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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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épier.
    C’est la gouvernante qui vint leur ouvrir – ravissante Jane Flemming ! Cette beauté fit dans le vestibule une entrée d’elfe, ses cheveux défaits, ondulants, épars sur un déshabillé qui ne cachait rien de sa gorge ronde, blanche, admirable. A la stupéfaction de Vincent, elle fit des cajoleries au roi aussi bien qu’à son compagnon ; et les prenant chacun par un bras, les entraîna dans son sillage vers des chambres invisibles.
    Un songe, voilà ce qu’il venait de vivre ! Ainsi donc, ce n’était pas la petite reine que Montmorency venait voir ; et dans toute cette affaire, lui-même servait avant tout d’entremetteur au roi en personne ! « Oh, lady Jane... »
    Vincent se pinçait les lèvres. Délicatement, il referma sur lui le panneau marqueté de la garde-robe ; puis il ressortit comme il était venu, à pas de loup.
    Jamais Mgr de Lorraine, jamais le duc de Guise n’allaient croire ce qu’il avait à leur raconter. Il se sentait dépositaire d’un grand secret, de ceux qui vous confèrent le pouvoir – quand ils ne vous broient pas.

 
    Château d’Anet.
    Confrontés à la vérité quant aux sorties nocturnes de Montmorency, les frères de Guise avaient pris aussitôt la mesure du péril. L’ambition du connétable était transparente : profiter de la convalescence de Diane pour jeter le roi dans les bras d’une nouvelle maîtresse, avec l’espoir qu’il finirait par se lasser de sa vieille duchesse et de ses alliés ! C’était tellement grossier que le cardinal de Lorraine s’en voulait de n’avoir pas vu le coup venir.
    — Ce fieffé renard a bien failli nous posséder, remâchait-il comme une antienne.
    Son frère avait dépassé le stade des lamentations.
    — La chose urgente, à cette heure, est de mettre Madame au courant ; je doute en effet qu’avertie, elle se laisse évincer sans réagir...
    Les Guises avaient jugé le petit Caboche idéal pour cette nouvelle mission ; il était trop peu connu pour mettre en alerte les hommes du connétable, trop bien informé pour décevoir les besoins prévisibles de la duchesse en détails croustillants.
    Et voilà comment, par une journée d’août grise et pluvieuse, un jeune clerc harassé gagna le bourg d’Anet à dos de mule. Il laissa son escorte à l’auberge, et prit seul, trempé, affamé, le chemin du château.
    Diane le fit conduire droit à ses vastes cuisines flambant neuves et là, sans craindre de se mêler au personnel, vint elle-même, appuyée sur une canne d’ivoire, l’interroger tout à loisir. On avait installé la pelisse et le béret du garçon devant un grand foyer, dans l’intention de les faire sécher ; et tandis qu’il engloutissait, avec l’appétit d’un lionceau famélique, une nichée de cailles dans lesquelles il taillait à grands coups de dague, la duchesse de Valentinois revint cent fois à ce récit qui, curieusement, paraissait l’exciter autant qu’il la désolait.
    Elle promenait son beau regard mauve, tout éploré, de la lettre signée « Lorraine » à ce messager trop jeune, dont le visage enfantin paraissait celui même du destin.
    — Mon petit, fit-elle remarquer dans un accès de bienveillance, tu as les oreilles et le nez bien rouges ; il ne manquerait plus que tu tombes malade...
    Vincent la rassura d’une moue et, d’un coup de paluche maladroit, affecta de recoiffer sa tignasse brune. La duchesse se retourna vers son intendant qui, penaud, venait de gagner les cuisines sur la pointe des pieds.
    — Eh bien, où en sommes-nous ?
    — Tout sera prêt, madame la duchesse, dans un quart d’heure, tout au plus. Mais encore une fois...
    — Écoutez, mon ami : je me moque de savoir quelle heure il est, quel temps il va faire, et dans quelle phase se trouve la lune. Je dois être à Saint-Germain au plus vite ! Me suis-je bien fait comprendre ?
    — Certainement, madame...
    — Ai-je été claire ?
    — Parfaitement claire.
    — Bien. Alors, cessez de m’encombrer de vos mises en garde, et faites avancer ma litière.
    L’intendant courba l’échiné et détala comme un lapin.
    Diane relut, pour la dixième fois peut-être, les dernières lignes de la main du cardinal ; puis elle décocha au petit Caboche le plus fabriqué des sourires.
    — Et donc, tu ne connais pas ce valet qui les accompagnait...
    — Si, de visage. Mais encore une fois, je ne me rappelle plus son nom... Attendez : Griffon, peut-être ?
    — Pierre du
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