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Sachso

Sachso

Titel: Sachso
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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rapportant sous les bras de magnifiques betteraves. Ils nous disent qu’un peu plus loin, vers notre droite, il y a un silo ouvert avec des betteraves pour tous…
    « 25 avril : quand je me réveille, j’apprends que trois détenus, un Russe, un Polonais et un Français d’Angoulême, Pierre Dindinaud, ont été abattus hier soir par une patrouille allemande alors qu’ils se trouvaient à l’extérieur du camp… Il devient de plus en plus dangereux de circuler entre les blocks, des éclats tombent un peu partout, et la mort de nos infortunés camarades a freiné un peu l’ardeur générale. Le comité international diffuse des consignes appelant au calme et à la discipline…
    « 26 avril : je voudrais un peu d’eau pour me laver mais rien à faire pour en trouver. Soudain me parviennent des hurlements de joie du côté du block 4. Je fonce. Un groupe de camarades entoure deux soldats soviétiques, de type mongol, qui accompagnent un tout jeune officier vêtu d’une grande pèlerine.
    « Les deux soldats tiennent chacun dans leurs bras, comme s’il s’agissait d’un bébé, une mitraillette. Je remarque également que l’un d’eux a le manche d’un poignard qui sort du haut de sa botte droite.
    « Il m’est difficile de les approcher. Je me trouve à quelques mètres d’eux, et soudain je suis pris à nouveau d’un tremblement nerveux. J’ai une boule dans la gorge et je crois que, si je pleurais, ça irait mieux… Cette fois, c’est vrai, oui c’est certain, nous sommes libres… »
    Les détenus de Falkensee reçoivent immédiatement des Soviétiques l’ordre d’évacuer le camp. Le gros des Français, près de trois cent cinquante, se regroupe au camp de P. G. d’Hennigsdorf. Le 1 er  juin, ils sont rapatriés par Magdebourg. Ils franchissent l’Elbe sur deux ponts derrière Camille Rault, qui ouvre la marche avec un drapeau tricolore. Avant d’entrer dans la zone américaine, tous en chœur chantent la « Marseillaise »…
    Une vingtaine d’autres, le 26 avril, sont restés dans la région de Falkensee, avec les combattants soviétiques, pour s’occuper des déportés malades et invalides qui n’ont pu suivre les évacués. Dans ce groupe, avec des responsables de la Résistance intérieure comme Pierre Clédat et Georges Boivent, il y a notamment une équipe de Figeacois, avec Albert Lafarguette qui a réquisitionné une roulante abandonnée par les Allemands et sert enfin une soupe « à la française ». Leur mission accomplie, ils sont aux premières loges le 2 mai lorsque la garnison S. S. de Spandau tente une sortie, puis, en direction de l’ouest, ils gagnent Fischbeck, sur la rive droite de l’Elbe. C’est une petite ville dont les Soviétiques ont confié l’administration aux Français qu’ils y ont rassemblés : environ deux mille, en majorité des P. G. Les déportés de Falkensee y retrouvent des femmes détenues de Sachsenhausen et d’autres concentrationnaires, en tout cent soixante-quinze « politiques » qui, le dimanche 20 mai 1945, à l’initiative de Pierre Clédat et de ses camarades, publient le premier numéro d’un journal ronéotypé, le Triangle rouge.
    Dans un « Appel à tous les rayés », on y lit : « À nouveau nous sommes devenus des hommes libres, pouvant parler, exprimer librement leurs pensées. Dès maintenant nous sentons tous combien l’union sera désirable et nécessaire en France, dans le cadre de nos futures Amicales ou sections de déportés politiques, mais pourquoi le premier lien ne serait-il pas noué ici-même, en terre allemande, où nous avons tant souffert ? C’est pourquoi la création de notre petit journal est comme le premier pas vers le groupement ultérieur. De plus, il nous permettra de rallier les isolés et surtout de mieux connaître et défendre nos intérêts. Il fera savoir à nos alliés et amis russes combien nous leur avons de gratitude. »
    Le Triangle rouge, peut-être le seul journal de son genre, n’a qu’un second numéro, une semaine après. Avant le troisième, ses rédacteurs, imprimeurs et lecteurs franchissent le fleuve pour le grand retour.
    Le 7 juin, Maurice Caminade et d’autres déportés d’Oranienburg traversent l’Elbe à leur tour et arrivent à Magdebourg. Eux non plus n’ont pas participé à « la marche de la mort ». Ils ne sont pas partis le samedi 21 avril avec les colonnes d’évacuation de Sachsenhausen. Ils sont restés avec les
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