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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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(situés selon les historiens à côté de Châlons-en-Champagne ou à côté de Troyes). Le choc a été titanesque, les morts innombrables. Au lendemain de la bataille, dit-on, dans les rivières alentour ne coulait plus que du sang. Seulement le Hun et les siens ont perdu face à une coalition encore plus hétéroclite de Gallo-Romains, de Wisigoths, de Francs, d’Alains, de Burgondes, d’Armoricains menés par un des derniers grands héros de l’histoire romaine, Aetius. La défaite ne mettra pas fin à la carrière d’Attila. Il repart dans ses plaines d’Europe centrale puis revient piller l’Italie, camper devant Rome, renoncer là encore à l’attaque, avant de mourir brutalement, mais pas au combat – on ne contrôle pas toujours tout. Surtout, cela n’empêche pas le moment fatal de survenir. Le 23 août 476, Odoacre, chef des Skires, roi des Hérules et ancien ministre du chef hunnique, commet l’irréparable : il dépose Romulus Augustule, un gamin de seize ans au nom désormais maudit. Il restera celui du dernier des empereurs romains d’Occident. Pleurez, fils de Romulus et de Virgile, votre monde n’est plus. De notre côté de l’Europe, un long chapitre vient d’être clos. Le vaste ensemble ordonné que dix siècles avaient construit cède la place à une mosaïque de principautés belliqueuses et instables : les « royaumes barbares ». Selon le découpage qui prévaut toujours dans la majorité des manuels, la césure est franche : c’est de ce jour que l’on date la mort de l’Antiquité et le début du Moyen Âge.

    Rictus et poitrines velues
    Un empire de mille ans qu’un chef de tribu au nom imprononçable envoie rouler dans les boues de l’histoire d’un revers de la main ; des peuples entiers franchissant des fleuves gelés pour engloutir un monde et toutes les villes et tous les trésors de la Civilisation soudain réduits en pièces sous le glaive de sauvages jaillis des sombres forêts de Germanie. Ainsi présenté, il n’y a pas à dire : ce chapitre avait tout pour exalter les âmes fragiles. Le xix e  siècle romantique et morbide, ce siècle qui n’aimait rien tant que les histoires de mort et de ruines, en fut fou. Allez voir dans les musées, tous les peintres pompiers ont répondu à l’appel pour figer ces scènes dans d’immenses et saisissants tableaux où rien ne manque, ni les rictus des cruels vainqueurs, ni les fourrures couvrant leurs poitrines velues, ni les chairs blanches et offertes des Romaines sacrifiées et tremblantes. Cet érotisme de second rayon est un peu daté aujourd’hui, mais il faut le reconnaître, la vie et la mort des grandes civilisations reste un thème de méditation passionnant. Pour vous permettre de vous y livrer avec un rien de raison, on peut apporter aux contrastes brutaux de cette grande fresque quelques nuances.
    Odoacre, on vient de le voir, met fin à l’Empire romain. C’est un fait indéniable, qui a suscité depuis des siècles nombre de thèses d’historiens européens avides de comprendre cet effondrement incroyable. C’est aussi un fait qui n’est vrai qu’à moitié. Depuis la mort de Théodose, en 395, l’Empire, cette masse ingouvernable, a été divisé en deux. Seule la partie occidentale s’est effondrée en 476. L’empire d’Orient, lui, a résisté vaillamment, et résistera encore longtemps. Il a pour capitale cette ville à qui l’empereur Constantin a donné son nom : Constantinople – on l’appelle aussi Byzance. Contrairement à ce que pensent les Occidentaux qui l’effacent trop souvent de leur mémoire et de leur vision du monde, il montre que Rome peut survivre à Rome. L’Empire byzantin , centré sur le territoire de l’actuelle Turquie, qui s’étend des rives de l’Adriatique au Proche-Orient et à l’Égypte, perpétue brillamment la civilisation romaine, avec ses légions, ses codes de loi, ses grands poètes, ses jeux du cirque et ses grands empereurs. L’un d’eux, Justinien, règne au vi e  siècle. Aidé de ses généraux, les puissants Bélisaire et Narsès, il réussira à reconquérir une grande partie du legs des Césars : la moitié de l’Italie, le Sud de l’Espagne, la côte africaine. Les mémoires occidentales enterrent l’Empire romain un peu vite. Elles sont hémiplégiques. Côté Orient, ce faux moribond a encore de bien beaux jours devant lui : on date sa fin définitive de la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453 – cela ne
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