Stefan Zweig

affaibli la sentence de portée générale qu’il n’avait pu s’empêcher de prononcer. La mort de Zweig pèse sur notre temps, précisément, parce qu’elle a été non celle d’un romantique exalté ou d’un aigri, mais d’un sage. De même un stoïcien s’ouvrait les veines dans sa baignoire, parce qu’il ne voyait pas plus éloquente façon de protester contre les crimes du mauvais empereur. »
     
    Les lecteurs de Stefan Zweig savent, les premiers, combien il a su, à travers la peinture de leurs tourments, leur parler de toutes leurs passions, sans les juger, avec une tendresse, une indulgence dignes de leur reconnaissance. Plein d’une compassion fraternelle, avec ce sourire qui, quand il écrit, est chez lui la marque du tact et de l’amitié, il reste malgré ses souffrances, malgré son pessimisme, un formidable consolateur. Ce suicidé, peintre des sombres instincts, a été – toute sa vie le prouve – le compagnon de route le plus fidèle et le plus sûr de ses contemporains, capable de comprendre, capable de pardonner, ou comme le dit si bien Friderike Zweig, « un homme qui aima profondément ses semblables ».
     
    L’un de ses plus vieux amis, le peintre Franz Masereel, écrira après sa mort : « Son œuvre nous reste, et on y trouve, en dépit de tout, des raisons d’aimer la vie. » Les amis de Stefan Zweig, ses lecteurs d’Autriche, du Brésil, de France et d’ailleurs, aimeraient voir graver sur sa tombe cette juste épitaphe.
     
    5 Les Magiciens. Une autre histoire de la famille Mann , de Marianne Krüll, Seuil, 1995.
     
    6 Il note dans son journal, en mai 1949 : « Choc terrible... Intérieurement, compassion pour le cœur maternel et pour Erika. Il n’aurait pas dû leur faire ce coup... Tout cela est blessant, laid, cruel, et témoigne de son manque d’égards et de sens des responsabilités... Me suis couché vers 2 heures, complètement épuisé. »
     

ŒUVRES DE STEFAN ZWEIG 1
     
    1901  Les Cordes d’argent , poèmes.
     
    1904  L’Amour d’Erika Ewald , nouvelles.
     
    1906  Couronnes précoces , poèmes.
     
    1907  Thersite , théâtre.
     
    1910  Emile Verhaeren , essai biographique.
     
    1911  Première expérience , nouvelles (dont Brûlant secret ).
     
    1912  La Maison au bord de la mer , théâtre.
     
    1917  Jérémie , théâtre.
     
    1920  Trois Maîtres (essais sur Balzac, Dickens, Dostoïevski).
     
    1920  La Peur , nouvelle (publiée ensuite dans un recueil avec notamment Le Bouquiniste Mendel et La Collection invisible ).
     
    1922  Amok , nouvelles (avec Lettre d’une inconnue ).
     
    1925  Le Combat avec le démon (essais sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche).
     
    1927-28  Trois poètes de leur vie (essais sur Stendhal, Casanova et Tolstoï).
     
    1927  Volpone , théâtre.
     
    1927  Les Heures étoilées de l’humanité .
     
    1927  La Confusion des sentiments , nouvelles (avec Vingt-quatre heures de la vie d’une femme et Destruction d’un cœur ).
     
    1928  Joseph Fouché , biographie.
     
    1931  La Guérison par l’esprit (essais sur Freud, Mesmer, Mary Bake-Eddy).
     
    1931  Légendes , nouvelles (dont Rachel contre Dieu ).
     
    1932  Marie-Antoinette , biographie.
     
    1934  Erasme , biographie.
     
    1935  Marie Stuart , biographie.
     
    1936  Castellion contre Calvin , biographie.
     
    1937  Le Chandelier enterré , nouvelle.
     
    1938  La Pitié dangereuse , roman.
     
    1938  Magellan , biographie.
     
    1940  Amerigo , biographie.
     
    1941  Brésil, terre d’avenir , essai.
     
    Parutions posthumes : Le Joueur d’échecs , nouvelle.
     
    Le Monde d’hier , autobiographie.
     
    Balzac , biographie inachevée.
     
    Montaigne , esquisse d’une biographie.
     
    Ivresse de la métamorphose , roman inachevé.
     
    Clarissa , roman inachevé.
     
    Correspondance 1897-1919
     
    Correspondance 1920-1931
     
    Correspondance 1932-1942
     
    Le Voyage dans le passé
     
    Un soupçon légitime
     
    Les Grandes Vies
     
    1 La date indiquée est celle de la première édition en langue allemande. La liste ne comporte ni les traductions, ni les conférences, ni les articles, ni la correspondance de Stefan Zweig. Pour une bibliographie exhaustive, se reporter à l’édition anglaise du Zweig de Donald Prater, European of yesterday , Oxford, 1972, ou à l’étude de R. J. Klawiter, Ariadne Press, Riverside, California, 1991.