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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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aidé à dessoûler en le faisant encore vomir. Quoi qu’il en soit, Wyville ne voulait pas rentrer chez lui pour affronter son beau-père. Il a donc abandonné son manteau au bord de la rivière pour faire croire qu’il s’était noyé, puis vous l’avez aidé à sortir de la ville afin qu’il rejoigne Faunte et ses troupes rebelles. Thomasina approcha son visage à quelques centimètres seulement de celui de la veuve Gumple :
    — Je ne me trompe pas, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, accusatrice. Et ne mentez pas ! Savez-vous comment la loi punit les maîtres chanteurs ? On les brûle vivants dans un baquet d’huile. Mais je risque bien de vous tuer avant !
    Thomasina fit semblant de chercher un poignard sous sa cape et poursuivit, doucereuse :
    — Néanmoins, si vous avouez la vérité, cela restera entre nous, et je jure sur la croix de Jésus que je n’en dirai rien à Maîtresse Swinbrooke. À condition bien sûr que vous n’envoyiez plus de lettres.
    Terrifiée, la Gumple demeurait sans voix. Elle se contenta de hocher la tête.
    — Qu’avez-vous à répondre ? insista la servante.
    La veuve, d’une voix mal assurée, commença :
    — C’est vrai, je connaissais Alexander Wyville, qui était membre de cette paroisse. Je... Je m’entretenais volontiers avec lui, et... et je fus étonnée quand il se fiança à Maîtresse Swinbrooke. Je connaissais en effet certaines de ses habitudes secrètes, son goût pour le vin, son caractère violent.
    La Gumple remit sa coiffe en place avant de poursuivre :
    — Quoi qu’il en soit, le mariage fut célébré.
    Elle se tut et regarda vers la porte.
    Ah, comme elle avait dû rire sous cape, la vieille pie, en sachant quel loup venait d’entrer dans la paisible bergerie des Swinbrooke ! songeait Thomasina.
    — Continuez ! ordonna-t-elle.
    — Un jour, Alexander m’a annoncé qu’il partait rejoindre l’armée lancastrienne. Il était épris de Kathryn, a-t-il ajouté, mais la trouvait froide et distante, et son père lui inspirait une grande crainte. Une nuit, Alexander est venu chez moi dans un état terrible. Des taches de vin maculaient son pourpoint, et il sentait plus mauvais qu’un porc. Il prétendait que le docteur Swinbrooke l’avait empoisonné, et que, s’il n’avait pas vomi, il serait mort. Comme il se plaignait d’avoir mal au ventre, je lui ai enfoncé une plume d’oie dans la gorge pour le rendre encore plus malade, puis je l’ai obligé à boire de l’eau encore et encore. Il s’est alors endormi un moment. À son réveil, il avait encore très peur que Swinbrooke ne le recherche pour le tuer. Je lui ai demandé pourquoi, et il m’a avoué comment il avait horriblement battu Kathryn. Il voulait l’abandonner, a-t-il dit, fuir son mariage. Il était las de Cantorbéry, et il partirait chercher fortune avec les lancastriens. Il avait une bourse pleine. Je lui ai donné des vêtements de mon défunt mari. Il m’a demandé d’aller déposer son manteau au bord de la rivière. Ainsi, espérait-il, Swinbrooke et sa fille le croiraient noyé. Puis il est parti, et je ne l’ai plus revu.
    — C’est vrai ?
    La veuve Gumple se remit péniblement debout.
    — Je le jure, dit-elle.
    — Et ces lettres que vous avez envoyées à Maîtresse Kathryn ?
    — Je n’ai jamais aimé le docteur Swinbrooke, et sa fille prend de si grands airs...
    La Gumple haussa les épaules tandis que Thomasina la foudroyait du regard.
    — Je pensais qu’elle s’était fiancée à Alexander pour m’ennuyer. Oh, je sais que Wyville lui a causé du mal, néanmoins je m’agaçais de la voir si tranquille, si sereine.
    — Elle ne l’était pas, grinça Thomasina. Les brutalités de son époux l’ont profondément bouleversée. Sans compter que son père a fini par lui avouer le forfait terrible qu’il avait tenté de commettre. Or ma maîtresse, elle, n’a rien fait de répréhensible. Vous n’aviez aucun droit de vous acharner contre elle comme vous l’avez fait.
    Thomasina recula d’un pas et pointa un doigt sur la veuve.
    — Je garderai votre secret, mais si vous essayez encore de faire chanter Maîtresse Swinbrooke, je vous tuerai, j’en fais le serment !

 
    CHAPITRE XII
    En rentrant à Ottemelle Lane, Thomasina trouva Kathryn dans sa chambre, occupée à lire le manuscrit de Chaucer.
    — Maîtresse ?
    Kathryn se retourna et la servante fut saisie en voyant son visage défait.
    — Au nom du Ciel,
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