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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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Thomasina avança à pas lents jusqu’à elle.
    — Sommes-nous seules ? répéta-t-elle.
    La veuve passa une langue fébrile sur ses lèvres.
    — Bien sûr, Thomasina, ils sont tous partis et le curé est allé porter le viatique à un de ses paroissiens malades.
    — Parfait.
    La servante indiqua la porte de la sacristie.
    — Ce que j’ai à vous dire exige que nous soyons absolument seules.
    — Oh, ne sois pas sotte ! s’exclama la Gumple, recouvrant son aplomb. Qu’as-tu donc à me dire ?
    Thomasina se redressa de toute sa hauteur et pointa un doigt accusateur sur la veuve.
    — Maîtresse Gumple, déclara-t-elle, et sa voix forte résonnait sous les voûtes comme le carillon d’une cloche. Maîtresse Gumple, devant Dieu et devant les hommes, je vous accuse de chantage.
    La Gumple ouvrit grande la bouche.
    — Que veux-tu dire ? murmura-t-elle.
    — Rien de plus que ce que j’ai dit, rétorqua Thomasina.
    Détournant les yeux, la Gumple souleva le bas de sa robe et descendit les marches avec précaution.
    — Il est peut-être préférable que nous parlions, admit-elle d’une voix sifflante.
    À peine avait-elle atteint la dernière marche que Thomasina la saisit brutalement par le bras pour l’entraîner à travers le choeur jusqu’à la porte entrouverte de la sacristie. Elle poussa la méchante veuve à l’intérieur et entra à son tour, tel un molosse prêt à donner la mort. La Gumple, adossée au mur, roulait des yeux affolés, à présent, et sa guimpe avait glissé sur son front.
    — Asseyez-vous ! lui ordonna Thomasina, tirant un tabouret devant elle.
    La veuve obéit. La servante la dominait de toute sa hauteur, avançant un poing vengeur vers son gros nez empâté.
    — Je ne vous aime pas, veuve Gumple ! tonna-t-elle. Vous n’êtes qu’une hypocrite qui passe son temps dans cette église à chercher toutes les occasions de se faire valoir, mais c’est votre affaire. Tout comme votre penchant pour les hommes jeunes, que vous payez pour les faveurs qu’ils vous accordent. Terrifiée par la furie qui la dominait, la Gumple soutenait le regard de Thomasina, ses yeux comme deux baies de cassis.
    — Des hommes jeunes, reprit Thomasina, comme Alexander Wyville, par exemple. Je me doute que vous le connaissiez avant qu’il n’épouse ma maîtresse, et Dieu seul sait si vous avez continué à le fréquenter après qu’il a reçu le saint sacrement du mariage.
    La Gumple ouvrit la bouche et la referma.
    — Inutile de me le dire, gronda Thomasina, votre vie vous appartient, mais que savez-vous de la disparition d’Alexander
    Wyville ? Et pourquoi avez-vous envoyé cette missive à ma maîtresse, demandant qu’on laisse des pièces d’or sur une tombe du cimetière ?
    — Je n’ai rien envoyé, protesta la veuve d’une voix chevrotante.
    — Si, mais ma maîtresse ne l’a jamais reçue. C’est moi qui ai intercepté votre lettre. Je me suis rendue au cimetière où je me suis cachée. À part deux amoureux qui ne pouvaient connaître Alexander ni d’Adam ni d’Ève, la seule personne qui est apparue, c’est vous !
    Thomasina se pencha sur la Gumple.
    — Oh, vous êtes sortie par la porte latérale, et vous faisiez semblant de vous intéresser à un problème de la paroisse, mais je sais qui vous cherchiez, en vérité : ma maîtresse ! À moins que ce ne fût l’or qu’elle aurait pu apporter ? Ou bien vouliez-vous l’obliger à admettre certaines choses ?
    La veuve Gumple secoua la tête, muette.
    — Espèce de grosse truie pleurnicheuse ! gronda Thomasina. C’est vrai que le docteur Swinbrooke a commis un acte terrible en tentant d’empoisonner l’homme qui battait sa fille. Mais quand il est rentré chez lui, Alexander avait disparu, et il n’a retrouvé de lui que son manteau abandonné en cet endroit des berges de la rivière qu’il affectionnait tant. Vous connaissez ce coin, j’en suis sûre, et je pense même que vous y avez rejoint Alexander plusieurs fois. Thomasina s’éclaircit la gorge.
    — À mon avis, voilà comment les choses se sont passées : Alexander Wyville a bu le vin empoisonné, mais comme il était déjà ivre, sans doute en a-t-il vomi la plus grande partie. Néanmoins, il sentait bien que quelque chose n’allait pas. Il est sorti en titubant de la maison par la porte de derrière, qui donne sur la traverse, et puis ou bien il s’est rendu chez vous, ou vous l’avez rencontré. Peut-être l’avez-vous
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