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Sachso

Sachso

Titel: Sachso
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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appareil, un camarade de Bordeaux appelé Bertrand se propose comme infirmier. Pour beaucoup d’entre nous, c’est le baptême de l’air et certains, dont je suis, ont mal au cœur durant le vol. À 18 h 15, nos six avions se posent au Bourget. Je relève le numéro du mien : 349750…
    « Des civils sont là et nous disent de laisser nos bagages, qu’ils se chargent de transporter. Chacun hésite, car nous avons déjà été volés tant de fois… et, si nous avons peu de choses, nous y tenons beaucoup. Aussi attendons-nous nos porteurs pour nous rendre dans un baraquement où une tasse de café au lait nous est servie avec quelques biscuits et des cigarettes… Un examen médical sommaire est pratiqué. Certains obtiennent d’aller directement à l’hôtel Lutétia. Les autres sont répartis dans divers hôpitaux. Avec mon camarade Jean Belly, de Nantes, je suis désigné pour l’hôpital Tenon, où nous entrons en ambulance à 19 heures en ce 24 juin 1945.
    « Après les formalités d’usage, nous sommes conduits au premier étage, salle Colin. Je suis affecté au lit 23, mais, le 22 étant libre, je le prends, car le nombre 23 a été trop souvent présent dans ma captivité : 23 juin 1941, arrestation ; 23 janvier 1943, départ de Compiègne pour Sachsenhausen ; 23 juin 1945, départ du camp, et peu s’en est fallu que ma libération par l’armée rouge ait lieu encore un 23, puisque ce fut le 22 avril 1945. Le 22 sera donc pour une fois à l’ordre du jour… »
    Le docteur Émile-Louis Coudert a dirigé le 24 juin le premier convoi des malades d’Oranienburg-Sachsenhausen ; le docteur Leboucher dirige le lendemain le deuxième et dernier : « Le 25 juin, quatre avions bi-moteurs militaires à cocardes françaises nous arrachent à l’Allemagne. Juste avant le départ, une minutieuse inspection de la police soviétique avait permis de débusquer un gendarme allemand, camouflé en civil et porteur de papiers en règle pour Paris, qui cherchait à se dissimuler parmi nous.
    « Peut-on imaginer mon état d’âme au moment où décolle l’appareil ? Sans doute ai-je conscience d’avoir fait mon devoir et l’immense satisfaction de n’avoir laissé là-bas aucun des Français malades, opérés et blessés, pour lesquels Émile-Louis et moi étions demeurés envers et contre tout…
    « Mais le commandant de l’escadrille, assis à mon côté, me tend des formulaires, il faut les remplir. Avec nous ont pris place M me  Marie-Claude Vaillant-Couturier, qui a connu Auschwitz et Ravensbruck, et deux jeunes infirmières françaises. J’ai la chance de ne pas être malade. Presque tous les camarades le sont, sans abandonner pour cela leur sourire. À 18 h 30, nous atterrissons au Bourget. Après quelques courtes formalités on nous offre bière, pain blanc, confitures, cigarettes. Puis un autocar nous recueille, à l’intérieur duquel nous est servie une tasse de chocolat chaud. En cours de route nous traversons une fête foraine de quartier ; la foule arrête notre véhicule et il nous faut accepter un verre de vin rouge et des gâteaux… »
    Aucun déporté ne reste indifférent à l’accueil populaire parisien, qui traduit à la fois de la surprise, un besoin de savoir et surtout une grande solidarité.
    Dans son lit n° 22 de l’hôpital Tenon, Henri Pasdeloup en fait l’expérience : « De 13 à 16 heures, c’est le défilé journalier de pauvres mamans, épouses, sœurs, frères, venant chercher auprès de nous des renseignements ou une consolation possible sur un être cher non encore rentré. On nous présente des lettres, des photographies, mais comment reconnaître ces hommes bien habillés, bien peignés, aux joues pleines, alors que nos souvenirs sont ceux d’hommes au crâne rasé, amaigris, en guenilles ?…
    « Le jeudi et le dimanche les visites sont plus nombreuses encore. Chacun se prive, même de pauvres gens, pour nous apporter quelques douceurs. Les sociétés diverses, groupements politiques – le P. C. en particulier et la J. O. C. – rivalisent d’activité pour nous venir en aide… »
    Toujours alité, Henri Pasdeloup n’en participe pas moins à la chaîne qui se noue à travers tout le pays pour renseigner sur le sort des déportés. Il écrit à La famille de Bernard Dauraine, d’Abbeville, mort à ses côtés, aux parents de ses frères de misère Gaston Lefèvre, du boulevard de Ménilmontant à Paris, Maurice Saugeras,
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