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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig
Autoren: Dominique Bona
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surpris de le voir sortir de son abrutissement et gagner sans aucun effort, quasi d’instinct, une partie. Face à un échiquier, Czentovic, si fruste et presque idiot, devient génial. Sur le grand paquebot à bord duquel il a quitté New York pour gagner Buenos Aires, afin d’y disputer un nouveau tournoi, son prestige a fait le tour des tables, la curiosité des passagers de première classe avec lesquels il partage cette croisière luxe est aiguisée. Parmi eux, Américains et Européens mêlés, on compte de nombreux exilés, qui ont dû quitter l’Europe en catastrophe, devant Hitler.
     
    Un tournoi d’amateurs, parmi lesquels le narrateur, s’organise pour défier le champion. Celui-ci gagne la première partie. Mais dès la seconde, il est mis échec et mat, à cause de l’intervention d’un personnage demeuré dans l’ombre, un certain docteur B. Emprisonné et torturé par les nazis, cet Autrichien doit sa survie à un manuel d’échecs qui lui a tenu compagnie dans la solitude et lui a permis, en exerçant son esprit, de ne pas sombrer dans le désespoir. Capable d’imaginer d’avance un nombre incalculable de figures et de jouer à l’infini avec une dextérité prodigieuse – dans sa prison, il s’est exercé des mois –, cet amateur génial, infiniment plus fort que Czentovic, pourrait l’écraser.
     
    L’occasion lui en est donnée. Mais traumatisé par son expérience et les supplices qu’il a dû endurer, l’enfermement, l’isolement et la peur, devenu paranoïaque, il doit abandonner le cercle des joueurs pour ne pas succomber à la folie. Sans un mot d’explication – il est un homme du secret –, il laisse Czentovic, interloqué et vaguement inquiet, gagner la revanche. Il laisse aussi tous les spectateurs frustrés de sa victoire. Ils avaient évidemment parié sur ce mystérieux personnage. « J’étais seul à savoir pourquoi cet homme ne toucherait plus jamais à un échiquier », écrit Zweig in fine . Le docteur B. n’a livré son secret, comme le médecin d’ Amok , qu’à ce narrateur assez tolérant et mystérieux pour lui inspirer confiance.
     
    Exceptionnellement ancrée dans l’histoire contemporaine, cette nouvelle est encore une fois prémonitoire. L’auteur y plaide, à travers ce face-à-face entre deux cerveaux, contre les procédés de déshumanisation nazis, les tortures et la volonté de détruire. Avant même que l’on ne connaisse, jusque dans leurs pires détails, les camps de concentration et leurs atrocités, Zweig écrit pour protester, au nom de l’humain.
     
    Publiée à titre posthume, en allemand, à Stockholm en 1943, puis en français, chez Delachaux et Niestlé, traduite par Jacqueline Des Gouttes en 1944, elle est un des sommets d’une œuvre qui compte bien des points forts. La postérité, souvent ingrate, aura pour elle un penchant particulier : Die Schachnovelle ( Le Joueur d’échecs ), aujourd’hui encore, est de par le monde l’un des plus grands, des plus durables succès de Zweig.
     

    Carnaval de la douleur
     
    Le Brésil va-t-il, lui aussi, entrer dans le conflit mondial ? D’abord flirtant avec les puissances de l’Axe, Getulio Vargas émule de Mussolini, s’en éloigne bientôt. Depuis que les Américains du Nord se sont engagés et que leurs croiseurs patrouillent au large des côtes sud-américaines, le gouvernement brésilien a changé de cap. Dès fin janvier, les ports en état d’alerte, les troupes mobilisées, on parle de rupture imminente des relations diplomatiques avec l’Allemagne et avec l’Italie. Un décret stipule qu’il est interdit de parler dans les rues italien et allemand, ou de porter avec soi des documents ou des livres écrits dans ces langues. La déclaration officielle ne peut tarder.
     
    Ironie du sort : à cette inquiétude et à ces périls nouveaux, répond le temps du carnaval. Février, à Rio de Janeiro, est le mois de la fête, du délire et de l’ivresse, de la joie au rythme des orchestres de samba. Les Cariocas – les habitants de Rio – s’y préparent tout au long de l’année et la semaine du mardi gras, avec son incontournable folklore, est supposée libérer les forces vives du pays, purifier les gens de leurs hantises, de leurs malédictions. Pendant une semaine, de Salvador de Bahia jusqu’au moindre village, on oublie tout, pour danser, pour rire et pour aimer. Le bonheur est le seul programme, sous un ciel bleu estival. A Rio, dans les rues qui
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