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Néron

Néron

Titel: Néron
Autoren: Max Gallo
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s’étaient pas réunis pour cumuler leurs vices ? Qui sait même si cet enfant n’était pas le fils de Caligula, son oncle ?
     
    Tout à coup, une voix forte a réclamé le silence, et un homme s’est avancé vers le lit, posant la main sur le front de l’enfant.
    J’ai reconnu Balbilus, l’astrologue, le devin, le prêtre le plus célèbre de Rome. Le corps enveloppé dans une ample toge, il portait un collier d’or et d’ambre qui lui descendait jusqu’au milieu de la poitrine.
    — Il est né du Soleil, a-t-il lancé. J’ai vu les rayons de l’astre le frapper avant même que la lumière n’effleure la terre. C’est le plus heureux des présages. L’enfant est sous la protection d’Apollon dont il a reçu les pouvoirs et les dons. Ce 15 décembre, un fils du dieu Soleil est né dans la maison même où est né avant lui l’empereur Caligula.
    Le reste des propos de Balbilus s’est perdu dans le brouhaha. Des esclaves portant une litière s’ouvrirent un passage parmi la foule.
    Agrippine était allongée sur les coussins de la litière, ses cheveux bouclés entourant son visage maquillé de blanc et de rouge.
    Bras tendu, elle a montré l’enfant et une matrone s’est approchée du lit, a saisi le nouveau-né par les poignets et l’a soulevé. Ainsi suspendu, le corps de l’enfant ressemblait à celui d’un animal écorché qu’on s’apprête à poser sur les braises. Lentement, le tissu blanc qui enveloppait son bas-ventre a glissé et le sexe et les bourses sont apparus. C’était, dans ce corps plutôt malingre, à l’exception de la tête ronde, comme une énorme protubérance brune et fripée.
    Des rires et des acclamations ont retenti dans la pièce.
    — Tu disais, Balbilus, qu’il était le fils du Soleil, du dieu Apollon, a commencé Agrippine. Mais c’est aussi mon fils. Je reconnais là ma chair. Regarde son membre généreux. Il régnera sur le ventre des femmes. Il engendrera des fils issus de son sang, qui est le mien et celui de César et d’Auguste. Il est né pour régner.
    Elle s’est redressée, les coudes enfoncés dans les coussins, le torse droit, le visage levé.
    Elle a continué de parler, ses mots tombant comme des coups de hache, puis, tout à coup, sa voix s’est faite mélodieuse et enjôleuse.
    Agrippine s’est tournée vers moi.
    — Serenus, dis à mon frère, le grand empereur Caligula, que sa sœur Agrippine lui présente le mâle descendant des fondateurs divins de notre famille !
    Elle m’a invité d’un geste impérieux à m’approcher de la litière, m’a saisi le poignet et m’a tiré vers elle, m’obligeant à me pencher, la bouche contre ses cheveux, respirant ses parfums âcres, cette odeur de poudre.
    Elle a chuchoté qu’elle savait combien son frère était inquiet de la naissance de cet enfant.
    — Il a peur de tout ce qui lui échappe. Tu es son espion, Serenus. Rapporte-lui ce qu’a dit Balbilus. Mon fils, fils d’Apollon : Caligula va imaginer mes désirs…
    Sa voix est devenue plus rauque.
    — Croit-il que j’aurais souffert pour enfanter un fils si ce n’était pour qu’il règne un jour ?
    Elle m’a tiré davantage vers elle, et j’ai senti la caresse de ses lèvres sur mon oreille.
    — Serenus, tu es un délateur, mais si tu es prudent, si tu tiens à ta vie, ne lui dis pas que je suis prête à mourir de la main de mon fils si c’est le prix à payer pour qu’il règne.
    Elle a frappé du plat de la main le bord de sa litière que les esclaves ont soulevée et emportée hors de la pièce.
    La foule l’a suivie et devant la dépouille du lion et le corps de l’enfant ne sont restés que Domitius Ahenobarbus et sa sœur Lepida. Des esclaves commençaient à enduire d’huile le nouveau-né et à le masser.
    Domitius Ahenobarbus s’est approché de moi.
    — Quels secrets t’a confiés Agrippine ? Quel message pour son illustre et divin frère ? m’a-t-il demandé.
    Accrochée au bras de Domitius, Lepida riait silencieusement.
    — Dis à l’empereur que d’un serpent ne peut naître qu’un serpent, a repris Domitius. Il n’ignore pas qui nous sommes. Alors, qu’avait-il besoin de t’envoyer ici ? D’Agrippine et de moi il sait qu’il ne peut naître rien que de détestable et de funeste à l’État.
    Il s’est éloigné sans un regard pour cet enfant dont la tête reposait sur la crinière du lion.

 
     
3
    J’ai vu le soupçon et la mort rôder autour de cet
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