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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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décisif.
    Les autorités espagnoles assuraient aux Britanniques que le
corps de Turner n’avait pas été « touché ». Des scientifiques furent
envoyés d’urgence à Gibraltar pour examiner minutieusement le corps et la
lettre. Les quatre sceaux qui cachetaient l’enveloppe avaient été ouverts,
apparemment sous l’effet de l’eau de mer, et l’écriture était toujours
« assez lisible », malgré une immersion d’au moins douze heures. Mais
de l’avis des experts légistes, les Alliés pouvaient être rassurés car
lorsqu’ils déboutonnèrent le pardessus de Turner pour prendre la lettre dans sa
poche de poitrine, ils virent tomber du sable des trous dans les boutons et des
boutonnières ; le sable s’y serait glissé quand le corps s’était échoué
sur la plage. « Il est fort peu probable, conclurent les Britanniques,
qu’un quelconque agent ait remis le sable en place au moment de reboutonner la
veste. » Les espions allemands en activité en Espagne étaient bons, mais
pas à ce point. Le secret n’avait pas été éventé.
    Pourtant, les soupçons britanniques n’étaient pas sans
fondement. G. D. Marcil, qui avait aussi trouvé la mort dans
l’accident du Catalina, était officier de liaison pour les Forces françaises libres.
Sous le nom de code « Clamorgan », il était en mission pour la
Direction des opérations spéciales (Special Operations Executive ou SOE),
organisation britannique clandestine qui œuvrait derrière les lignes ennemies.
Marcil transportait un carnet et un document rédigé en français et daté du
22 septembre, qui faisait référence, bien qu’assez vaguement, à des
attaques britanniques sur des cibles en Afrique du Nord. Des messages radio qui
avaient été interceptés et décodés indiquaient que ces informations avaient été
communiquées aux Allemands : « Tous les documents, dont une liste de
personnalités de premier rang [c’est-à-dire des agents] en Afrique du Nord et
probablement des informations relatives à nos organisations là-bas, ainsi qu’un
carnet, ont été reproduits et remis à l’ennemi. » Un agent italien avait
eu les copies entre les mains et les avait transmises aux Allemands qui ont
commis l’erreur de n’accorder à ces informations « pas plus d’importance
qu’à tout autre renseignement ». Les Allemands avaient peut-être soupçonné
« les documents de n’être qu’un leurre ».
    Un élément important du renseignement militaire avait
transité par l’Atlantique avant de tomber entre les mains des Allemands ;
par chance, l’importance du document leur avait échappé. « Cela suggérait
que l’on pouvait faire confiance aux Espagnols pour faire passer ce qu’ils
trouvaient et que ce comportement, qui n’était pas neutre, pouvait être tourné
à notre avantage. » C’était la preuve qu’il était possible de s’infiltrer
dans la pensée allemande en lançant une mouche appétissante sur l’eau.
    L’incident avait ébranlé les chefs du renseignement de
guerre, mais une idée était venue se loger dans l’esprit alambiqué d’un
officier du renseignement et elle y était restée. Cet esprit appartenait au
dénommé Charles Christopher Cholmondeley, âgé de vingt-cinq ans, capitaine
d’aviation dans la Royal Air Force, détaché au MI5, le « Security
Service ». Cholmondeley (prononcez « Chumly ») était un grand
excentrique, mais aussi un soldat extrêmement efficace dans cette guerre aux
règles étranges et compliquées. Cholmondeley regardait le monde à travers des
lunettes aux verres épais et sa lèvre supérieure était ornée d’une
impressionnante moustache longue de quinze centimètres et cirée en pointes
magnifiques. Avec son bon mètre quatre-vingt-dix et sa pointure 47, il
paraissait toujours engoncé dans son uniforme. En outre, il avait une démarche
étrangement dégingandée et « marchait en levant les orteils ».
    Cholmondeley avait soif d’aventure. Alors qu’il était encore
élève à Canford School, dans le Dorset, il s’était embarqué pour des
expéditions en Finlande et à Terre-Neuve qui étaient organisées par la Société
exploratrice des écoles privées dans le but de cartographier des territoires
inconnus. Dormant sous la tente, il se nourrissait de barres énergétiques
« Kendal Mint Cake ». Il avait même découvert une nouvelle espèce de
musaraigne quand l’une d’elles était venue mourir dans son sac de couchage.
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