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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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de sa saveur, mais elle demeure
incomplète, selon la volonté de son auteur. À la requête du Gouvernement, le
livre dissimulait certains faits ; d’ailleurs, il prend parfois
délibérément des libertés avec l’Histoire. Aujourd’hui, la donne a
changé : la réglementation officielle relative au secret Défense s’est
assouplie, les dossiers des Archives Nationales sont ouverts au public et la
vieille malle d’Ewen Montagu a révélé ses secrets. L’histoire de l’opération
Mincemeat peut donc être racontée pour la première fois dans son intégralité.
    Aujourd’hui, on sait que le plan a germé dans l’esprit d’un
romancier et qu’il a pris forme grâce aux efforts concertés de personnages hors
du commun : un avocat brillant, une famille de fossoyeurs, un médecin
légiste, un chercheur d’or, un inventeur, un sous-marinier, un maître de
l’espionnage anglais sous couverture, un pilote de rallye, une jolie
secrétaire, un nazi crédule et un amiral grognon amateur de pêche à la mouche.
    L’opération de désinformation qui facilita le débarquement
en Sicile et qui contribua à gagner la guerre reposait sur un homme qui n’a
jamais vécu. Mais les gens qui l’ont inventé, ceux qui ont cru en lui et ceux
qui lui doivent la vie, ont bel et bien existé.
    Voici leur histoire.
    Ben Macintyre
Londres, octobre 2009

1

Le sardinier
    En ce matin du 30 avril 1943, sur la côte
d’Andalousie, au Sud-Ouest de l’Espagne, José Antonio Rey María ne pensait pas
changer le cours de l’histoire tandis qu’il ramait vers l’Atlantique, à la
recherche des bancs de sardines.
    José était réputé pour être le meilleur au repérage des
bancs de poissons de Punta Umbria. Et il n’en était pas peu fier. Par temps
clair, il était capable de localiser l’éclat iridescent qui trahissait la
présence de sardines à une profondeur de plusieurs brasses. José marquait alors
l’emplacement du banc au moyen d’une bouée, puis il faisait signe à Pepe
Cordero et aux pêcheurs restés à bord de la grande pinasse, La Calina ,
pour qu’ils s’approchent et déploient le filet.
    Mais ce jour-là, les conditions météorologiques n’étaient
pas clémentes. Le ciel était gris et un vent de terre ridait la surface de
l’eau. Les pêcheurs de Punta Umbria avaient pris la mer avant l’aube, mais
jusqu’ici, ils n’avaient remonté que des anchois et quelques dorades. Ramant en
large arc de cercle à bord d’ Ana , son petit youyou, José scrutait
toujours l’eau, tandis que le soleil levant lui chauffait le dos. À terre, il
pouvait voir les huttes de pêche plantées sous les dunes de la Playa del
Portil. C’est là qu’il habitait. Au-delà, sur l’autre rive de l’estuaire de
l’Odiel et du Tinto, se trouvait le port de Huelva.
    La guerre, dans sa quatrième année, n’avait fait
qu’effleurer cette partie de l’Espagne. Parfois, José croisait d’étranges
débris qui dérivaient, des bouts de bois brûlé, des nappes d’huile et divers
résidus des batailles qui se déroulaient derrière l’horizon. Tôt ce matin-là,
il avait entendu des tirs au loin et une forte explosion. Pepe se plaignait de
la guerre qui ruinait la pêche. Les caisses étaient vides et il lui faudrait
probablement bientôt vendre Ana et La Calina . On racontait que
certains capitaines de gros bateaux de pêche espionnaient pour le compte des
Allemands ou des Anglais. Mais, bon an, mal an, la vie des pêcheurs suivait son
cours, ni plus dure, ni plus facile qu’avant.
    José était né sur la plage, trente-deux ans plus tôt, dans
une hutte en bois flotté. Il n’avait jamais quitté Huelva et son bassin de pêche.
Il n’était jamais allé à l’école et ne savait ni lire ni écrire. Mais à Punta
Umbria, personne n’était meilleur que lui au repérage du poisson.
    La matinée était déjà bien entamée quand José remarqua une
« bosse » à la surface de l’eau. Il pensa d’abord que c’était un
marsouin mort. Tandis qu’il s’approchait, la forme devint plus nette et
parfaitement identifiable. C’était un corps qui flottait, harnaché dans un
gilet de sauvetage jaune. La partie inférieure du torse était immergée, mais le
noyé semblait porter un uniforme.
    Alors qu’il tendait le bras par-dessus le plat-bord, José
sentit l’odeur de putréfaction qui se dégageait du cadavre et découvrit le
visage d’un homme, ou plutôt ce qu’il en restait. Le menton était
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