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Néron

Néron

Titel: Néron
Autoren: Max Gallo
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avait été conquise il y avait près de cent ans par Pompée. Il fallait que Néron, fils d’Apollon, relevât le défi afin que Rome ne restât pas humiliée, d’autant plus que l’Orient tout entier s’embrasait.
    Les populations qui haïssaient les Juifs et que la paix romaine avait contenues profitaient de la révolte de Judée pour massacrer ceux-ci. Les Syriens en avaient égorgé plus de vingt mille à Césarée, les Égyptiens cinquante mille à Alexandrie.
    Le préfet d’Égypte, Tibère Alexandre, Juif apostat, avait dû faire intervenir les légions, mais le Delta, le quartier juif d’Alexandrie, avait été dévasté et était jonché de cadavres.
    Il fallait agir vite.
     
    J’avais écouté.
    La Judée, Jérusalem, le peuple Juif : le dieu Christos que j’avais invoqué me donnait des signes.
     
    Je connaissais le général Flavius Vespasien auquel Tigellin conseillait de confier le commandement de l’armée d’Orient.
    Je savais que sa vie avait tenu à une distraction de Néron.
    Les délateurs avaient rapporté que Vespasien n’assistait pas à tous les concours et spectacles auxquels participait Néron. On l’avait même surpris ensommeillé alors que la « voix céleste et divine » s’élevait.
    J’avais cru, entendant cela, que Néron allait envoyer ses médecins « soigner » Vespasien.
    Mais, au même instant, les juges étaient arrivés pour décerner une nouvelle couronne de triomphe à Néron.
    Et Vespasien n’avait été qu’exilé dans une petite ville d’Achaïe.
     
    Il fut donc désigné pour commander les légions de Judée et la rumeur aussitôt se répandit que l’Orient était le ventre d’où sortaient les maîtres du monde.
    On rappela que de nombreux présages avaient accompagné la vie de Vespasien.
    Un jour, pendant qu’il déjeunait, un chien étranger lui avait apporté d’un carrefour une main d’homme et l’avait déposée sous la table.
    Une autre fois, durant son dîner, un bœuf de labour qui avait secoué son joug avait fait irruption dans la salle à manger, mis en fuite les serviteurs, puis était tombé juste aux pieds de Vespasien, devant son lit, et lui avait présenté son cou.
    Dans une terre de sa famille, un cyprès qui, sans être couché par le moindre orage, s’était abattu, déraciné, se releva, le jour suivant, plus vert et plus solide.
    On murmurait aussi que, peu après son arrivée en Achaïe, aux côtés de Néron, Vespasien avait rêvé qu’un temps de prospérité commencerait pour lui et pour les siens dès que l’on aurait arraché une dent à Néron. Le jour suivant, le médecin lui montra, en s’avançant dans l’atrium, une dent qu’il venait d’extraire à l’empereur.
     
    J’écoutais la rumeur, mais mon maître Sénèque m’avait appris à me défier des présages.
    Je savais seulement que Vespasien partait pour la Judée à la tête de trois légions, et que cette terre et le peuple qui y vivait avaient vu naître Christos, ce Dieu unique que Néron n’avais jamais honoré, mais, au contraire, combattu, suppliciant ceux qui croyaient en lui.
    Néron était, avait dit les chrétiens, l’Antéchrist, la Bête, le Mal.
    Je partageais ce jugement.
    J’entendais en moi une voix me répéter : « Va, va ! »
     
    Je me suis rendu auprès de Vespasien.
    C’était un rude soldat qui avait combattu en Germanie et en Bretagne, obtenu le triomphe et avait été nommé gouverneur d’Afrique.
    Intègre, il en était revenu si pauvre qu’il avait dû, pour tenir son rang, s’adonner au métier de maquignon, si bien qu’on l’avait surnommé le « Muletier ».
    Je m’assis en face de lui et lui demandai de faire partie de son état-major.
    J’osai lui dire que je préférais la guerre aux jeux, la Judée à la Grèce.
    Il me dévisagea. Il avait déjà choisi pour légat son fils aîné, Titus, mais je pouvais me joindre à eux.
    Je me souvenais de Titus.
    Il avait été, adolescent, le compagnon de jeux de Britannicus.
    Il avait goûté le breuvage empoisonné qui tua Britannicus, et il en avait été malade plusieurs jours durant.
    Il était d’une grande beauté et d’une vivacité joyeuse. On l’avait dit débauché ; mais il avait été aussi tribun militaire en Germanie et en Bretagne.
    Un instant, j’ai hésité, craignant que Titus ne fut que l’un de ces jeunes gens que les mœurs nouvelles, leur perversion, l’exemple de Néron avaient à tout jamais corrompus.
    Mais qui pouvait
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