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Ridicule

Ridicule

Titel: Ridicule
Autoren: Remi Waterhouse
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ses mains. Ponceludon le savait, et pourtant il était calme. Il protesta de son humilité.
    — Faites-nous un mot, là... au débotté ! insista le roi.
    Il se retourna, bon enfant, vers sa cour.
    — ... Sur moi par exemple !
    On s’esbaudit avec empressement de la familiarité du roi. Ponceludon se sentait comme un joueur quand les dés roulent. Tous les regards étaient fixés sur lui.
    — Sire... le roi n’est pas un sujet, dit-il enfin, en inclinant la tête avec soumission — survivance de temps très anciens où l’on tendait le cou à l’épée de son roi chaque fois qu’on se risquait à parler devant lui.
    Des murmures encore indécis accueillirent la réponse du jeune homme. Le roi fronça le sourcil, puis son visage s’illumina :
    — « Le roi n’est pas un sujet ! » s’exclama-t-il. C’est admirable !
    Dans l’escorte, chacun fit entendre l’exclamation élogieuse qu’il réservait encore, de peur d’être à contre-humeur du roi.
    Le monarque se retourna vers le marquis de Bièvres, soudain pris de doute :
    — Ce n’est pas un calembour au moins, j’espère ?
    — Non, Majesté, répondit le marquis. C’est un jeu de mots.
    — Cela mérite de rester ! déclara hautement le roi pour montrer qu’il était connaisseur.
    La comtesse glissa à son amant un regard d’amoureuse. Elle venait de mettre en jeu pour lui son crédit, et il en avait fait bon usage.
    — Que Ponceludon de Malavoy se joigne à nous ! dit le roi en entraînant ses compagnons.
    Et le jeune homme emboîta le pas de la petite troupe qui se dirigeait vers la pièce d’eau des Suisses.
    — C’est une affaire d’hommes que ces choses-là, dit la reine en invitant les femmes à la suivre.
    Les quatre femmes se séparèrent du groupe, prenant à droite vers le Grand Canal où la reine voulait faire une promenade en gondole.
    Ils n’étaient plus maintenant que six gentilshommes, derrière le roi. Six ! Et Ponceludon était l’un d’eux ! Il ignorait le but de cette excursion royale, mais trompait sa curiosité en respirant avec délectation l’air parfumé du jardin. Les arbres avaient déjà pour la plupart leurs couleurs d’automne.
    Progressant à bons pas, en vol de canard, avec le roi à leur tête, ils débouchèrent sur l’esplanade de la pièce d’eau des Suisses. Un détachement y était aligné sur trois rangées. Quelques officiers les accompagnaient, qui couvaient au regard une pièce d’artillerie pointée vers le bassin. Le canon semblait sortir des mains du fondeur, et reposait sur un affût tout neuf. Près du caisson, deux canonniers attendaient les ordres.
    Le roi s’approcha de la pièce avec des mines de connaisseur gourmand, cependant que Ponceludon et les autres restaient en retrait. Un des officiers se joignit au roi, et Ponceludon reconnut M. de Chevernoy, son ancien camarade de collège qui, quelque temps plus tôt, l’avait si sèchement éconduit. Comme le roi s’impatientait des explications de Chevemoy, un des canonniers approcha son boutefeu de la lumière du canon. Le roi seul se boucha les oreilles. Après que l’étoupille se fut rapidement consumée, la détonation retentit, une langue de feu jaillissant de la bouche. Le roi donna le signal des applaudissements puis, se retournant vers Ponceludon :
    — Venez, baron Ponceludon de Malavoy... Approchez, vous qui êtes ingénieur.
    Au grand dam des autres courtisans, le jeune homme se détacha du groupe et s’approcha du canon, qu’il observa un instant avec attention.
    — Belle conception, sire, approuva-t-il. Cependant, si vous m’autorisez...
    Il montra du doigt un point précis au-dessus de l’essieu.
    — En plaçant ici un cadran gradué solidaire de l’affût, on pourrait indiquer avec précision la hausse.
    Le roi et Chevemoy se penchèrent tous deux pour examiner la proposition de Ponceludon.
    — Voilà bien une trouvaille ! s’exclama le roi, enchanté.
    Puis, se tournant vers Chevernoy l’oeil plein de réprobations :
    — Que n’y pensiez-vous, monsieur de Chevernoy ?
    Le colonel, qui avait passé cinq ans à l’étude de son canon, essuya l’injuste reproche sans ciller, mâchoires serrées.
    Le roi se détourna aussitôt de lui pour offrir une mine plus débonnaire à Ponceludon :
    — On me dit que vous-même avez un projet d’ouvrage hydrographique fort intéressant.
    — Pour assécher les marais de la Dombes, Majesté, qui sont fort insalubres.
    — Vous
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