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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes
Autoren: David Camus
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à toi, Morgennes !
    — Honneur à vous, Majesté ! répondit Morgennes.
    La salle cria d’une seule voix :
    — Vive le roi ! Vive Morgennes !
    Enfin, après de longues acclamations, Amaury dégaina Crucifère, la leva pour la montrer à tous, puis la remit au fourreau. L’heure était solennelle. Tout le monde se taisait, sauf, aux pieds de l’immense table ronde qu’Amaury avait rapportée d’Alexandrie, Alpha II et Oméga IV – qui se poursuivaient en jappant.
    — Chut ! leur fit Baudouin, en prenant Oméga contre lui.
    Le chiot lui mordit le doigt, mais Baudouin ne réagit pas.
    Il n’avait rien senti.
    — Vilain ! fit Baudouin en donnant une tape sur le museau du chien.
    Guillaume de Tyr était inquiet. Visiblement, l’enfant n’avait pas eu mal quand le chien l’avait mordu. Était-ce normal ? Prenant la main du petit prince dans la sienne, il l’observa attentivement. Pour que Baudouin ne se doute de rien, il lui désigna les décors de l’estrade, où des artisans avaient reconstitué le tombeau de saint Georges afin d’expliquer comment Amaury avait récupéré Crucifère.
    La cérémonie allait bientôt commencer. Ensuite, la pièce reprendrait.
    Alors les coudes s’entremêlèrent, les poitrines se frôlèrent, les jambes se mélangèrent. Des « Poussez-vous ! », des « Laissez-moi passer ! », des « J’y vois rien ! », des « Mais où vous croyez-vous ? », des « Messire, s’il vous plaît ! » retentirent en un sourd brouhaha. Un gamin de six ans se glissa entre les jambes des aînés, escalada un obèse, descendit le long d’un maigrichon, et réussit à se faufiler au premier rang. Ce gamin s’appelait Emmanuel et n’avait qu’un rêve : être fait chevalier. Rêve impossible, car il n’était pas noble. Mais qu’importe. Aujourd’hui, Emmanuel était aux anges. Les yeux grands ouverts, il regarda Amaury s’approcher de Morgennes.
    Celui-ci se tenait humblement agenouillé. Tête baissée, il attendait le baiser de son roi – qui était occupé à lui fixer ses éperons.
    — Puissent-ils te rendre ardent au service de D-d-dieu ! déclara Amaury.
    Morgennes frémit. Sur quel cheval allait-il les étrenner ? Car il n’avait plus de montures. Celles dont il s’était servi pour rallier le tombeau de saint Georges avaient rendu l’âme, épuisées, et Iblis appartenait désormais à Alexis.
    Suivit un chuintement familier : celui de Crucifère sortie de son fourreau. Amaury brandit sa magnifique épée, la tint en l’air un instant puis la rabattit brutalement sur Morgennes. À gauche il fut frappé, puis à droite. Violemment. Ses épaules encaissèrent le choc, il serra les poings, les dents, mais ne cilla pas.
    Alors le roi lui dit :
    — Relève-toi Morgennes, meilleur q-q-qu’auparavant !
    Une larme roula au coin des yeux de Morgennes. Il était chevalier ! À trente-cinq ans passés. Jamais individu n’avait été adoubé si tard. C’était une première.
    Dans la foule, Emmanuel souriait béatement. Il n’avait que six ans, mais savait déjà qu’il venait de vivre l’une des plus belles journées de sa vie…
    — Majesté, réclama-t-il alors d’une toute petite voix, nous direz-vous enfin pourquoi ? Vous nous aviez promis ! L’histoire de Morgennes. Et celle de Crucifère…
    La foule rit de son audace. L’humeur était à la fête, aux réjouissances. Amaury, amusé de ce qu’un enfançon lui ait adressé la parole aussi directement, répondit :
    — En effet, j’ai promis. P-p-place au spectacle !
    Des troubadours, qui interprétaient les rôles de Guillaume de Tyr, d’Amaury, d’Alexis et de Morgennes, montèrent sur la scène où l’on avait recréé le tombeau de saint Georges.
    Émerveillée, la foule écoutait le roi raconter comment, alors qu’il s’apprêtait à se battre contre les Sarrasins, Morgennes l’avait mis en garde :
    — Majesté, non ! N’oubliez pas : dans ce tombeau, qui se bat périra… Venez avec moi !
    Guillaume de Tyr, Amaury et Alexis avaient suivi Morgennes au plus profond de la tombe, non loin du squelette de saint Georges. Comme prévu, lorsque les soldats du Yazak avaient pénétré dans le tombeau, les ombres s’étaient animées et jetées sur eux. Et logiquement, les Sarrasins s’étaient défendus. Ne pouvant tuer ce qui était déjà mort, ils avaient été taillés en pièces.
    Les ombres ayant mis les Sarrasins hors de combat, Morgennes avait proposé
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