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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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le Grand en Hugues Capet, nous
     arrivons à l'avènement de la troisième race, c'est-à-dire à la substitution
     d'une royauté nationale au gouvernement de la conquête. La royauté n'était plus
     qu'un nom, qu'un souvenir bien près d'être éteint. Transférée aux Capets, ce
     fut une espérance.
    Et pourtant, il était perdu, ce pauvre petit roi, entre les vastes
     dominations de ses vassaux, seigneurs puissants par la vaillance, l'énergie, la
     richesse. Qu'était-ce qu'un Philippe I er ou même le brave Louis VI,
     le gros homme pâle, entre les rouges , Guillaume d'Angleterre et de
     Normandie, les Robert de Flandre, conquérants et pirates, les opulents Raymond
     de Toulouse, les Guillaume de Poitiers et les Foulques d'Anjou, troubadours et
     historiens, enfin, les Godefroi de Lorraine, intrépides antagonistes des
     empereurs, sanctifiés devant la chrétienté par la vie et la mort de Godefroi de
     Bouillon ?
    La toute petite royauté contenue entre l'Ile-de-France et l'Orléanais
     n'eût pas tenu tête à ses nombreux rivaux, sans la jalousie de la Flandre et de
     l'Anjou contre la puissante féodalité Normande. Le roi s'efforçait, avec les
     comtes de Blois et de Champagne, de mettre un peu de sécurité entre la Loire,
     la Seine et la Marne, petit cercle resserré entre les grandes masses féodales.
     La Flandre s'avançait jusqu'à la Somme.
    Le cercle compris entre ces grands fiefs fut la première arène de la
     royauté, le théâtre de son histoire héroïque. Nos champs prosaïques de Brie et
     de Hurepoix ont eu leurs iliades. Les Montfort, les Garlande soutenaient
     souvent le roi ; les Coucy, les seigneurs de Rochefort, du Puiset surtout,
     étaient contre lui ; tous les environs étaient infestés de leurs
     brigandages. On pouvait aller encore avec quelque sûreté de Paris à
     Saint-Denis ; mais au delà, on ne chevauchait plus que la lance sur la
     cuisse ; c'était la sombre et malencontreuse forêt de Montmorency.
    De l'autre côté, la terre de Montlhéry exigeait un péage. Le roi ne
     pouvait voyager qu'avec une armée de sa ville d'Orléans à sa ville de Paris. La
     noblesse commençait à devenir un danger pour la France.
    *
    On put croire un moment que la croisade lointaine d'Orient serait le
     salut. Elle mobilisait la lourde féodalité, la déracinait de la terre. Les
     barons allaient et venaient sur les grandes routes entre la France et
     Jérusalem. Ils vendaient parfois leurs terres avant de partir. C'était faire la
     fortune du roi et celle du royaume plus grande, chaque jour, par ces abandons.
     Beaucoup ne revenaient pas. L'extinction des mâles fut rapide dans ces
     guerres ; tout fief sans héritier revenait à la couronne comme à sa
     source.
    La mort frappait aussi plus près. Le plus riche souverain du pays, le
     comte de Poitiers et d'Aquitaine la sentant venir, ne crut pouvoir mieux placer
     sa fille Éléonore et ses États qu'en les donnant au fils de Louis VI qui allait
     succéder à son père. Les États du roi de France se trouvaient triplés par ce
     mariage.
    *
    La seconde croisade changea tout ; elle déplaça la prépondérance
     de l'Occident qui appartint désormais à l'Angleterre. Louis VII était parti
     pour la Terre Sainte avec l'empereur d'Allemagne. Son retour fut honteux. La
     fière et violente Éléonore, qui l'avait suivi, en prit prétexte pour demander
     le divorce au concile de Beaugency et porter aux Anglais les vastes provinces
     qui étaient son douaire. Henri Plantagenêt, duc d'Anjou, et bientôt roi
     d'Angleterre, en épousant Éléonore, épousait avec elle la France de l'ouest, —
     de la Flandre aux Pyrénées. — Ce ne fut pas tout, il prit à son frère l'Anjou,
     le Maine, la Touraine et le laissa, en dédommagement, se faire duc de Bretagne.
     Étendant encore ses conquêtes, il enleva le Quercy au comte de Toulouse ;
     il aurait pris Toulouse elle-même si le roi de France ne s'était jeté dans la
     ville pour la défendre.
    Au centre, il réduisit le Berry, le Limousin, l'Auvergne ; il
     acheta la Marche du comte qui, partant pour Jérusalem, ne savait que faire de
     sa terre. Il eut même le secret de détacher les comtes de Champagne de
     l'alliance du roi.
    Prenant ainsi de tous côtés, à sa mort, il possédait les pays qui
     répondent à nos quarante-sept départements, tandis que le roi de France n'en
     avait plus que vingt. Chose plus grave, le Midi se trouvant brusquement isolé
     du Nord,
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