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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud
Autoren: Elizabeth Gaskell
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été extrêmement
heureuse avec le pauvre général, mon cher époux ; il n’en reste pas moins que
la différence d’âge est un handicap ; un handicap contre lequel je tenais à
prémunir Edith. Naturellement, sans aucune partialité maternelle, je pensais bien
que cette chère enfant se marierait de bonne heure ; au reste, j’avais souvent
dit que j’étais sûre qu’elle se marierait avant ses dix-neuf ans. J’ai eu un véritable
pressentiment lorsque le capitaine Lennox...
    Là, elle baissa la voix, mais Margaret n’eut aucun mal à suppléer
les paroles qu’elle ne distinguait pas. Dans le cas d’Edith, l’amour véritable avait
suivi son cours sans encombre. Mrs Shaw s’était abandonnée à son pressentiment,
pour reprendre sa propre expression, et elle avait fortement poussé dans le sens
du mariage, bien que cette alliance fût au-dessous des espoirs qu’entretenaient
de nombreuses relations d’Edith pour une héritière aussi jeune et jolie qu’elle.
Mais Mrs Shaw soutenait que sa fille unique devait faire un mariage d’amour,
affirmation qu’elle soulignait d’un soupir appuyé, comme si l’amour n’était pas
entré en ligne de compte dans son propre mariage avec le général. Mrs Shaw
appréciait encore plus que sa fille l’aspect romanesque des fiançailles de celle-ci.
Non qu’Edith ne fût véritablement amoureuse ; toutefois, elle eût sans doute
préféré une belle demeure à Belgravia [4] à tous les agréments pittoresques de la vie à Corfou telle que la décrivait le capitaine
Lennox.
    Les détails qui suscitaient l’enthousiasme de Margaret étaient
précisément ceux devant lesquels Edith faisait mine de frissonner et de frémir,
moitié pour le plaisir de voir son amoureux indulgent dissiper ses réticences à
force de cajoleries, moitié parce qu’elle éprouvait une répugnance réelle à vivre
en bohème ou dans l’improvisation. Cependant, si quelqu’un s’était présenté avec
une belle maison, un beau domaine et un beau titre en sus, Edith se fût cramponnée
malgré tout au capitaine Lennox le temps de la tentation ; ensuite, peut-être
eût-elle ressenti quelques menus regrets de ce que le capitaine Lennox ne réunît
pas en sa personne toutes les qualités désirables. En cela, elle était la digne
fille de sa mère qui, après avoir épousé de son plein gré le général Shaw sans éprouver
pour lui de sentiment plus ardent que du respect pour sa personne et son état, déplorait
discrètement mais constamment la dureté d’un sort qui l’avait unie à un homme qu’elle
ne pouvait aimer.
    Puis Margaret entendit de nouveau sa tante :
    — Je n’ai pas regardé à la dépense pour son trousseau. Elle
aura tous les somptueux châles et foulards indiens que le général m’avait offerts
mais que je ne porterai plus jamais.
    — Elle a de la chance, répondit une autre voix, que Margaret
reconnut : c’était celle de Mrs Gibson, une dame qui s’intéressait d’autant
plus à la conversation qu’une de ses filles s’était mariée quelques semaines auparavant.
Helen avait jeté son dévolu sur un châle indien, mais en vérité, lorsque j’ai découvert
le prix extravagant qui en était demandé, je me suis vue contrainte de lui en refuser
l’achat. Elle sera fort jalouse quand elle saura qu’Edith a des châles indiens.
D’où viennent-ils ? De Delhi ? Avec ces ravissantes petites bordures ?
    Margaret perçut à nouveau la voix de sa tante, mais cette fois,
elle eut l’impression que celle-ci avait quitté sa méridienne pour aller jeter un
coup d’œil dans le petit salon plongé dans une semi obscurité.
    — Edith ! Edith !  cria-t-elle avant de se
laisser retomber sur son siège, apparemment épuisée par cet effort.
    Margaret entra dans le salon.
    — Edith dort, ma tante. Que puis-je faire pour vous ?
    En entendant cette nouvelle alarmante concernant Edith, toutes
ces dames s’exclamèrent :
    — La pauvre enfant ! et le petit bichon que
Mrs Shaw tenait dans ses bras se mit à aboyer, comme s’il était sensible à
leur accès de compassion.
    — Tais-toi, Menue ! Vilaine ! Tu vas réveiller
ta maîtresse. Je voulais seulement demander à Edith de dire à Newton de nous descendre
les châles. Tu veux bien t’en charger, ma petite Margaret ?
    Margaret monta dans l’ancienne chambre d’enfants, au dernier
étage, où Newton était occupée à blanchir des dentelles en prévision du mariage.
Pendant que
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