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Sarah

Sarah

Titel: Sarah
Autoren: Halter,Marek
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l’on se brise les
membres dans les crevasses qu’elles dissimulent.
    Après avoir constaté qu’Isaac était aussi
beau et fort qu’on le disait, la voix pleine de dépit, il m’annonça :
    — Ton neveu Loth se comporte très mal
à Sodome. Il ne respecte pas Yhwh. Il se saoule continûment, couche avec qui
bon lui semble, jeune ou vieux, femme ou garçon. On dit qu’il va même avec ses
filles.
    Je lui ai demandé :
    — « On dit…» Toi, tu l’as vu
faire ? Tu as tenu la chandelle sous sa tente ?
    Il a ri, fielleux :
    — On le dit et je crois ceux qui le
disent. Que je le voie, moi, cela n’a pas d’importance. Le Dieu Très-Haut, Lui,
le voit faire. Il va se fâcher, tu peux en être certaine.
    J’ai répondu :
    — Abraham aime Loth, ne t’en déplaise,
Éliézer. Il ne l’abandonnera pas. S’il le faut, il disputera la vie de Loth à
Yhwh.
    C’est exactement ce qui est arrivé. Yhwh a
détruit Sodome, mais Abraham l’a supplié d’épargner Loth. Il a dit à
Yhwh : « Loin de toi de faire mourir le juste avec le
méchant ! » Et le Dieu Très-Haut l’a entendu. Éliézer n’en était pas
content. Je ne l’ai plus jamais revu. Bon débarras. En voilà un que l’on va
oublier pour toujours.
    Quant à Loth, une fois qu’Abraham eut
acquis la bonté de Yhwh pour lui, il m’a envoyé un veau et des parfums, me
faisant dire par son serviteur que mon bonheur faisait son bonheur et qu’il
s’en allait vivre avec les siens dans le désert du Néguev.
    Pauvre Loth ! Je l’ai aimé moins qu’il
ne le voulait et plus qu’il ne le fallait. Je l’ai mal aimé, et ma beauté trop
prodigieuse en a fait sa victime. Il est une ombre dans ma vie. Comme Hagar.
    Après la naissance d’Isaac, elle est venue
me voir avec Ismaël. Une fois, deux fois, puis de plus en plus souvent. Nous
n’avions guère de choses à nous dire. Elle guettait les rires d’Ismaël tandis
que je surveillais la brusquerie de son fils, craignant toujours un peu pour
Isaac. Jusqu’au jour où elle s’est exclamée :
    — Regarde comme mon fils est caressant
avec le tien. Ils vont être heureux ensemble, ces deux frères !
    — Je ne crois pas, ai-je répondu.
    — Que veux-tu dire ?
    — Il vaut mieux que tu t’éloignes. Tu
n’es plus ma servante et Isaac n’a pas besoin d’un frère. Ton fils est grand.
Désormais, vous pouvez marcher et trouver une place qui soit tout à vous.
    — Mais pourquoi ? Sarah, je t’ai
aimée plus qu’une maîtresse. Comme une sœur…
    Je l’ai interrompue d’un geste.
    — Non, Hagar. Ma jalousie n’est pas
morte, elle est seulement de côté. Ma volonté qu’Isaac soit l’unique héritier
d’Abraham n’est pas morte non plus. Sois raisonnable. Nous ne nous aimons plus.
Nos fils ne s’aimeront pas car ils sentiront la suspicion entre leurs mères. Je
peux te dire : « Pars ! », car c’est en mon pouvoir. Et je
te le dis.
    J’ai résisté à ses larmes et à ses
supplications. Aujourd’hui, il en est encore qui m’en veulent pour cela.
    Ai-je eu tort ? Comment savoir ?
J’étais orgueilleuse de mon bonheur et ne voulais aucune ombre sur mon rire.
    Mais Yhwh s’est chargé de le transformer en
cri pour m’apprendre plus de modestie.
    Cela est arrivé un matin où le ciel était
bas sans qu’il pleuve pour autant. Je cherchais Isaac et ne le trouvais pas. Je
suis descendue vers la tente d’Abraham et les ai vus tous les deux, chargeant
les bâts d’un âne avec du bois. Abraham avait sa mine grave. Il me semblait
même pâle, le teint laiteux sous sa peau brune. Isaac était comme d’ordinaire,
aimable et insouciant. Sauf qu’il était vêtu d’une tunique neuve que je ne me
souvenais pas de lui avoir donnée le matin.
    Intriguée, je les ai observés sans
m’approcher. Abraham s’est assis sur le dos de l’âne et a pris Isaac dans ses
bras. D’un coup de talon il a poussé la bourrique au petit trot sur le chemin
de Moriyyah.
    Je les ai d’abord regardés s’éloigner. Puis
j’ai senti toutes mes chairs se serrer.
    Un pressentiment m’a serré la gorge. Mon
cœur et mes doigts se sont glacés. Je n’imaginais rien, mais je savais qu’il ne
fallait pas que je m’éloigne d’Isaac. Alors j’ai couru derrière eux. Couru
aussi vite que mes vieilles jambes et mon souffle me le permettaient. Cette
fois, je regrettais mon âge.
    Tout en courant, je songeais qu’Abraham
avait l’habitude de faire des offrandes à Yhwh sur le
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