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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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aborder autrement. Il porte deux espoirs. Celui de donner à tous le goût des grands historiens. Celui d’apprendre à chacun ce réflexe salutaire : il faut toujours regarder le passé comme on considère le présent, avec de l’esprit critique.

Première partie
    La France
d’avant
la France

1
    Les Gaulois
    Des ancêtres très récents

    Reprenons donc là où nous avions commencé, chez « nos ancêtres les Gaulois ». Pourquoi diable négligerions-nous d’entamer notre périple avec ce bon vieux stéréotype ?
    D’abord, il est tellement ancré dans les esprits qu’il est difficile de ne pas l’évoquer. C’est paradoxal, mais c’est ainsi. N’importe qui, face à cet « incipit » fameux des manuels d’antan, sait à quoi s’en tenir : la formule sent la salle de classe d’avant guerre, les bêtises que l’on inculquait aux têtes blondes de la métropole, et aussi, tant qu’à faire, aux têtes brunes des colonies lointaines. Pour autant, aujourd’hui encore, dès lors qu’il nous faut trouver des images de l’origine de notre pays dans la suite obscure des siècles, on a bien du mal à en faire surgir une autre. Faites l’expérience. Remontez le plus que vous pouvez dans le temps. Loin, loin en arrière dans la nuit des premiers âges, vous discernerez sans doute des images de guerriers à demi sauvages, vêtus de peaux de bête, armés de massues, chassant des animaux disparus, dormant dans des cavernes, les fameux « hommes préhistoriques ». Vous savez que certains vécurent en France – notre pays ne s’enorgueillit-il pas des magnifiques peintures des grottes de Lascaux ? –, mais vous n’auriez pas l’idée pour autant de les relier à aucune nation en particulier. Arrive alors le chapitre suivant, qui vous apparaît plus clairement. Après les mammouths et les silex, voici les sangliers, les rudes banquets, la cervoise et les druides cueillant le gui dans les chênes millénaires. Astérix est passé par là. Les noms des héros et les grands rebondissements de l’épisode vous reviennent : en 52 avant Jésus-Christ, Jules César et ses légions envahissent ce pays qui serait l’ancêtre du nôtre, la Gaule. Un brave parmi les braves, Vercingétorix, sorte de Jean Moulin chevelu, tente de fédérer les tribus pour résister à l’envahisseur. Il gagne une victoire brillante, Gergovie, mais se laisse enfermer dans Alésia et, héros déchu, après un siège terrible, finit enchaîné derrière le char d’un César triomphant. Les Romains dominent donc. Voilà le temps des belles villas, des voies pavées qui sillonnent le pays, des monuments antiques, du pont du Gard, des arènes de Nîmes et de Lyon, « la capitale des Gaules », comme l’appellent encore aujourd’hui les journalistes en mal de périphrases. On a parfois de la chance de perdre les guerres, noterez-vous au souvenir de tant de merveilles. Certes, mais c’est une autre histoire.
    Repères
    – Dernier tiers du ii e  siècle av. J.-C. : conquête par Rome de tout le littoral méditerranéen, la « Gaule narbonnaise »
    – 58 à 51 av. J.-C. : Jules César envahit la Gaule ; battu à Gergovie et vainqueur à Alésia
    – Vers 260 apr. J.-C. : Postumus, général romain factieux, proclamé « empereur des Gaules » à Cologne
    Tout cela est ancré dans les esprits, donc, et nous convient parfaitement pour commencer cette nouvelle histoire de France telle que nous entendons la raconter. On verra ainsi dès ce premier chapitre qu’on apprend beaucoup en essayant de démonter les idées préconçues, et que l’on s’instruit plus encore en cherchant ce que l’on peut bâtir à la place.

    Il existe une façon simple de remettre en cause ce point de départ des vieux manuels qui nous semble éternel. Il suffit de poser la question que nous avons glissée déjà dans l’introduction : nos ancêtres sont donc les Gaulois, mais depuis combien de temps le sont-ils ? Saint Louis ou Louis XIV pensaient-ils eux aussi descendre des mêmes moustachus dépoitraillés ? Allons ! On est certain, bien au contraire, qu’ils n’en avaient même jamais entendu parler.
    À dire vrai, les intérêts de ces temps étaient autres. Dans un système monarchique qui se veut d’essence divine, la seule filiation qui compte – outre la filiation directe, qui lie le souverain à son prédécesseur – est celle qui s’accroche aux plans supposés de Dieu. Pour les rois de France, à ce titre, un
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