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Néron

Néron

Titel: Néron
Autoren: Max Gallo
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d’approbation de Néron, voire d’une hésitation ou d’un silence passant pour tels, et les prétoriens se rendent auprès de leur proie.
    On accuse. Tel a connu Agrippine. Tel a fait partie du cercle des amis de Pison ou de Sénèque. Il lui faut se soumettre, livrer ses biens, mourir en s’ouvrant les veines.
     
    Peut-être ai-je survécu parce que, à l’exception de ma demeure de Capoue, je ne possédais rien ?
    Et cette villa, pour Néron, ses délateurs, ses affranchis, n’était qu’une vieille bâtisse modeste construite sous la République, au temps de César, par mon ancêtre Gaius Fuscus Salinator.
     
    Néron, lui, n’en finissait pas d’étendre sa Maison dorée, empiétant sans cesse sur les terrains de Rome. Et l’on pouvait lire sur les murs de la ville cette épigramme : Rome tout entière va devenir sa maison ! Citoyens, partez pour la ville de Véies, si du moins cette maudite Maison n’englobe pas bientôt Véies !
     
    Comme tous les passants, j’ai à peine osé lever les yeux pour déchiffrer cette inscription. Les délateurs devaient se tenir aux aguets afin de capter les regards, d’entendre les commentaires, de désigner aux prétoriens ceux qui avaient paru sourire, s’étaient attardés, avaient semblé approuver cette critique visant l’empereur.
    Aux bêtes fauves ! Aux supplices, les imprudents !
    Et, pour les espions, les récompenses.
     
    Néron est généreux pour ceux qui le servent.
    Les affranchis qui l’entourent, Epaphrodite, Sabinus, s’enrichissent, obtiennent magistratures et gloire.
    Sabinus devient préfet du prétoire à la place de Faenius Rufus, tué comme complice de Pison.
    Les compagnons de débauche, et cette femme, l’intendante des plaisirs, Calvina Crispinilla, sont couverts de dons.
    J’ai vu Néron, corps alangui, lever lentement la main, désigner le citharède Ménécrate et lui allouer par ce simple geste un patrimoine et une demeure de triomphateur. Et faire de même, depuis sa loge dans l’amphithéâtre, pour le mirmillon Spiculus qui, avec sa courte épée, protégé seulement par un bouclier et un casque, venait de repousser les assauts successifs de trois rétiaires qu’il avait égorgés malgré leurs tridents et leurs filets.
    Tous ceux-là, acteurs, gladiateurs, musiciens, affranchis, délateurs, et la plèbe elle-même acclamaient Néron.
    Rien ne pouvait les révolter !
    Pas même qu’à Paneros Cercopithecus, un usurier qu’il avait enrichi en lui offrant domaines et villes, il fit réserver des funérailles dignes d’un roi !
    Pas même qu’il honorât chaque jour, devant ses proches et parfois aux yeux de tous les spectateurs de l’amphithéâtre, une petite statuette de bois représentant une jeune fille qu’un inconnu, citoyen de la plèbe, lui avait remise en lui assurant qu’elle le protégerait des complots. Puisque la conspiration de Pison avait été dans le même temps découverte et ses membres suppliciés, Néron honorait la statuette comme une divinité toute-puissante à laquelle il offrait chaque jour trois sacrifices !
     
    Je n’ai jamais entendu une voix s’élever ou simplement murmurer pour s’étonner que l’empereur du genre humain, tel le plus superstitieux des plébéiens, fit plus de dévotions à une statuette maladroitement sculptée qu’à Jupiter vainqueur, ou même à Apollon dont il assurait être le fils !
    J’ai pensé que la plèbe de Rome accepterait tout de lui.
    Et ceux qui le méprisaient ou le haïssaient le craignaient trop pour le combattre.
    Et ceux qui l’entouraient profitaient trop de sa puissance pour l’abandonner ou le trahir.
    Il pouvait donc tout se permettre.
    L’on disait même – je l’ai déjà rapporté – qu’il songeait à changer le nom de Rome. Il voulait que la ville de Romulus et de Remus s’appelât désormais Néropolis.
    Elle fut cela durant plusieurs semaines quand le roi d’Arménie, Tiridate, après un voyage de neuf mois, débarqua en Italie.
    Il avait promis au général Corbulon de venir se faire sacrer, lui, déjà roi et prêtre dans sa religion, à Rome par Néron.
    Et la ville entière s’enthousiasma, fêta en Néron l’empereur triomphant, le pacificateur, celui qui enfin forçait l’empire des Parthes à reconnaître la grandeur de Rome et son pouvoir.
    J’écoutai les louanges. J’assistai aux fêtes, aux célébrations. J’étais fasciné, mon corps pris dans la foule si dense qu’elle en paraissait
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