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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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un chacun, à la cour, savait bien que le cotillon serait décisif… tout le monde, sauf Sissi, qui s’obstinait à considérer sa sœur comme la future impératrice d’Autriche en dépit de la mine glaciale que lui opposait Hélène.
    Quand les deux sœurs parurent dans la grande salle, un murmure d’admiration courut dans l’assemblée, mais il s’adressait, hélas, beaucoup plus à Sissi qu’à Hélène, encore que la jeune fille dans une splendide robe de soie blanche, une guirlande de lierre dans ses cheveux bruns, fût vraiment très belle… Mais sa petite sœur, ennuagée de mousseline rose, une menue flèche de diamants dans les cheveux était irrésistible. Et quand vint le moment du cotillon, ce fut à elle que François-Joseph alla offrir le bouquet traditionnel en l’invitant à danser.
    Chacun sut que les jeux étaient faits et que l'on venait d’assister à la naissance d’une impératrice. Et il fallut à l’archiduchesse Sophie tout son empire sur elle-même pour ne pas montrer son mécontentement. Quant à Hélène, elle était allée cacher sa peine dans un salon voisin, un salon désert.
    Il n’y a, en effet, plus rien à ajouter : dès le lendemain, François-Joseph alla prier sa mère de demander pour lui la main de sa cousine Élisabeth, si toutefois elle voulait bien consentir à l’épouser.
    — Je vous supplie néanmoins, Madame, d’insister auprès de ma tante Ludovica afin qu’elle n’exerce aucune pression d’aucune sorte sur Sissi, car ma charge est si lourde que, Dieu m’en est témoin, ce n’est pas un plaisir de la partager avec moi. Je veux qu’on le lui dise !
    — Mais mon cher enfant, quelle idée de croire qu’une femme ne serait pas heureuse de te faciliter la tâche par son charme et sa gaieté ? Néanmoins, il sera fait selon ton désir.
    Et le soir même, la duchesse Ludovica, un peu inquiète tout de même et fort émue, faisait part à Sissi de la demande impériale, avec tous les ménagements possibles et en exécutant scrupuleusement le souhait de François-Joseph.
    — Ce mariage, tu le comprends bien, n’est possible, mon enfant, que si tu aimes Franz, si tu l’aimes assez pour accepter de partager avec lui une lourde couronne. L’aimes-tu ?
    — Comment pourrais-je ne pas l’aimer ? Mais quelle idée de penser à moi ? Je suis si jeune, si insignifiante ? Je ferai tout pour le rendre heureux… mais le pourrai-je ?… Bien sûr, je l’aime ! Mais si seulement il n’était pas empereur, je serais bien plus heureuse encore !
    Le dimanche suivant, à l’issue de la messe dans l’église d’Ischl, François-Joseph prit Sissi par la main, la conduisit vers l’évêque qui venait d’officier et, à très haute voix, il demanda :
    — Monseigneur, veuillez nous bénir ! Voici ma fiancée !
     
    On était le 23 avril 1854, veille du mariage et, à travers les vitres d’une fenêtre du palais de Schönbrunn, regardait les jardiniers occupés aux plantations de printemps quand elle vit entrer, titubant presque sous leur poids, la comtesse Esterhazy, qui allait être sa première dame d’honneur, chargée de deux volumineux bouquins qu’elle vint déposer sur une .
    — Pour l’amour de Dieu, comtesse, que m’apportez-vous là ?
    — Des choses de la dernière importance, Altesse. Ce premier ouvrage – et elle souleva un grand livre où il y avait plus de reliure que de texte – Votre Altesse aura seulement à le parcourir : c’est le cérémonial de mariage usité dans la Maison d’Autriche.
    Obéissante, la future impératrice y jeta un coup d’oeil, puis se mit à rire :
    — Grand Dieu ! Quelle complication ! Je vois là des « femmes sérénissimes et très sérénissimes », des « pages et des porteurs de traînes », des « dames du palais et des dames d’appartement… » Qu’est-ce donc que ces dames d’appartement ?
    — Ce sont celles qui, à la différence des dames ayant leurs grandes et leurs petites entrées, n’ont le droit de paraître dans les appartements qu’à certaines heures, et après y avoir été préalablement conviées.
    — Je ne vois pas bien qui pourrait avoir l’idée d’entrer ici sans y avoir été convié. Et cet autre livre ?
    — Celui-là est fort important. Votre Altesse devra non seulement le garder auprès d’elle ce soir, mais encore l’apprendre par cœur.
    — Par cœur ? s’écria Sissi, horrifiée. Mais il est énorme !
    — Pas vraiment et
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