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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
Autoren: Reynaert
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lui laisse jamais que mille ans de bonus.

    Côté occidental, à la fin du v e  siècle, l’Empire romain s’est écroulé sous la poussée de hordes de peuples inconnus. Telle est en tout cas l’image que nous avons en tête. N’est-il pas raisonnable de la nuancer ?
    On l’a vu, les mécanismes qui ont abouti au grand basculement du v e  siècle ont pris deux ou trois siècles pour se mettre en place. On n’a pas encore souligné cette autre donnée : les longs siècles de face-à-face entre ceux qu’on voit comme des ennemis ne furent pas toujours un affrontement. Les univers latin et barbare étaient moins étanches l’un à l’autre qu’on ne l’a cru. Pendant des décennies, les voisins de part et d’autre du Rhin et du Danube ont bataillé parfois, se sont alliés souvent, ont commercé tout le temps, et se sont mélangés encore plus. Très vite, Rome négocie des alliances avec ceux-ci pour contrer ceux-là ; bientôt, elle ouvre son monde à de petits royaumes « fédérés », et son armée à un nombre de plus en plus grand de mercenaires. Vers la fin de l’Empire, les généraux qui le défendent sont presque tous germains ou goths.
    Les ponts sont plus fréquents qu’on ne l’imagine, même avec les peuples qui semblent les plus éloignés de Rome. Les Huns, véritables météorites des livres d’histoire, en disparaissent toujours aussi vite qu’ils y sont entrés, au grand galop. En fait, ils ont eu le temps, au nord du Danube, puis en Hongrie actuelle, de faire souche pendant plusieurs générations, d’y entretenir une cour brillante, d’y parfaire une civilisation raffinée, et d’entretenir avec Rome des relations complexes, mais réelles. Aetius, le général romain qui gagna la bataille des champs Catalauniques, était le fils d’un chef barbare servant l’armée impériale. Comme cela se pratiquait souvent avec les fils de dignitaires, alors qu’il était enfant on l’envoya comme otage ou invité à la cour des Huns, où il fut élevé avec les princes, dont Attila. Cela paraît incroyable, mais c’est ainsi : les deux chefs qui se firent face avec leurs dizaines de milliers d’hommes lors du gigantesque choc de 451 n’étaient pas les représentants de deux mondes n’ayant rien en commun. Ils étaient deux amis de jeunesse. Le propre secrétaire d’Attila était un Romain de Pannonie (l’actuelle Hongrie), nommé Oreste. Il a laissé une trace pour une autre raison : il était le propre père de Romulus Augustule, le dernier empereur. Cela ne modifie pas le cours des choses. Avouez-le, ça change la perspective.
    Cela nous aide surtout à comprendre une autre donnée fondamentale de ce moment. Pour la plupart, les Barbares qui vainquirent le vieil Empire romain en étaient de grands admirateurs. Nombreux sont leurs rois qui se convertirent au christianisme, la religion des Romains depuis le iv e  siècle – même si, on le verra au chapitre suivant, ils n’eurent pas toujours le flair de choisir les sectes chrétiennes les plus orthodoxes.
    Après avoir déposé Romulus, Odoacre ne brûle pas les symboles de Rome dans un grand bûcher expiatoire comme on le ferait d’une culture qu’on veut écraser. Bien au contraire ! Il envoie les insignes impériaux à l’empereur d’Orient et demande pour lui-même le titre on ne peut plus romain de patrice – une des dignités les plus élevées de l’Empire. Le pauvre aurait été frappé de stupeur si on lui avait dit qu’il entrerait dans la légende comme le fossoyeur de Rome : en chassant du trône un adolescent stupide et inexpérimenté, il se vécut sur le moment comme son restaurateur. Partout où ils imposent leur pouvoir, les nouveaux maîtres cherchent à s’appuyer sur les structures latines, non à les détruire. Le droit germanique se superpose au droit romain mais ne l’élimine pas. Dans les royaumes qu’ils fondent, les puissants guerriers germaniques dominent, mais la vieille aristocratie gallo-romaine tient toujours des postes essentiels, comme ceux d’évêques, par exemple, dont le rôle à l’époque dépasse de loin celui de simples guides religieux.
    Cherchez dans l’histoire universelle : cette figure n’est pas si fréquente. Je lis dans une histoire du peuple américain 1 cette justification de la conquête des terres indiennes par les Blancs : tous les peuples, nous explique en substance l’auteur, ont dû conquérir leur territoire au détriment d’autres
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