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Sachso

Sachso

Titel: Sachso
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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quelque trois mille détenus sur lesquels, à 23 heures, s’est refermée la grille d’entrée du grand camp. Trois mille détenus dont beaucoup de femmes de Ravensbruck isolées dans des blocks de quarantaine et quinze cents malades du Revier, que les docteurs français Émile-Louis Coudert et Marcel Leboucher, suivis par les docteurs belges Delaunnois et Jean Sommerhausen et leurs camarades hollandais Justus Koch et Franz Bischoff, ont refusé d’abandonner malgré les menaces ou les conseils des S. S.
    Le chirurgien S. S. Anton Gaberle, qui a toujours protégé Émile-Louis Coudert en tant que chirurgien dont il reconnaissait la supériorité, intervient à deux reprises auprès de lui, ce 21 avril, pour qu’il quitte son service. Il sait pertinemment qu’un groupe de quarante S. S., sous les ordres de l ’Untersturmführer Rehn, doit faire sauter les infirmeries avec les malades au dernier moment. Mais la décision d’Émile-Louis Coudert est inflexible, tout comme celle du docteur Leboucher.
    En fin de soirée, la dernière colonne partie, les deux médecins et leurs collègues belges et hollandais passent dans les cinq baraques du Revier rassurer les malades. Ils ne savent pas que les dynamiteurs de Rehn fuiront comme les autres S. S. Mais ils font comme s’ils le croyaient, et les faits leur donnent raison. Au matin du dimanche 22 avril, le camp se réveille sans un seul gardien, ni dans les miradors ni à la tour d’entrée…
    Les canons des mitrailleuses des tours de guet, pointés vers le ciel, impressionnent Roland de Poucques quand il se traîne hors de son block habituel. Il ne sait pas trop comment il est dans ce camp désert au lieu d’être sur la route de l’évacuation : « Ce qui m’a sauvé est mon triste état de santé. Nous étions huit dans mon block, intransportables. Dans la cohue désordonnée du samedi on nous a oubliés. Un S. S. est bien passé le soir, mais personne n’a bougé et, comme il n’y avait pas de lumière, il n’a rien vu… »
    Le danger n’est pourtant pas écarté. La bataille se développe aux alentours avec des mitraillages intenses et des accalmies inexpliquées. C’est dans un de ces moments de silence que retentit soudain la cloche du camp, pour saluer l’entrée des premiers soldats soviétiques du colonel Chtchitov. À l’appel de la cloche autrefois maudite et qui sonne maintenant l’heure de la liberté ; c’est la ruée vers la grande grille.
    Le docteur Leboucher sort du Revier et voit des malades embrasser un jeune soldat russe qui rougit et sourit : « Au début, c’est à peine si on entend pousser quelques cris de joie. La plupart de nous crispent leurs mâchoires pour ne pas laisser éclater des sanglots. Les larmes coulent sur toutes les joues. Nous nous laissons embrasser par nos malades, par des compagnons que nous ignorions il y a un moment. Un détenu se trouve mal dans mes bras, il faut l’étendre à terre… »
    Jacques Kitaevitch, abandonnant son grabat, a la tête qui tourne devant l’animation bruyante qui s’empare de la place d’appel : « Affecté chez Heinkel, j’avais été hospitalisé le 17 avril 1945 au Revier de ce kommando. Le 21, alors que mes camarades prenaient la route de l’exode, j’avais été hissé sur la plate-forme d’un des camions qui ramenaient les malades au Revier du grand camp.
    « Maintenant, en cette fin d’après-midi du dimanche 22 avril, tous les regards se braquent sur la grande porte du camp. Je vois un soldat russe pousser la grille. Il a le visage noirci, sale. Il tient sa mitraillette le canon incliné.
    « Un bruit énorme s’élève, des cris d’enthousiasme ! Tous ceux qui le peuvent se précipitent vers lui. Pour se dégager, il tire une rafale de mitraillette en l’air. Un détail qui me frappe : en signe de remerciement, on lui a enfoncé une demi-douzaine de cigarettes dans la bouche.
    « Dans l’accoutrement hétéroclite qui est le nôtre, on se congratule les uns les autres. Si j’ai bien ma veste rayée au matricule 64 771, ma coiffure est un calot de l’armée hongroise. Cela trompe une prisonnière hongroise qui m’interroge. Je remarque une montre à son poignet. Je lui lève le bras pour lire l’heure : il est 17 h 10.
    « Je retourne me coucher, en prenant mes aises, cette fois. Je rembourre ma litière avec des housses à carreaux bleus et blancs et m’enfouis sous cinq couvertures. Je ne me réveille le lendemain que vers
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