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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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le
     pays en gros, ils le pillaient en détail. Il se forma dans tout le royaume des
     compagnies dites d'Anglais et de Navarrais, qui se chargeaient d'en achever la
     ruine sous la conduite de chefs de bandes. Ces chefs n'étaient pas, comme on
     pourrait croire, des gens de rien, de petits compagnons, mais des nobles,
     souvent des seigneurs. Les chevaliers du quatorzième siècle avaient une autre
     mission que ceux des romans, c'était d'écraser le faible. Cette vie de trouble
     et d'aventures, après tant d'années d'obéissance sous les rois, faisait la joie
     des nobles. Froissart, leur historien, ne se lasse pas de conter ces belles
     histoires. Il s'intéresse à ces pillards, prend part à leurs bonnes
     fortunes : « Et toujours gagnaient pauvres brigands, etc. »
     L'effroi était tel que les paysans ne dormaient plus. Ceux de la Loire
     passaient la nuit dans les îles. En Picardie, les populations creusaient la
     terre et s'y réfugiaient.
    Il n'y avait plus de pouvoir en France. Le roi Jean était aux mains
     des Anglais. Le peuple des villes avait vainement essayé de suppléer à
     l'absence de royauté. Alors se leva à son tour le peuple des campagnes qui,
     tant de siècles durant, avait langui au pied de la tour féodale. Ce que les
     villes n'avaient pu faire, les Jacques le firent ils relevèrent la royauté
     expirante, ils aidèrent à rétablir l'unité. De cette suprême épreuve où le pays
     faillit périr, sort confuse encore, mais vivace et forte, l'idée même de la
     Patrie.
    La Jacquerie commencée contre les nobles, les Jacques la
     continuent contre l'Anglais. Chez ce peuple simple et brute encore, demi-homme
     demi-taureau, la nationalité, l'esprit militaire naissent peu à peu Sous la
     rude éducation de ces guerres, la brute va se faire homme et se
     transfigurer : Jacques deviendra Jeanne, Jeanne la vierge, la Pucelle.
    Le mot vulgaire : un bon Français , date de l'époque des
     Jacques et de Marcel. La Pucelle ne tardera pas à dire : Le cœur me
     saigne, quand je vois le sang d'un Français.
    Un tel mot suffirait pour marquer dans l'histoire le vrai commencement
     de la France.
     
    Ce fut le salut du roi Charles VII et celui du royaume, de sentir
     qu'il n'y avait pour lui-même de sûrs que les petits, bourgeois ou laboureurs.
     Laissant de côté les petits rois des châteaux qui trouvaient leur intérêt dans
     la continuation de la guerre, il la confia désormais à des hommes de roture,
     des hommes de paix, des Jacques Cœur, des Jean Bureau. Ils feront une si rude
     guerre à la guerre, qu'elle sortira du royaume.
    L'Angleterre qui nous l'avait jetée la reprit à son
     bord.
     
    A la mort de Charles VII, la libération du territoire est un fait
     accompli. L'Angleterre a tout perdu en France, tout, excepté Calais.
    Mais alors éclate, à l'intérieur, une autre guerre, celle des grands
     vassaux de la couronne contre le roi. Philippe de Valois, homme féodal, fils du
     féodal Charles de Valois, à la faveur des guerres anglaises, avait provoqué de
     funestes créations d'apanages et fondé au profit des diverses branches de la
     famille royale, une féodalité princière aussi embarrassante pour Charles VI et
     Louis XI, que la féodalité des comtes et barons l'avait été pour
     Philippe-le-Bel.
    Ce sera désormais, la guerre de la France aînée, de la grande France
     homogène, contre la branche cadette mêlée d'Allemagne, rivale en puissance et
     l'ennemie. Cette guerre durera, tant qu'à côté du roi de France subsistera un
     autre roi, le duc de Bourgogne.
    Par Auxerre et Péronne, il tient de près Paris. Au Nord, il est le
     dangereux gardien de notre faible barrière, la Somme. La France, de ce côté,
     reste ouverte à l'étranger.
    Philippe le Bon est mort (1466), Charles le Téméraire règne et ne
     songe qu'à une chose, étendre encore son monstrueux empire. Au Midi, il lui
     faut la Provence ; au Nord la Gueldre pour envelopper Utrecht, atteindre
     la Frise. Il lui faut la Haute-Alsace, pour couvrir la Franche-Comté. Il lui
     faut Cologne comme entrepôt des Pays-Bas et comme grand péage du Rhin. Il lui
     faut la Lorraine pour passer du Luxembourg dans les Bourgognes. La Lorraine
     était le lien de toutes ces provinces, le centre naturel de l'empire
     bourguignon.
    Les grands de France qui ont compris que les funérailles de Charles
     VII sont leurs funérailles, tournent tous au duc comme au chef naturel des
     princes et
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