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Sachso

Sachso

Titel: Sachso
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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régulièrement les blessés et malades en priorité.
    « Mais, à Lunebourg même, un problème particulier me tient à cœur : celui des déportés républicains espagnols bloqués là par les autorités américaines, qui avaient déjà refusé à Schwerin qu’ils partent avec leurs camarades français de Sachsenhausen. On leur conteste le droit de rentrer en France, sous prétexte que leur statut n’est pas encore fixé. On voudrait les interner dans les camps de personnes déplacées, alors constitués pour les immigrés polonais, hongrois, tchèques, etc.
    « Je les vois, les assure de la solidarité de leurs camarades français. Je leur renouvelle l’engagement de ne pas les abandonner, engagement que nous leur avions déjà donné à Schwerin. Ils ne reçoivent pas de colis de la Croix-Rouge, j’interviens pour qu’ils en aient aussitôt. Puis c’est le moment d’agir. Après une navette de plusieurs jours, les avions ont ramené en France presque tout le contingent de grands malades. Leur mission terminée, ils ne reviendront plus. Il faut donc profiter du dernier voyage… pour qu’il soit l’avant-dernier et serve au retour des Espagnols. Car faire rentrer nos camarades par la route ou le rail serait aller au-devant des contrôles et des barrages américains, au-devant de l’échec…
    « Tous ceux que je contacte sont d’accord. Avec le feu vert du commandant-adjoint de la mission française, les derniers malades acceptent de céder leur tour aux Espagnols, et les aviateurs acceptent de faire un voyage supplémentaire pour revenir aussitôt les chercher. Sur les six avions qui s’envolent pour Le Bourget en cette journée du 10 juin 1945, plusieurs sont donc occupés par nos amis espagnols, qui retrouvent la terre de France où ils avaient continué leur combat contre le fascisme. Il y a certes quelques grincements de dents dans certains bureaux quand on apprend l’affaire. Mais il est trop tard, elle a réussi. »
    Au Bourget, pendant que les DC 6 refont le plein pour leur ultime voyage à Lunebourg où Roger Guérin est resté, José Carabasa savoure l’accueil parisien avec ses camarades espagnols : « Reçus à notre descente d’avion par les autorités responsables du centre d’accueil du Bourget, nous sommes gâtés à tous égards : soins, nourriture, boisson… Et cela continue durant le trajet en autocar qui nous conduit à l’hôtel Lutétia… Nous sommes obligés de nous arrêter souvent, car sur les trottoirs il y a des buffets destinés aux rescapés des camps nazis… Oui, nous sommes heureux, mais notre plus grande joie est bien de connaître la défaite de Hitler et nous songeons à celle de Franco… »
     
     
À SACHSO, LA CLOCHE DE LA LIBERTÉ
    Dans le désordre de la bataille de Berlin, les détenus du kommando de Falkensee n’ont pas suivi le 21 avril les colonnes de déportés d’Oranienburg-Sachsenhausen jetés sur la route de l’exode. Ils restent dans leur petit camp, où la nuit augmente encore la nervosité générale. Il n’y a plus d’électricité. Les projecteurs des miradors sont aveugles et le courant ne circule même pas dans les barbelés de l’enceinte. Aussi, à l’aube du dimanche 22 avril, beaucoup s’interrogent, comme Jean Mélai : « C’est aberrant. Ce matin, malgré le manque d’électricité et l’état de la situation, il y a appel et formation des équipes pour le travail à l’usine. Pourtant, celle-ci étant complètement paralysée, tous les camarades rentrent au camp en début d’après-midi… »
    L’évacuation annoncée pour le lundi 23 est reportée au 24. Mais, quand le 24 arrive, chacun sent qu’il est trop tard. Les combats font rage à quelques kilomètres. Les sentinelles abandonnent leurs postes autour du camp. En fin d’après-midi, des brèches sont ouvertes dans les barbelés et des prisonniers commencent à se glisser dehors.
    Dans la pénombre du soir, Jean Mélai, suivi de son camarade Nicolas, sort du camp, plié en deux, presque en rampant : « Subitement je réalise qu’après plus de trente-deux mois je fais mes premiers pas dehors, tout seul, sans un canon de fusil braqué dans mon dos. Je respire à fond, je ferme les yeux et, je ne sais pourquoi, je tremble. Ce doit être l’émotion, alors que Nicolas ne cesse de répéter : “Bon Dieu, c’est pas vrai… Merde alors… Merde alors… Ah ! les vaches… Ah ! les vaches”…
    « Quelques camarades rentrent déjà,
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