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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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allée conduisant sur le côté du manoir. Un regard autour d’elle suffit à la convaincre que Colum n’aurait jamais pu s’établir ici. La végétation avait tout recouvert, et du jardin on ne distinguait pratiquement plus rien. Quant à la maison, un petit manoir fortifié, elle était complètement délabrée. Il n’y avait plus de volets aux fenêtres, plusieurs portes pendaient sur leurs gonds, et en maints endroits le toit s’était effondré, laissant la charpente à nu sous le ciel. Kathryn passa derrière la bâtisse et ce qu’elle y vit était encore pire : la vaste cour était envahie de mauvaises herbes, et les écuries, la forge et les dépendances étaient en ruine.
    — Y a-t-il quelqu’un ? cria-t-elle.
    Le silence lui répondit. Kathryn sauta de cheval. Colum ne tarderait pas à arriver. Peut-être avait-il dépêché le messager trop tôt.
    Après avoir attaché sa jument, elle ouvrit la petite porte menant à la cuisine. À l’intérieur, tout était pourri : le plâtre des murs s’écaillait à cause de l’humidité, et Kathryn dut relever sa jupe pour éviter qu’elle traîne dans l’eau qui stagnait par terre. Elle emprunta un couloir très sombre, qui sentait le moisi. Les salles du rez-de-chaussée étaient à l’abandon, cependant l’escalier en pierre menant à l’étage paraissait à peu près solide. Un oiseau qui nichait quelque part dans la charpente s’envola bruyamment. Kathryn sursauta, se maudissant pour sa couardise.
    — Il faudra des mois pour remettre cette demeure en état, murmura-t-elle.
    Dans les bois entourant le manoir, elle entendit de doux roucoulements de colombes et tendit l’oreille, guettant le moindre son. Elle se prit à frissonner tant la solitude des lieux était pesante.
    Soudain elle se figea : elle venait d’entendre un bruit à l’étage du dessus. S’y trouvait-il quelqu’un ? Un messager que Colum avait dépêché ? Puis elle perçut un geignement, comme si quelqu’un souffrait. Elle grimpa l’escalier jusqu’à mi-hauteur.
    — Qui est là ? appela-t-elle.
    La plainte reprit, suivie d’une inspiration sifflante.
    — Kathryn... je vous en prie...
    — Colum ? souffla-t-elle.
    Était-il rentré ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Kathryn gravit quatre à quatre les quelques marches qui restaient. La porte en haut de l’escalier était entrouverte : elle la poussa.
    Il régnait dans la pièce une odeur fétide à laquelle se mêlaient des relents de moisi. Et il n’y faisait pas très clair, car l’unique fenêtre ouvrait à l’est, c'est-à-dire à l’opposé du soleil de cette fin d’après-midi. Dans la semi-obscurité, Kathryn distingua une forme indéfinissable gisant sur une pauvre couche, dans l’angle de la pièce.
    — C’est vous, Colum ? lança-t-elle.
    Puis, prenant son courage à deux mains, elle avança. Soudain, une des lattes de bois du plancher céda sous ses pas et se brisa dans un craquement sinistre. Étouffant une exclamation, Kathryn porta les yeux au plafond. Par les trous béants, elle pouvait voir les chevrons de la charpente et des pans de ciel. Elle se remit en marche vers le lit et en tira les couvertures.
    Tout d’abord, elle ne vit rien ; effleurant de la main le matelas, elle sentit quelque chose d’humide et de poisseux. Puis, comme ses yeux s’habituaient à l’obscurité, elle comprit que la forme sur la couche n’était autre qu’un tas de chiffons. Cependant, en haut du lit, là où aurait dû se trouver un coussin, gisait la tête tranchée d’un chien, ses babines encore retroussées en une sorte de sourire que la mort avait surpris et crispé, une grosse langue rouge sortant entre deux rangées de dents jaunes.
    Horrifiée, Kathryn poussa un hurlement. La porte derrière elle claqua. Elle pivota au moment où s’éclairaient de grosses bougies sur la table, au fond de la pièce.
    — Qui est là ? demanda-t-elle d’une voix rauque.
    Une ombre se déplaça dans le cercle de lumière des chandelles, et, tout de suite, Kathryn sut.
    — Crapule d’assassin ! siffla-t-elle.
    Elle regarda le plancher, vit à quel point les planches étaient vermoulues. Elle avança d’un pas.
    — N’approchez pas davantage, garce !
    La voix était étouffée, empâtée. Kathryn vit la silhouette emmitouflée dans une ample cape, le capuchon tiré bas sur le visage masqué.
    — Bonjour, Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn approcha encore. C’est alors qu’elle perçut
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