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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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l’agacement :
    — Le roi vous attend ! bégaya-t-il. Veuillez me suivre !
    Faisant demi-tour, il s’éloigna en se dandinant, suivi de près par Corbett et Ranulf.
    Corbett était éberlué, car, connaissant les coutumes de la cour et de la Maison du roi, il s’était attendu à devoir patienter pendant des journées entières. Boudon les précéda dans un dédale d’étroits passages : ils gravirent un escalier, traversèrent une laiterie, des cuisines et une petite chapelle et débouchèrent, par un autre escalier, dans la grand-salle du manoir, longue et vaste, surmontée d’une charpente dont les hautes voûtes s’élançaient au-dessus de leurs têtes. Cette salle était à nulle autre pareille, de par son carrelage rouge vernissé et sa grande baie trilobée, baignée par le soleil printanier qui tombait sur une belle table en chêne trônant sur une estrade au fond de la pièce. Ranulf regardait tout cela bouche bée, et Corbett lui-même était impressionné par le luxe du grand hall. Aux murs pendaient des tentures de velours et de laine tandis que des tapis coûteux, richement ouvragés, recouvraient le sol. Coins et niches abritaient des buffets et des bahuts aux portes superbement décorées de fer forgé. Des bûches se consumaient en crépitant dans la grande cheminée, sur la paroi de gauche, tandis qu’assis sur des chaises délicatement sculptées, un homme et une femme, enveloppés de fourrures, se penchaient sur un échiquier posé sur la table qui les séparait.
    Boudon chuchota à Corbett et à Ranulf de rester où ils étaient avant de traverser lentement la salle. Tête respectueusement baissée, il murmura à l’oreille de l’homme assis et, son corps grassouillet à moitié tourné, il lui désigna Corbett et Ranulf. L’homme déplaça un pion et, regardant franchement Corbett, l’interpella :
    — Approchez, Messire ! Il fait froid et je n’ai pas l’intention de bouger de cette chaise. Boudon, continua-t-il à l’adresse du petit majordome replet, apportez du vin épicé.
    Corbett et Ranulf s’avancèrent et mirent genou à terre, Ranulf ne s’y résolvant que sur la soudaine insistance de Corbett qui avait reconnu la voix dure et impérieuse du roi, entendue pour la dernière fois, bien des années auparavant, dans une vallée perdue balayée par la neige. Corbett présenta Ranulf et lui-même.
    — Oui, oui, Messire !
    On discernait quelque impatience dans la voix du roi :
    — Nous savons bien qui vous êtes !
    Il frappa dans ses mains et des serviteurs apparurent de nulle part, apportant des tabourets sur lesquels Corbett et Ranulf furent priés de s’asseoir.
    Corbett s’exécuta, se sentant vaguement ridicule, car les sièges bas le forçaient à lever la tête, tout en s’appliquant à écarter le museau baveux et le nez humide d’un grand lévrier curieux qui ne s’éloigna nonchalamment qu’après avoir reçu un coup de pied royal.
    Le souverain était simplement vêtu d’une cotte bleue qui descendait jusqu’à des bottes en cuir noir, et il portait sur cette cotte un surcot à chaperon dont le col et les longues manches étaient richement bordés d’hermine. Les seuls signes distinctifs de son rang étaient un mince cercle d’or autour du front et de lourds bracelets d’or aux poignets. Le roi scruta Corbett et celui-ci le regarda également, notant les mèches grises dans les cheveux blond pâle et la barbe courte qui encadrait les lèvres fines du souverain.
    Édouard avait vieilli depuis le pays de Galles ; pourtant son regard était toujours aussi frappant et son grand nez charnu le faisait toujours ressembler à un de ses orgueilleux faucons de chasse. Édouard observa encore Corbett avant de se pencher avec un sourire et de lui taper sur l’épaule :
    — Je me souviens de vous, Messire Corbett, du temps où nous étions en pays de Galles. Il semble que nous vous soyons, une fois encore, redevables de nous avoir sauvé la vie. J’ai lu les lettres du chancelier.
    Il s’interrompit pour s’éclaircir la gorge :
    — Remarquable travail de déduction ! Le roi se retourna vers sa compagne qui lui posait une question, d’une voix nasillarde qui donnait une curieuse résonance à son français normand. Édouard lui répondit doucement et la présenta à Corbett qui s’inclina devant la reine, la bien-aimée Aliénor de Castille.
    Aliénor était une beauté espagnole, une brune au teint mat et aux traits délicats et
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