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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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entièrement
couvert de moisissures vertes, alors que le haut du visage était brun, comme
tanné par le soleil. José se demanda si l’homme avait été brûlé lors d’une
fortune de mer. La peau de son nez et de son menton commençait à pourrir.
    José gesticula et cria en direction de ses collègues. La
Calina approcha et Pepe et son équipage se penchèrent par-dessus le
bastingage. José leur cria de lancer une amarre pour hisser le corps à bord,
mais personne ne voulait le toucher. Très embêté, José comprit qu’il lui
faudrait le ramener lui-même à terre. Empoignant l’uniforme trempé, il fit
passer le buste par-dessus le tableau arrière en laissant les jambes traîner
dans l’eau. Il rama jusqu’à la rive, s’efforçant de ne pas respirer la
puanteur.
    Une fois arrivés sur la plage de La Bota – la
botte –, José et Pepe portèrent le corps jusqu’aux dunes. Une mallette
noire, attachée à l’homme par une chaîne, traînait dans le sable derrière eux.
Ils couchèrent le cadavre à l’ombre d’un pin. Des enfants se précipitèrent hors
des huttes et jouèrent des coudes pour ne rien rater du macabre spectacle.
L’homme était grand, il mesurait au moins 1,80 m et portait un uniforme
kaki et un trench-coat ; ses pieds étaient chaussés de godillots
militaires. La jeune Obdulia Serrano, âgée de dix-sept ans, repéra une croix attachée
au cou du mort par une fine chaîne en argent. Elle en déduisit que le soldat
devait être catholique.
    Obdulia fut envoyée chercher l’officier au poste de garde.
Comme tous les jours, une douzaine de soldats du 72 e  régiment
d’infanterie d’Espagne avaient patrouillé sur la plage dans la matinée. C’était
maintenant l’heure de leur sieste sous les arbres. L’officier ordonna à deux de
ses hommes de monter la garde près du corps, pour dissuader quiconque de faire
les poches du mort, et il remonta la plage à grandes enjambées pour trouver son
commandant.
    Le parfum du romarin et du jacaranda, qui tapissaient les
dunes, ne parvenait pas à masquer la puanteur de la chair en décomposition. Des
mouches bourdonnaient autour du corps et les soldats se placèrent au vent pour
ne plus respirer les effluves nauséabonds. On partit chercher un âne pour
transporter le cadavre jusqu’au village de Punta Umbria, à six kilomètres. De
là, on pouvait y franchir l’estuaire par bateau pour rejoindre Huelva.
    José Antonio Rey María, inconscient de la succession
d’événements qu’il venait de déclencher, remit son youyou à la mer et repartit
en repérage des sardines.
    Deux mois plus tôt, dans une salle minuscule, jaunie par le
tabac, au sous-sol du bâtiment de l’Amirauté, à Whitehall, deux hommes échafaudaient
un plan pour résoudre une délicate énigme : comment créer de toutes pièces
un homme qui n’avait jamais existé ?
    Le plus jeune des deux était grand et maigre. Il portait des
lunettes à épaisse monture et une moustache en guidon qu’il lissait lorsqu’il
était concentré. Le second, élégant et désabusé, portait l’uniforme de la Navy
et suçait une pipe courbe qui crépitait et craquait dangereusement. Le sous-sol
poussiéreux manquait cruellement de fenêtres, de lumière naturelle et de
ventilation. Les murs étaient recouverts de grandes cartes et le plafond était
taché de nicotine graisseuse. Cette ancienne cave à vin abritait désormais une
section des services secrets britanniques qui se composait de quatre officiers,
sept secrétaires et dactylos, six machines à écrire, une rangée d’armoires de
classement fermées à clé, une douzaine de cendriers et deux téléphones
sécurisés. La section 17M était si secrète que, hormis les individus
cités, vingt personnes à peine en connaissaient l’existence.
    La salle 13 de l’Amirauté était l’antichambre des
secrets, des mensonges et des chuchotements. Chaque jour, les informations les
plus sensibles et les plus précieuses (messages décodés, stratagèmes de
désinformation, mouvements de troupes ennemies, comptes rendus de missions
chiffrés et autres mystères) arrivaient dans cette petite pièce à demi enterrée
où elles étaient analysées et évaluées avant d’être expédiées aux quatre coins
du monde, autant d’armures et de munitions d’une guerre secrète.
    Les deux officiers, que nous appellerons Pipe et Moustache,
orchestraient les agents de renseignement et les agents doubles, les
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