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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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activités
d’espionnage et de contre-espionnage, de désinformation et
d’intoxication : ils colportaient des mensonges préjudiciables à l’ennemi
et des informations authentiques mais inoffensives ; ils aiguillaient des
espions volontaires, des espions réticents et des espions imaginaires. Ce
jour-là, la guerre ayant atteint son apogée, ils entreprirent de créer un
espion comme nul autre avant lui : un agent qui non seulement serait
fictif, mais un agent qui serait mort, qui plus est.
    Cet espion serait un pur fruit de l’imagination, une arme
dans une guerre à mille lieues des champs de bataille où pleuvent les bombes et
sifflent les balles. Dans sa partie visible, la guerre est le fait de meneurs
d’hommes qui s’affrontent avec courage, tactique et force brute ; c’est la
guerre conventionnelle, faite d’attaques et de contre-attaques, de traits sur
une carte, de chiffres et de chance. Cette guerre est généralement peinte en
noir, en blanc et en rouge sang. Il y a des gagnants, des perdants et des
victimes : le bon, le méchant et le mort. Mais, il y a aussi l’autre
guerre, celle qui est moins visible, qui se joue en nuances de gris, une guerre
faite de tromperies, de séduction et de mauvaise foi, de combines et
d’illusions, dans laquelle la vérité est protégée par un « rempart de
mensonges », comme le disait Churchill. Les combattants de cette guerre
imaginaire étaient rarement ce qu’ils semblaient être, car la face cachée,
celle où la fiction et la réalité sont tantôt ennemies tantôt amies, attire des
esprits tortueux, sinueux et souvent très étranges.
    L’homme étendu dans les dunes de Punta Umbria était un
imposteur. Les mensonges qu’il colportait seraient acheminés de Londres à
Berlin en passant par Madrid, transitant par un loch glacé en Écosse jusqu’aux
côtes de Sicile, de la fiction à la réalité, de la salle 13 de l’Amirauté
jusqu’au bureau de Hitler.

2

Esprits retors
    « Tromper l’ennemi par temps de guerre », pensait
l’amiral John Godfrey, directeur des services secrets de la Navy, « c’est
comme la pêche, et plus particulièrement la pêche à la mouche ». Dans un
mémo top secret, il écrit : « Toute la journée, le pêcheur de truite
lance patiemment son leurre, change souvent de lieu et d’appât. S’il effraye le
poisson, il lui arrive de rester immobile pendant une demi-heure, mais il n’en
perd pas de vue pour autant son objectif principal : attirer le poisson en
l’appâtant depuis son bateau. »
    Le « Mémo de la truite » de Godfrey a été remis à
tous les dirigeants des services secrets, le 29 septembre 1939, alors
que la guerre avait commencé depuis à peine trois semaines. Il avait été signé
par Godfrey, mais il présentait toutes les caractéristiques du style de son
assistant personnel, le capitaine de corvette Ian Fleming, qui, par la suite,
écrivit les romans d’espionnage dont le héros était James Bond. D’après
Godfrey, Fleming avait un « sens aigu » du renseignement, et était
particulièrement doué, comme on peut s’y attendre, pour échafauder des
scénarios destinés à berner l’ennemi. Fleming surnommait ces plans « des
rêveries romantiques de Peaux-Rouges », mais leur sérieux ne faisait aucun
doute. Le mémo suggérait différentes idées pour déboussoler les Allemands en
mer et de nombreuses façons de piéger la proie par « la tromperie, les
ruses de guerre, la désinformation, etc. ». Ses idées étaient
extraordinairement imaginatives et, comme la plupart des récits de Fleming, à
peine croyables. Le mémo l’admettait volontiers. « Au premier coup d’œil,
beaucoup d’entre elles paraissent farfelues, mais elles contiennent néanmoins
les germes de quelques bonnes idées ; et plus on les examine, moins elles
semblent fantaisistes. »
    Quant à Godfrey, il était complètement dépourvu
d’imagination. Il était travailleur, irascible et infatigable. Il a d’ailleurs
servi de modèle pour le personnage de « M » dans la série des James
Bond . Personne dans les services secrets de la Royal Navy ne savait
apprécier aussi bien que lui la disposition d’esprit nécessaire pour
l’espionnage et le contre-espionnage. « Élaborer des opérations de
désinformations, savoir gérer les agents doubles, produire des fuites
délibérées et gagner progressivement la confiance de l’ennemi envers un agent
double, demandaient un esprit
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