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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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accompagnerais.

 
    Château de Saint-Germain-en-Laye.
    — Tu as bien compris ? demanda François de Guise.
    — Oui, monsieur le duc.
    — Vous ne vous tromperez pas d’appartement, insista Charles de Lorraine.
    — Non, monseigneur.
    — Et vous noterez le détail de tout.
    — De tout.
    — Fais-toi bien discret !
    — J’essaierai...
    — Comment cela, « j’essaierai » ?
    François empoigna le jeune clerc par l’épaulement du pourpoint et, l’amenant dans le clair de lune jusqu’à son visage balafré, martela chaque mot de sa mise en garde.
    — Fais-toi seulement repérer, maraud, et tu es un homme mort !
    Le malheureux clignait des yeux comme un petit chien pris en faute.
    — Ce garçon n’est point sot, estima Charles ; je suis certain qu’il s’acquittera fort bien de sa mission.
    Il tendit au petit clerc une lampe à mèche ainsi qu’une bourse, pour prix de son travail ; Vincent Caboche bredouilla un remerciement. Il allait prendre congé quand le grand capitaine le figea sur place.
    — Tu n’oublies rien ? grogna-t-il.
    Le jeune homme, pour toute réponse, se contenta de déglutir.
    — La clé, malheureux !
    — Enfin, mon ami, s’impatienta le cardinal : réfléchissez, que diable !
    Le duc lui remit la clé d’un geste hésitant, comme à regret.
    — Tâche de ne pas nous décevoir, conclut-il avant d’entraîner son frère par le bras.
    Tous deux disparurent dans la nuit.
    Vincent se massa le ventre. Exécuter le plan des frères de Guise n’était pas sans risque ; mais d’un autre côté, s’il réussissait nul doute que de vastes perspectives s’ouvriraient devant lui.
    Il se mit un instant à couvert sous un appentis, et alluma sa petite lampe. L’ombre de sa tignasse hirsute fut alors projetée sur un mur ; il fit le geste de se recoiffer. Le petit espion attendit un peu, le temps de s’assurer qu’il n’était pas lui-même suivi. Puis il s’engouffra prestement, par la porte de service, dans le logis de la reine d’Ecosse. Il franchit comme un chat les quelques marches indiquées, prit le couloir à main gauche, monta jusqu’à l’étage noble par un degré minuscule...
    C’est alors que la réalité se dissocia de la description du cardinal : Vincent se trouvait en face, non pas d’une, mais de deux portes cloutées ! Il essaya la clé dans les deux serrures ; seule celle de gauche l’acceptait... Alors il débarra le vantail, le poussa non sans précaution et, comme prévu, tomba sur une resserre – en fait, une garde-robe. Il s’y engouffra, le coeur battant, écarta des étoffes pour se faire une place et, au fond de la petite pièce, découvrit un beau panneau marqueté qu’il entrebâilla. Pointant sa lampe au-delà, il put alors deviner les décors à fresque d’un somptueux vestibule.
    Vincent se replia dans la garde-robe, éteignit la petite lampe et attendit. Combien de temps ? Cette veille lui parut interminable, et d’autant plus qu’isolé dans l’obscurité, il lui fallait lutter contre le sommeil ; mais après moins d’une heure, sans doute, il perçut du mouvement derrière l’huis principal : des visiteurs s’entretenaient avec les gardes. Vincent retint sa respiration et colla son oeil au bord du panneau.
    Trois personnages avaient pris possession du vestibule, dont un valet engoncé dans une cape, qui allumait les torches.
    Le jeune clerc, depuis sa cachette, reconnut sans peine le plus imposant des deux autres : c’était, comme il s’y attendait, le connétable de Montmorency. Seulement le vieux sanglier n’était pas venu seul ; le suivait un seigneur de haute taille, emmitouflé lui aussi. Et lorsque ce gentilhomme défit son manteau brun, Vincent étouffa un juron. Le coeur au bord des lèvres, il fit même un bond en arrière.
    « Le roi ! se dit-il. Le roi ? Est-il possible que le roi se fasse le complice du connétable et vienne déshonorer lui-même la petite reine Marie ? »
    Cela paraissait tout à fait extraordinaire.
    Vincent songea d’abord à s’enfuir, à oublier ce qu’il venait de voir. Mais aussi vite, il mesura l’importance du retournement, et la chance pour lui d’en être le témoin. L’idée de combler les frères de Guise – mieux : de les étonner – lui donna du courage. Et tandis que les visiteurs frappaient en gloussant comme des collégiens à la porte des appartements de Marie Stuart, le jeune intrus passa presque la tête au-dehors pour mieux les
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