de l’Élysée. Des cris, des appels fusaient, réclamant celui que l’on avait trop aimé pour qu’il n’en restât pas quelque chose, cependant qu’un conseil dramatique s’ouvrait à l’intérieur du Palais. Conseil au cours duquel, malgré les protestations violentes de Lucien Bonaparte, on fit entendre à Napoléon qu’il lui fallait envisager l’abdication.
    Il s’y résigna difficilement, mais s’y résigna tout de même car s’il se retirait, ce serait pour laisser le trône à son fils, le petit roi de Rome. Deux jours plus tard, les Chambres votaient dans ce sens.
    — Tout s’est très bien passé ! déclara triomphalement Regnaud en venant annoncer à Napoléon le vote en question.
    L’Empereur eut un faible sourire.
    — Que mon fils règne en paix et je serai heureux. Il ne me reste plus qu’à choisir le lieu de ma retraite.
    Cette retraite, depuis deux jours, il y avait pensé et même il en avait discuté avec la reine Hortense, qui était accourue le rejoindre à l’Élysée et y jouait le double rôle d’une maîtresse de maison pleine de tact et d’une fille aimante envers un père très malheureux. Dans un mouvement né sans doute dans son goût secret pour la tragédie, Napoléon avait songé s’en remettre à l’honneur de l’Angleterre. Mais Hortense et, avec elle, le général de Flahaut et le duc de Bassano l’en avaient énergiquement dissuadé.
    — Vous n’avez rien à attendre de l’Angleterre, Sire, sinon le malheur.
    Il choisit alors l’Amérique, qui toujours l’avait attiré. Tout de suite, il commença ses préparatifs.
    Nombreux furent ceux qui proposèrent de l’y accompagner et le banquier Laffitte fut convoqué. Il était la fidélité même et l’Empereur savait qu’il pouvait lui faire entière confiance. Il s’entendit donc avec lui pour le dépôt de sommes importantes qui lui restaient et l’ouverture d’un crédit de même valeur aux États-Unis. Quant à la traversée de l’océan, elle n’offrait guère de difficultés : en rade de Rochefort, deux frégates, la « Saale » et la « Méduse », étaient prêtes à appareiller. Et dès le soir du 23 juin, Napoléon faisait demander au gouvernement provisoire de les mettre à sa disposition et de préparer ses passeports ainsi que ceux de sa suite…
     
    Toutefois, dans Paris, le peuple commençait à s’émouvoir sérieusement. Il n’était pas dupe de cette prétendue reconnaissance de Napoléon II par les Chambres et savait qu’elle n’était qu’illusoire. De Gand, les Bourbons guettaient
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