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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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entendait faire, c'était aussi
     la vie de la nation qu'il voulait ressusciter . Ce vœu qu'il avait fait
     dans sa jeunesse : « Je voudrais que dans tout ouvrage d'éducation
     circulât une chaude idée de la patrie », ce vœu, il l'accomplissait
     lui-même. Mais ce n'est pas seulement l' idée de la patrie qui circule
     dans ces pages ; c'est le souffle, c'est l'âme, l'âme immortelle de la
     France ; elle rayonne, réchauffe, vivifie tout.
    Il fallait donc trouver un titre mieux approprié, plus personnel, plus chaud surtout. Celui-ci s'est offert tout naturellement : Notre
     France . Il n'est pas de cœur vraiment français qui ne me remercie de
     l'avoir préféré.
    M me J. MICHELET.
    Février 1886
    1 Voir pour plus de détails,
     p. 106.
    2 Charles d'Orléans.

LA VIEILLE FRANCE
    Sa lutte au moyen âge pour conquérir
     son unité géographique et morale 1 .
    On ne doit donner la géographie d'un pays qu'au moment où
     ce pays se caractérise. Dans le premier âge il n'y a pas de France, il y a la
     Gaule, sur laquelle les races viennent se déposer l'une sur l'autre :
     Galls, Kymris, Bol ; d'autre part Ibères ; d'autres encore, Grecs, Romains,
     par-dessus les Celtes ; enfin les Germains, les derniers venus du
     monde.
    Au Midi ont apparu les Ibères de Ligurie et des Pyrénées, avec la
     dureté et la ruse de l'esprit montagnard, puis les colonies phéniciennes ;
     longtemps après viendront les Sarrasins.
    Au Nord, les Kymry, ancêtres de nos Bretons, les Bols ; l'ouragan
     traverse la Gaule, l'Allemagne, la Grèce, l'Asie-Mineure ; les Galls
     suivent, la Gaule déborde par le monde.
    Au second âge, la fusion des races commence et la société cherche à
     s'asseoir. La France naissante, — par le travail intérieur qu'elle a toujours
     fait sur elle-même, — voudrait déjà devenir un monde social ; mais
     l'organisation d'un tel monde suppose la fixité et l'ordre. Or, il ne peut y
     avoir ni fixité, ni ordre, ni propriété, tant que les immigrations des races
     nouvelles poussent devant elles ou entraînent dans leur tourbillon les
     populations qui commençaient à devenir stables. Ce n'est qu'à la chute
     de la dynastie carlovingienne que cesse ce grand mouvement des peuples, et
     c'est vers le milieu du dixième siècle que les diverses parties de la France,
     jusque-là confondues dans une obscure et vague unité, se caractérisent chacune
     par une dynastie féodale.
    A l'avènement des Capets (987), les populations si longtemps
     flottantes se sont enfin fixées et assises ; nous savons où les prendre,
     et en même temps qu'elles existent et agissent à part, elles prennent peu à peu
     une voix ; chacune a son histoire, chacune se raconte elle-même.
    L'histoire de France commence un peu plus tôt, au moment où apparaît
     la langue française. La langue est le signe principal d'une nationalité. Le
     premier monument de la nôtre est le serment de fidélité dicté au bord du Rhin,
     — sur la limite des deux peuples, — par Charles le Chauve, à son frère, au
     traité de Verdun (843).
    Avant de poursuivre, énumérons rapidement la succession des pouvoirs
     en France. Sous la première race de nos rois le pouvoir appartient à l'église,
     seule, elle règne sur le pays. Saint Martin, de Tours, est l'oracle des
     barbares, ce que Delphes était pour la Grèce, — l' ombilicus terram .
    Ce fut le clergé des Gaules qui appela les Francs contre les Goths,
     haïs pour avoir rapporté de l'Orient l'arianisme grec. Ces Francs, un mélange
     de toutes les tribus allemandes, n'ayant dès lors aucune originalité de race,
     étaient établis depuis un siècle dans les marais de la Batavie et dans la
     Belgique. L'Église fit leur fortune. Jamais leurs faibles bandes n'auraient
     détruit les Goths, humilié les Bourguignons, repoussé les Allemands, s'ils
     n'eussent trouvé dans le clergé un ardent auxiliaire qui guida, éclaira leur
     marche, leur gagna d'avance les populations.
    On sait les victoires de Clovis, le chef qui commandait à ces
     barbares, et sa conversion au culte de la Gaule romaine.
    *
    Sous la seconde race, l'Église reste dominante, mais Reims hérite de
     Tours et devient la puissance épiscopale par excellence. Elle étendait sa
     juridiction en Austrasie, Neustrie, Bourgogne, au pays de Marseille, Rouergue,
     Gévaudan, Touraine, Poitou, Limousin, c'est-à-dire sur la plus grande partie de
     la France.
    Sur le reste du territoire, les
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