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Sachso

Sachso

Titel: Sachso
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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rassemblés par le jeune déporté Fernand Chatel, admirable résistant en Normandie qui a été horriblement torturé dans les caves du palais de justice de Rouen avant d’être jeté dans les geôles nazies. Fernand Chatel m’honorait de son amitié, et je n’oublierai jamais le moment de juin 1981 où avec Charles Désirat, Président de l’Amicale française et du Comité international du camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen, René Bourdon et Bernard Méry, il m’apporta ce manuscrit écrit pour Terre Humaine.
    À Oranienburg-Sachsenhausen étaient parqués aussi bien des Allemands résistants que des Tchèques, des Français, des Anglais, des Arabes, et tant d’autres de vingt nations suivis d’innombrables Russes prisonniers de guerre.
    Sachso est une leçon pour tout lecteur : jamais au grand jamais un homme ne doit renoncer à son honneur. Les trois cents mineurs français du Pas-de-Calais, déportés après une grève en mai 1941, ont résisté, mais le coût de ce refus de travailler pour la machine de guerre allemande a été terrible. Partis trois cents à Sachsenhausen, seulement trente-sept sont revenus.
    Les déportés de Sachso ont appris qu’un homme ne sait qui il est qu’au terme de telles épreuves. Devant ces bêtes vociférantes qu’étaient les SS, chaque détenu ignorait en vérité comment il se comporterait à la fin des fins. Celui-ci, courageux jusqu’alors, pouvait succomber à la peur finale, sa faiblesse risquant de le faire devenir complice de ces affreux Kappo. Mais « l’esprit Sachso » était là pour soutenir les camarades dans le péril et les aider à garder la tête haute. Le déporté, qu’il soit ouvrier, intellectuel, officier, industriel, paysan ou comptable, savait qu’après l’épreuve de la schlague ou de la course de la mort, une brique sur la tête, le collectif était prêt à l’aider et surtout s’il était condamné à la pire des épreuves : la suppression totale de nourriture.
    Sachso est une leçon admirable de courage dans cette descente aux enfers. Faut-il rappeler le froid que ces malheureux affrontaient affamés, les mains nues, sans habits chauds, en « zébra », ce costume de bagnard rayé bleu et de toile synthétique grise. Les déportés de tous milieux, crâne rasé, défigurés pour certains par les coups, se sont grandis jour après jour dans la fraternité vivante d’une société singulière constituée d’hommes qui n’auraient jamais vécus ensemble s’ils n’avaient pas décidé un soir, dans le secret de leur cœur, de ne jamais se soumettre à l’occupant. Une des douleurs les plus grandes de Sachso a été de ne pas pouvoir secourir leurs camarades russes auxquels les geôliers SS ont fait connaître un sort épouvantable en septembre 1941. Entassés dans les baraques verrouillées au cœur du camp et à la vue de tous près de la potence, ils étaient 18 000 prisonniers de guerre, officiers et soldats confondus. Sans table, sans chaise, sans une planche pour s’étendre, debout les uns contre les autres, suffocant, à peine nourris, ils sont morts sous les yeux de tous, faute d’air et d’eau. Les corps étaient passés à bout de bras au-dessus de leur tête et jetés par la fenêtre. Les survivants ont été exécutés systématiquement, d’une balle dans la nuque.
    Honneur à nos 140 000 déportés ; oui, honneur à tous. Honneur au général de Gaulle, chef de la résistance et à Jean Moulin, chef de la résistance intérieure et martyr. Honneur à nos libérateurs, les alliés de la première heure, les Anglais, puis les Américains, mais honneur particulièrement à l’Armée rouge sans laquelle jamais le Grand Reich n’aurait été abattu et qui a libéré le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen. Sachso est une leçon de tous les jours, la vie est un combat que chacun conduit avec ses propres forces mais elle n’a de chance que si l’homme, en se responsabilisant, saisit qu’en s’ouvrant aux autres, il se grandit. Nous voyons de nos yeux comment dans un État anonyme, l’esprit de corps développe des liens de dépendance tels qu’on peut se juger responsable sans être coupable ; nous avons entendu encore tout récemment ce mode de raisonnement tortueux des autorités les plus élevées ; dans la haute administration, la sanction est assurée avec un esprit corporatiste. Dans nos civilisations technocratiques, les camps, expression de la démission des élites allemandes,
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