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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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été trop aimable avec ce monsieur !… etc. etc.
    C’était tellement crispant que, le quatrième jour, Son Impériale Majesté décida de se mettre en grève.
    Non, elle ne donnerait pas audience ! Non, elle ne se rendrait à aucune réception ! Elle voulait avoir la paix et rester tranquille. Qui avait jamais entendu parler d’une lune de miel bâtie sur ce modèle ?
    L’archiduchesse tenta bien de la faire revenir sur sa décision, mais s’aperçut, pour la première fois, que cette gracieuse enfant pouvait avoir une volonté de fer. D’ailleurs, pour une fois, son époux lui donna raison. Lui aussi souhaitait un peu de calme et de tête à tête… Et les jeunes époux, montant en voiture, s’en allèrent tranquillement se promener au Prater…
    Malheureusement, ce ne fut qu’un intermède dans une lune de miel décidément bien étrange. Installée à Laxenbourg, Sissi s’aperçut bientôt que ladite lune se passerait bien plus souvent en compagnie de sa belle-mère que de son époux car, consciente de ses obligations, l’archiduchesse avait suivi le jeune couple dans ce château de la banlieue viennoise… et François-Joseph, comme un bon fonctionnaire, rejoignait Vienne tous les matins pour effectuer son travail d’empereur.
    Entièrement livrée aux contraintes du protocole durant la journée, Élisabeth s’en consolait auprès de ses animaux familiers, dont elle avait emmené une partie de Possenhofen. Ainsi, passait-elle de longues heures devant sa volière ou encore dans sa chambre, à écrire des vers. Occupation qui, bien sûr, ne déchaînait pas l’enthousiasme de l’archiduchesse, obstinée, dans les meilleures intentions du monde, à vouloir tirer une imposante souveraine de cette petite fille rétive.
    Un jour, lasse de voir son cher Frantz partir sans elle pour la Hofburg, Sissi manifesta l’intention de l’accompagner. Alors, Sophie :
    — Il ne convient pas à une impératrice de courir après son mari et de trotter à droite et à gauche comme un petit lieutenant !
    La jeune femme passa outre mais, le soir, au retour, il fallut essuyer une mercuriale qui effaçait beaucoup du plaisir de la journée.
    — Je suis l’impératrice ! La première dame du pays ! déclara-t-elle, furieuse, à sa belle-mère.
    — Alors, conduis-toi en conséquence ! Nul ici ne songe à te contester ton rang, Sissi… dès l’instant où tu feras en sorte de l’occuper pleinement. Une impératrice, ma chère petite, a malheureusement bien plus de devoirs et d’obligations que de droits. Je crains fort que nous n’ayons beaucoup de peine à te faire comprendre cela.
    Comble de malchance : alors que le printemps viennois est, en général, délicieux, celui-là fut affreux. Durant tout le mois de mai, il plut à plein temps, transformant le parc de Laxenbourg en marécage ou en prairie détrempée, et comme il s’agissait d’un palais d’été aux moyens de chauffage plutôt réduits, le séjour tourna bientôt à la catastrophe. Sissi prit froid, se mit à tousser, et François-Joseph n’affola.
    — Elle ne peut pas rester ici, déclara-t-il un soir à sa mère. Je ne supporte pas l’idée de la savoir seulement souffrante. Je vais l’envoyer à Ischl, où sa mère pourra venir la rejoindre.
    L’archiduchesse Sophie haussa les épaules.
    — Essaie toujours, mais cela m’étonnerait que tu y arrives. Ce n’est pas de Laxenbourg que Sissi refusera de se séparer, c’est de toi. Elle se plaint de ne pas te voir suffisamment. Et comme tu ne peux pas accompagner.
    — Que faire alors ?
    — Pourquoi pas ce voyage en Bohême et en Moravie que tu dois à tes sujets pour leur présenter leur nouvelle souveraine ? Cela lui changerait les idées… et à moi aussi ! Tu n’as pas l’air de t’en douter, mon cher Franz, mais Sissi est la personne du monde la plus difficile à surveiller.
    On partit le 9 juin par un temps radieux. Et ce fut vraiment un merveilleux voyage, plein de gaieté, de couleurs et de fêtes dans lesquelles le pittoresque des costumes jouait un grand rôle et enchantait la jeune impératrice, dont la beauté faisait d’ailleurs merveille et séduisait tous les cœurs.
    Pour la première fois, peut-être, Élisabeth trouva plaisir à son rôle de souveraine. Le peuple tchèque l’enchantait, et aussi cet encens d’adoration qu’elle sentait monter jusqu’à elle. Et puis, elle se trouvait continuellement avec son cher époux, loin de Sophie :
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