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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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Ranulf, ne provoquât la colère de leurs compagnons par quelque offense.
    Quand ils étaient seuls, ils appréciaient cette randonnée à travers buis, genévriers, chênes et hêtres. Parfois les bois étaient si touffus que les branches ravivées par le printemps formaient une voûte inextricable que ne pouvaient percer les pâles rayons du soleil. Tout cela imposait le silence à Ranulf, qu’effrayaient les forêts et l’obscurité inquiétante derrière les arbres, si différente de celle des rues et venelles de la capitale.
    Corbett, lui, se sentait à l’aise, car cette nature lui rappelait les forêts sombres et profondes de l’ouest du Sussex, et celles, encore plus dangereuses, du Shropshire et des marches du pays de Galles. Parfois, traversant ou longeant les vallées souriantes et fertiles des Cotswolds, ils passaient par des villages entourés de leur mosaïque de champs. Les chaumières des vilains, de simples bâtiments tout en longueur avec un grenier à l’étage et une cuisine ou une resserre à l’arrière, étaient quelquefois dominées par le manoir carré et fortifié du seigneur ou du bailli.
    Corbett n’y prêtait guère attention, mais Ranulf s’étonnait des dimensions et de l’exposition de ces demeures, qu’il comparait à haute voix aux taudis infestés de rats de la capitale. En toute autre circonstance, Corbett l’aurait réprimandé et lui aurait fait presser le pas, mais il s’aperçut que l’enthousiasme évident de l’adolescent devant les nouveautés qui l’entouraient lui permettait d’oublier un peu son anxiété à propos d’Alice.
    Se rendant compte que Ranulf ne connaissait rien aux travaux des champs, il lui montra le pré communal où paissait le bétail des villageois et les troupeaux de cochons fouissant près des taillis et des forêts. Il s’arrêta même une fois pour lui expliquer l’utilisation d’une lourde charrue à deux roues, tirée par des boeufs et guidée par un bouvier attentif à ce que le coutre à épaisse lame pénètre droit et profondément dans la terre. Derrière lui, le laboureur prenait des semences dans un gros sac pendu à son cou et les lançait dans le sillon juste tracé, tandis que des gamins, du tir adroit de leurs frondes, décourageaient les corbeaux voraces qui piquaient droit sur les sillons. Corbett vit que Ranulf comprenait à peine de quoi il parlait, mais il fut ému par l’intensité de la curiosité enfantine de son compagnon.
    Enfin, le relief se fît plus plat et ils longèrent la rivière à l’approche d’Oxford. Corbett dut patiemment expliquer à Ranulf que Londres n’était pas la seule grande ville du royaume, ce que Ranulf comprit vite en approchant des portes de la cité et en pénétrant dans la ville elle-même après en avoir contourné l’imposante forteresse. Cela faisait des années que Corbett avait quitté Oxford, mais peu de choses semblaient avoir changé : il y avait toujours autant de clercs, d’étudiants, d’administrateurs corpulents, d’érudits professeurs, de docteurs en théologie, philosophie, logique et Écritures saintes.
    Corbett décida de loger à New Hall et obtint, sans trop de difficultés, une simple cellule aux murs chaulés pour lui-même et Ranulf, ainsi qu’un abri pour leurs chevaux à une auberge proche. À la grande surprise de Ranulf, Corbett demanda immédiatement à la buanderie de New Hall qu’on lui monte un baquet d’eau chaude ; il se déshabilla et s’y plongea pour se débarrasser de la crasse due à son séjour à la Tour et au voyage jusqu’à Oxford. Il insista ensuite pour que Ranulf en fît autant, et lorsque ce dernier eut fini, l’eau était d’un noir d’encre. Sur l’ordre de Corbett, le baquet fut vidé et à nouveau rempli ; puis Corbett y remit le malheureux Ranulf qui, enveloppé dans une cape, était resté debout à trembler, et lui ordonna de se laver et de nettoyer les vêtements qu’il lui lança avant de sortir pour se rendre à la bibliothèque de New Hall.
    Un peu plus tard, il y fut rejoint par un Ranulf décrotté et bien propre. Désireux d’adoucir l’humiliation et la colère évidentes du jeune homme pour son bain forcé, Corbett lui fit visiter la bibliothèque en lui montrant les recoins réservés à la lecture et la centaine de livres précieux dont elle s’enorgueillissait. Chacun d’eux, à la superbe reliure de vélin, était attaché par une chaîne cadenassée. Corbett en expliqua la valeur et les
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