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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud
Autoren: Elizabeth Gaskell
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parure.
Mrs Shaw tendit la main au nouveau venu ; Margaret resta parfaitement
immobile, pensant que son rôle de mannequin n’était pas encore terminé, mais elle
regarda Mr Lennox avec une expression animée et amusée, comme si elle était
sûre qu’il serait de connivence et comprendrait son sentiment de ridicule à être
surprise en pareille posture.
    Sa tante était fort occupée à presser Mr Lennox, qui n’avait
pu venir déjeuner, de questions concernant son frère le futur marié, sa sœur la
demoiselle d’honneur (qui venait d’Écosse avec le capitaine pour la cérémonie),
et les autres membres de la famille Lennox. Constatant qu’on n’avait plus besoin
d’elle pour présenter les châles, Margaret se mit en devoir de distraire les autres
visiteuses que sa tante avait momentanément oubliées. Quelques instants plus tard,
Edith fit son entrée au salon, plissant les paupières et battant des cils à cause
de la lumière plus vive de la pièce, et rejetant en arrière ses boucles légèrement
ébouriffées. On eût tout à fait cru voir la Belle au bois dormant tout juste arrachée
à ses rêves. Dans son sommeil même, elle avait senti d’instinct qu’un Lennox valait
la peine qu’on se levât, et elle avait mille choses à lui demander à propos de Janet,
sa future belle-sœur, encore inconnue d’elle et pour laquelle elle professait une
telle affection que si Margaret n’avait été si fière, elle en eût presque conçu
de la jalousie pour cette rivale de fraîche date. Lorsque sa tante se joignit enfin
à la conversation, Margaret s’effaça et remarqua que Henry Lennox dirigeait son
regard vers un siège vacant à côté d’elle ; elle savait pertinemment que dès
qu’Edith le libérerait de son interrogatoire, il viendrait prendre possession de
cette chaise. Compte tenu de la façon confuse dont sa tante avait fait état des
engagements du jeune homme, Margaret ne savait pas au juste s’il leur rendrait visite
ce soir-là ; d’abord surprise en le voyant arriver, elle acquit la certitude
que la soirée serait agréable. Il partageait à peu près les mêmes goûts et les mêmes
aversions qu’elle. Sur le visage de Margaret se peignit une honnête et franche animation.
Il ne tarda pas à s’approcher d’elle. Elle l’accueillit avec un sourire totalement
dénué de timidité ou d’embarras.
    — Alors, j’imagine que vous êtes toutes fort accaparées
par vos affaires... des affaires de femmes, s’entend. Très différentes des miennes,
qui sont des affaires juridiques pures. Jouer avec des châles est une activité qui
n’a rien à voir avec l’établissement de contrats.
    — Ah, j’aurais parié que cela vous amuserait beaucoup de
nous trouver toutes si occupées à admirer des fanfreluches. Mais en vérité, les
châles indiens sont des articles parfaits en leur genre.
    — Je n’en doute pas. Ils atteignent aussi des prix parfaits,
il n’y a pas à dire !
    Les messieurs arrivaient un par un et le bourdonnement des conversations
devint plus sonore et plus grave.
    — N’est-ce pas votre dernier dîner ici ? Il n’y en
aura plus d’ici jeudi ?
    — Non. Je pense qu’après ce soir, nous goûterons enfin le
repos, ce que je n’ai pas fait depuis de nombreuses semaines ; en tout cas,
ce repos qu’on éprouve lorsque les mains n’ont plus rien à faire et que sont terminés
tous les préparatifs d’un événement qui doit vous occuper la tête et le cœur. Je
ne serai pas fâchée d’avoir le temps de réfléchir, et je suis certaine qu’il en
va de même pour Edith.
    — Je n’en suis pas si sûr ; mais en ce qui vous concerne,
j’en suis convaincu. Chaque fois que je vous ai vue ces derniers temps, vous étiez
entraînée dans le tourbillon des activités de quelqu’un d’autre.
    — Oui, admit Margaret non sans tristesse, songeant à l’incessante
agitation autour de petits riens qui régnait depuis plus d’un mois. Je me demande
si un mariage est fatalement précédé par un tourbillon, comme vous dites, ou s’il
arrive parfois qu’il y ait une période de calme et de paix avant.
    — Pendant que la marraine de Cendrillon commande le trousseau,
le repas de noces, et rédige les invitations, par exemple, dit Mr Lennox en
riant.
    — Toutes ces démarches sont-elles absolument nécessaires ?
s’enquit Margaret, qui le regarda droit dans les yeux en attendant sa réponse.
    Après de multiples préparatifs répondant au seul
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