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Néron

Néron

Titel: Néron
Autoren: Max Gallo
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proposa une somme énorme à condition qu’on le laisse disposer du reste de sa fortune.
    Tigellin accepta.
    Mêla écrivit quelques phrases, puis, se lamentant de l’injustice de sa mort, il s’ouvrit les veines, et le sang coula le long de ses bras.
     
    Pétrone, lui, était une âme libre et fière.
    Il avait rassemblé ses amis dans sa demeure de Cumes, en Campanie. Il avait reçu l’ordre de l’empereur de n’en plus sortir. Il connaissait la jalousie de Tigellin et la perversité de Néron.
    L’un et l’autre voulaient que la peur le déchirât, que sa crainte fut avivée par l’espérance.
    Pétrone refusa de se soumettre. Il sortit, libre, de ce jeu cruel.
    Il commença à réciter avec insouciance des poèmes légers tout en s’ouvrant les veines, puis il demanda à être bandé, car il voulait prendre encore un peu de temps.
    Il se mit à table. Il dormit.
    Il donna des récompenses et la liberté à certains de ses esclaves. Et il en fit fouetter d’autres.
    Puis il se mit à écrire, racontant, sans jamais citer le nom de Néron, des nuits de débauche, décrivant des accouplements inédits, inattendus, les prêtant à des inconnus. Mais chacun comprendrait que l’empereur en était l’acteur.
    Puis il scella le livre et l’envoya à Néron.
    Enfin il demanda qu’on lui ôtât ses bandes, but quelques verres de vin de Faleme et d’Alba, et d’une main ferme s’ouvrit les veines des jambes.
    Son corps se vida vite et Pétrone mourut comme on s’endort.
     
    C’est le Sénat qui devait décider du sort de Thrasea et de sa fille Servilia.
    Un jour d’août, à l’aube, j’ai vu deux cohortes prétoriennes armées prendre position autour du temple de Génitrix.
    À l’entrée du Sénat, j’ai aperçu des groupes d’hommes en toge portant ostensiblement des épées.
    J’ai entendu les commandements des centurions qui disposaient des escouades de soldats dans le forum romain et dans ceux d’Auguste et de César, cependant que d’autres cernaient les basiliques d’Aemelia et Julia.
    C’est sous leurs regards et leurs menaces que les sénateurs ont pénétré dans la Curie.
    On m’a rapporté les propos des accusateurs.
    Cossutianus Capito a affirmé que Thrasea était un individu qu’attristait le bonheur de tous, qui considérait les forums, les théâtres, les temples comme autant de déserts.
    Thrasea rassemblait autour de lui tous les ennemis de Néron, fils d’Apollon, qui venait d’assurer la gloire de Rome et la paix du monde.
    Il pensait à s’exiler.
    Le Sénat devait se montrer impitoyable.
    Il fallait que Thrasea rompît, en perdant la vie, avec cette cité qu’il avait cessé depuis longtemps d’aimer et qu’il voulait maintenant cesser de voir.
    Puis parut Servilia.
    Elle s’allongea sur le sol devant l’autel d’Auguste. Elle en embrassa les degrés. Elle pleura, jura qu’elle n’avait invoqué aucun dieu impie, prononcé aucune formule d’exécration.
    — Je n’ai demandé dans mes malheureuses prières rien, sinon que mon père, le meilleur des pères, soit sauvé et par toi, César, et par vous autres, pères de la Patrie.
    On écouta Thrasea.
    Mais quel sénateur pouvait entendre le père et la fille alors que l’assemblée était encerclée par des hommes en armes ?
    On décida donc de condamner Thrasea et Servilia, mais on leur laissa le choix de leur mort.
    Quant à Cossutianus Capito il reçut pour son accusation cinq millions de sesterces.
     
    Un jeune questeur rapporta à Thrasea le texte du senatus-consulte. Thrasea se retira dans sa chambre et tendit aussitôt ses deux bras à son chirurgien afin qu’il lui ouvrît les veines.
    Le sang s’écoula, se répandant sur le sol.
    Thrasea dit alors au questeur :
    — Nous offrons cette libation à Jupiter libérateur. Regarde, jeune homme, et que les dieux détournent ce présage, mais tu es né pour vivre à une époque où il est utile d’affermir son âme par des exemples de fermeté.
     
    Servilia avait comme son père une âme libre. Elle mourut dignement.
    Tout comme moururent Vinicianus et Corbulon.
    Le premier, à Rome même, dénoncé avant d’avoir pu rassembler les quelques hommes décidés à tuer le tyran.
    Corbulon, lui, convoqué par Néron, crut aux éloges que lui décernait dans son message l’empereur. Il se rendit auprès de lui, abandonnant ainsi son armée qui était à la fois son bouclier et son glaive. Quand il se présenta à Néron, les soldats
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