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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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il est écrit très gros : il se nomme « Très humbles rappels », et règle le comportement de Votre Altesse durant toutes les cérémonies de son mariage.
    — Les cérémonies ? Il y en a tellement ?
    Non sans une certaine raideur due à ses cinquante-six ans, la comtesse Esterhazy plongea dans une révérence qui allait bien avec sa mine sévère.
    — Il y en a beaucoup, certes, mais il est grand temps que Votre Altesse s’y intéresse. On ne saurait épouser un empereur comme un simple officier des gardes et l’archiduchesse Sophie insiste pour que Votre Altesse commence à étudier ces documents.
    Elle sortit, laissant Sissi tête à tête avec les rébarbatifs bouquins, qui constituaient un résumé, assez décourageant d’ailleurs, de la fameuse étiquette autrichienne que les empereurs avaient copiée sur celle, très espagnole, de Charles Quint et de Philippe II. Tournant le dos aux jardiniers et aux fleurs qu’ils repiquaient, la fiancée s’attaqua, courageusement mais non sans soupirer, à sa lecture.
    Mais le soir, en retrouvant son fiancé au moment du dîner de famille, elle lui fit part, entre haut et bas, de ses craintes touchant le nombre et la complication des cérémonies du lendemain et des jours suivants.
    François-Joseph se mit à rire.
    — Cela ne sera pas si terrible, tu verras ! et quand nous serons débarrassés de ces corvées, tu seras ma délicieuse petite femme et nous aurons bientôt oublié toute cette affaire dans notre beau Laxenbourg…
    Élisabeth, alors, lui rendit son sourire.
    — Bien ! Si ce n’est qu’un mauvais moment à passer, nous essayerons de le passer courageusement.
    Ce mauvais moment aurait sans doute paru, à toute autre jeune fille, une sorte d’apothéose de conte de fées car aucun spectacle, si fabuleux soit-il, ne pouvait atteindre en éclat l’église des Augustins de Vienne quand, le lendemain, à six heures et demie du soir, le cortège nuptial y pénétra. Des milliers de cierges faisaient brasiller l’or du gigantesque retable, les pierreries dont étaient couvertes les femmes présentes et les décorations des hommes. Des fleurs blanches embaumaient l’atmosphère, disséminées un peu partout en énormes bouquets. Puis quand, au son des cloches, l’empereur mit le pied sur l’immense tapis rouge, il se fit un grand silence.
    Mince, élancé, très grand et très beau dans son uniforme de feld-maréchal, le jeune souverain s’avança seul, marchant d’un pas ferme vers l’autel où l’attendait le prince-archevêque de Vienne, le cardinal Rauscher. Mais ce fut une sorte de soupir qui salua l’apparition d’Élisabeth, marchant entre sa mère et l’archiduchesse Sophie. Jamais plus belle fiancée ne s’était révélée sous les voûtes de la vieille chapelle.
    Dans son immense robe , brodée d’or et d’argent et garnie de myrte, était d’une saisissante beauté. Sur sa gorge, ses bras et dans ses magnifiques cheveux châtain doré fulgurait la fabuleuse parure de diamants et d’opales qui avait appartenu à l’archiduchesse Sophie et que celle-ci lui avait offerte. Sur sa poitrine, s’épanouissait un bouquet de roses. Enfin, derrière elle, s’étirait interminablement le grand voile de précieuses dentelles blanches, et le futur époux ne put retenir un sourire de bonheur en la voyant s’avancer vers lui… Elle était bien pâle pourtant et d’une gravité qu’on ne lui avait jamais vue. Confrontée pour la première fois au faste écrasant déployé en son honneur, la petite Élisabeth de seize ans venait peut-être de comprendre ce que cela signifiait que devenir impératrice d’Autriche, et son émotion était si visible qu’elle ne put se défendre d’un mouvement de frayeur quand éclata, au-dehors, une salve de mousqueterie aussitôt suivie du grondement des canons, au moment où, d’une main ferme, François-Joseph passait l’anneau d’or à son doigt tremblant.
    La chaleur de cette main virile lui rendit courage et, relevant vers le tendre visage de son époux des yeux pleins de larmes, elle s’y accrocha et parvint à sourire. Mais tout le reste de l’interminable cérémonie se déroula pour elle comme dans un rêve. Elle n’avait qu’une hâte : que tout cela s’achève bien vite, afin de se retrouver seule, bien seule et au calme, avec l’homme couronné qu’elle aimait de tout son cœur…
    Hélas, les fêtes devaient se dérouler sur plusieurs jours et, dès le lendemain de
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