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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes
Autoren: David Camus
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au roi de regagner Jérusalem.
    — Alors, dit Amaury à la foule suspendue à ses lèvres, nous t-t-traversâmes l’étrange mêlée, où des morts se donnaient de nouveaux camarades.
    Il ferma les yeux.
    — En vérité, je m’interroge… Étaient-ils tous d-d-décédés quand nous quittâmes le tombeau ? Je n’en suis pas certain. Il me semble avoir vu un jeune Mahométan ramper dans notre direction… Mais je n’ai pas le souvenir qu’il ait pu sortir du t-t-tombeau. La dernière image que j’ai de lui, c’est celle de sa main ensanglantée posée sur la fresque du grand escalier.
    Amaury promit d’envoyer très bientôt une expédition murer ce tombeau, après l’avoir vidé des cadavres qui s’y trouvaient. Surtout, il promit d’envoyer à Saladin ses plus sincères condoléances. Le jeune vizir d’Égypte devait encore raffermir son pouvoir, mais Amaury songeait déjà à l’utiliser contre Nur al-Din…
    La pièce s’acheva, sur le triomphe d’Amaury. Les troubadours furent ovationnés, et on leur demanda de rejouer la partie où Morgennes surgissait dans la tombe pour sauver le roi – ce qu’ils firent.
    Morgennes étant enfin armé chevalier, bien des personnes vinrent le féliciter. Guillaume de Tyr et Alexis de Beaujeu, évidemment, mais également Guillaume de Montferrat, Balian d’Ibelin, Renaud de Sibon, ainsi que deux des chevaliers que Morgennes avait croisés jadis au Krak : Keu de Chènevière et Raymond de Tripoli – dont la rançon avait été payée, et que les Damascènes venaient de libérer.
    Tous le congratulèrent et le pressèrent de prendre place sur le dernier siège libre de la Table Ronde.
    — Chevalier, lui dit Alexis de Beaujeu, je suis heureux de t’accueillir parmi nous. T’es-tu choisi une devise ?
    — Oui, dit Morgennes. « Mort pour mort. »
    — Souhaites-tu nous en livrer le sens ?
    — Non.
    — Ma foi, dit Raymond de Tripoli. C’est son droit. Beaucoup de chevaliers, qui ont fort belle devise, gardent par-devers eux sa signification.
    — Sans compter, dit Guillaume de Tyr, qu’en plus de donner une nouvelle chance au royaume, Morgennes a sauvé l’un de ses compagnons d’armes, Dodin le Sauvage. Il faut lui rendre grâce de cet exploit qu’il a payé très cher, si j’ai bien compris…
    — Racontez-nous, beau doux sire, fit une voix.
    Morgennes jeta un coup d’œil en direction de la scène, et vit que le décor représentant le tombeau de saint Georges avait été remplacé par des marécages. C’était son tour de monter sur scène, et de raconter son histoire :
    — Une fois sorti des Marécages de l’oubli, je savais qu’y retourner signifiait prendre le risque de me perdre. Pourtant, il y avait un homme, quelque part au milieu de ces marais, que je ne pouvais me résoudre à abandonner. Ce n’était pas n’importe qui…
    Il marqua une pause, et regarda la foule.
    Les gens l’écoutaient, buvant ses paroles, s’efforçant peut-être de se remémorer le « Chevalier à la Poule » qu’il avait été autrefois, mais n’y arrivant pas.
    Morgennes cherchait quelqu’un du regard.
    Dodin.
    Quand il le vit, l’air hagard et les yeux dans le vague, soutenu par deux Templiers, Morgennes le salua discrètement et reprit son discours :
    — Il s’agissait de Dodin le Sauvage, avec qui Galet le Chauve et moi-même avions rendu moult services à Sa Majesté, lors de notre séjour au Caire. Dodin s’était perdu dans ces marais. D’ailleurs, je crains que son âme ne s’y trouve encore, et je suis bien conscient de n’en avoir rapporté que l’écrin.
    Nouvelle pause de Morgennes. Il semblait avoir du mal à poursuivre. Mais cette histoire, il l’avait promise. Pourtant, il doutait. Se souvenait-il de tout ? Sa mémoire n’était plus aussi fiable qu’autrefois. Elle était devenue normale.
    —  Je marchais, sans tenir compte ni des heures ni des jours, me nourrissant de mousses, de racines et de champignons. Je mangeais ce que je trouvais, sans me demander si c’était bon ou mauvais. J’arpentais ces marais, en long, en large et en travers. Et jamais, jamais je ne trouvais Dodin… Jusqu’au jour où, croyant arracher un peu de mousse à une souche d’arbre, je me rendis compte qu’il s’agissait d’un homme. C’était lui ! La végétation avait commencé de l’engloutir. Je m’étais juré de le sortir de là, mais cette souche était-elle encore lui ? Aussi l’aide appelé, comme si son
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