Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
Vom Netzwerk:
nord et du sud. Et parfois la guerre. En 387 avant Jésus-Christ, ce sont des Celtes venus du Nord de l’Italie qui, derrière leur chef Brennus, réussissent à vaincre les légions et à mettre Rome à sac. Les Romains garderont longtemps une peur panique de ces immenses et terrifiants guerriers. Ce sont eux qui leur donnent un nom : les Gaulois. Au ii e  siècle avant notre ère, la puissante République, dans sa logique expansionniste autour de la Méditerranée, opère une jonction entre l’Italie et sa colonie espagnole : la Provence, le Languedoc sont conquis et forment désormais une des grandes provinces romaines qui prendra, au temps de l’Empire, le nom de sa capitale régionale : la Narbonnaise.
    Au i er  siècle avant Jésus-Christ, Jules César, un général ambitieux, est appelé à l’aide par des tribus celtes alliées à Rome qui sont bousculées par la migration d’autres Celtes, les Helvètes. César profite de l’intervention pour étancher sa soif de conquête : il montera loin au nord, jusqu’au Rhin. L’expédition ne sera pas de tout repos. Parfois les tribus se soumettent, parfois elles se révoltent. Une fois même, un chef ennemi réussit à fédérer de nombreuses tribus pour s’opposer plus durement aux légions : c’est César lui-même qui nous en parle et nomme celui qu’il va vaincre, Vercingétorix. Mais comment être sûr d’une histoire qui n’est racontée que par son vainqueur ? À dire vrai, de cette conquête romaine on ne sait pas grand-chose. Certains historiens en minimisent l’horreur. Au contraire, certains autres parlent parfois de « génocide gaulois » et chiffrent les morts par dizaines de milliers.
    Une chose est sûre, ce sont les Romains qui, in fine , ont donné un nom et une unité à ce qui n’était qu’une partie du monde celte : la Gaule, pure création coloniale, en quelque sorte, un peu comme le seront dix-neuf siècles plus tard les pays d’Afrique, aux frontières forgées de toutes pièces par les colonisateurs.
    Une autre chose est indéniable : grâce à la conquête, ce vaste domaine va connaître quatre siècles de paix et de prospérité. On y verra des révoltes, bien sûr. L’Empire lui-même traverse des phases d’instabilité chronique. Dans les années 260, un général romain factieux, un certain Postumus, se fait même proclamer « empereur des Gaules ». Le pays connaît aussi l’essor de son commerce, de ses villes, de son agriculture, à l’abri du limes , la frontière gardée par les légions. Et les populations s’adaptent fort bien à ces temps nouveaux. Contrairement à Athènes, société raciste, l’Empire romain est ouvert, intégrateur, il s’appuie sur les élites des pays conquis et multipliera bientôt à l’envi les citoyens romains. En 212, l’édit de l’empereur Caracalla accorde la citoyenneté à tous les sujets libres de l’Empire. Nombreux sont les notables des provinces gauloises qui en profitent. Lors des périodes qui suivent, ces temps gallo- romains restent dans les mémoires comme le souvenir d’un paradis disparu. Au regard des malheurs qui bientôt accableront l’Occident, cela s’entend.
    Mais en quoi cette Gaule gallo-romaine concerne spécifiquement l’histoire de France ?
    D’abord, la carte des Gaules, comme on disait, dépasse de loin l’Hexagone tel qu’il existe aujourd’hui : la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et une large partie de l’Ouest de l’Allemagne y sont inclus. Cologne et Trèves furent elles aussi de brillantes cités gallo-romaines. Si les Gaulois sont « nos ancêtres », qui donc sont les leurs ? Ensuite, on l’a vu, tout ce territoire ne connaît pas la même histoire. On aurait sans doute fait hurler de rire les citoyens romains d’Aix-en-Provence, de Narbonne ou de Toulouse vers le i er  siècle avant Jésus-Christ si on leur avait dit qu’un jour on les confondrait, dans les livres d’histoire, avec ces Barbares du Nord buveurs de cervoise.
    Surtout, la mythologie gauloise ainsi nationalisée au xix e  siècle a réussi à enfoncer dans les têtes ce stéréotype qui y règne sans doute toujours un peu : nos racines, c’est la Gaule plus Rome, c’est-à-dire l’alliance de farouches guerriers et des merveilles de la civilisation latine. Le point amusant, c’est qu’à la même époque, pour des raisons similaires, les historiens de la moitié des pays d’Europe racontaient la même chose aux peuples de leur
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher