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Ridicule

Ridicule

Titel: Ridicule
Autoren: Remi Waterhouse
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plairait-il de m’en parler en particulier ?
    Enfin, le moment rêvé était là. Le couronnement de tous ses efforts, pour lesquels il avait vendu son âme et son amour. Ponceludon maîtrisa son émotion et, sans rien dire, s’inclina devant le souverain.
    — Voyez avec M. de la Margerie, mon secrétaire, conclut le roi.
    Puis il quitta les lieux vivement, accompagné cette fois du seul Monsieur de la Margerie.
    Après l’avoir tant sollicitée, Ponceludon, encore ébloui par la grâce qu’on lui faisait, restait sur place près du canon, aux côtés de Chevernoy. Incrédule et ravi il regardait le roi s’éloigner.
    — On baptisera « Ponceludon » ce nouveau canon, fit la voix aigre de Chevernoy. Tous les deux ont le cul plus gros que la gueule !
    Les courtisans étaient soudain aussi figés que les militaires. Ponceludon se retourna vers l’auteur de l’apostrophe.
    Il avait connu au collège un Chevernoy turbulent et amateur de mauvais coups, qui s’amusait, entre autres gaietés, à marquer le derrière de ses camarades au moment où ils s’y attendaient le moins à l’aide d’un éperon préalablement chauffé à blanc. Mais cette grossièreté s’accordait bien mal avec ses nouvelles manières.
    — Plaît-il ?
    — J’ai dit, reprit Chevernoy en articulant, que vous aviez le cul plus gros que la gueule !
    — Vous m’en rendrez raison, monsieur, répondit Ponceludon, calme et déterminé.
    Il quitta les lieux, après avoir convenu du lieu de la rencontre avec un des officiers.
    Le jeune homme traversait les jardins en méditant son étrange destin de courtisan. Croisant une déesse, celle-là même qui par sa demi-nudité provocante lui avait si fort échauffé les sangs le jour de son arrivée, il lui trouva un sourire ambigu, ainsi qu’une façon particulière de le suivre du regard. Son socle ne portait aucune indication, aussi décida-t-il que c’était l’Ironie, sa déesse tutélaire. Elle l’avait souvent inspiré, et quelques fois c’était amusée à ses dépens. Elle semblait aujourd’hui le sacrifier au moment précis où il obtenait son rendez-vous. Ce qui semblait bien dans sa manière ! « Tu ne me pardonnes pas de t’avoir possédée en rêve ? » Il lui posa un baiser sur le pied et reprit sa route. C’était bien là les divagations d’un jeune homme qui allait se battre en duel le lendemain.

 
    XII
    « [...] Ce qui est vivant est toujours ridicule, car seul ce qui est mort ne l'est pas du tout. »
    Fritz Zorn
    — Que faites-vous là ?
    Mathilde, penchée sur l’habit ruisselant qu’elle avait étendu sur la margelle, s’était sentie épiée. Elle s’était redressée et avait découvert Grégoire qui l’observait depuis la limite du sous-bois, debout, immobile.
    Il s’avança, avec une précaution dans les gestes qu’elle ne lui avait jamais connue.
    — Pardonnez-moi, je ne pouvais pas me résoudre à ne plus vous revoir.
    Quand il fut à sa hauteur, il resta silencieux, souriant tristement, et Mathilde soupçonnant de l’ironie naissante, se raidit.
    — Eh bien, je vous écoute, dit-elle fraîchement.
    Il hésita un instant avant de parler.
    — Mathilde... quoi qu’il puisse m’arriver, gardez-moi un peu de votre amitié.
    Ces paroles d’apaisement ne furent pas mieux reçues.
    — Mon amitié vous importe donc ?
    Ponceludon s’efforça de sourire. Après tout, il ne s’attendait pas à être accueilli à bras ouverts, et il se sentait déjà heureux d’avoir pu la voir.
    — L’habit semble enfin étanche, remarqua-t-il. Auriez-vous réussi ? Promettez-moi d’être prudente...
    — À moins que son objet ne soit de me tourmenter, répondit-elle, permettez-moi de mettre fin à cet entretien. C’était un aveu, un aveu de rancoeur et de fragilité, et celui-ci suffit à Ponceludon. Il abolit toute barrière entre eux et s’approcha plus près. Il fallait lui parler.
    — J’ignorais tout de vos nouvelles résolutions, pour Montalieri !
    — Quand vous avez su, avez-vous cherché à forcer ma porte ?
    Le reproche était franc, sans artifice. Ponceludon ne voulut pas être en reste :
    — Fallait-il vous lancer au visage que j’ai joui de la comtesse pour faire ma révérence au roi ?
    Mathilde se détourna légèrement, pour se soustraire à son regard.
    — Si la vie de vos paysans est à ce prix, dit-elle d’une voix mal assurée, je l’aurais approuvé.
    Ponceludon eut un sourire si plein de tendresse
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