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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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n’était suivie que de sa gouvernante et de son oncle, François de Guise – celui qu’une terrible balafre, gagnée au siège de Boulogne, avait rendu célèbre dans toute la chrétienté.
    — Madame, plastronna le duc, que Votre Majesté excuse l’empressement de ma nièce ; c’est le pendant de sa vivacité !
    Et sans laisser à la souveraine le temps de répondre, il vint se ficher droit devant Anne de Montmorency.
    — Votre pape, lança-t-il sans aucun préambule, n’aura donc pas tardé à tourner casaque : le maréchal de La Marck l’a trouvé du dernier bien avec les amis de l’empereur !
    — Le pape est votre pasteur autant que le mien, répondit avec calme un connétable que ce genre de saillie n’impressionnait guère. Cela dit, je ne crois pas que le lieu, ni le moment, soient choisis pour en débattre.
    Le Balafré émit un grognement. Il en voulait beaucoup à son grand adversaire de s’être opposé, quelques mois plus tôt, à l’élection de son oncle sur le trône de saint Pierre ; or justement, le candidat {6} élu grâce aux manoeuvres du connétable se révélait rien moins que loyal envers la France.
    — Il se pourrait même que le concile {7} ne soit de retour à Trente avant longtemps ; n’est-ce pas très précisément ce qu’attendaient nos ennemis ?
    — Qui a bien pu vous dire cela ?
    — C’est Madame qui me l’écrit.
    Catherine cilla. Certes l’habitude s’était répandue, à la Cour, d’appeler Diane « Madame », mais en général, les personnes de qualité s’en abstenaient chez la reine. Question de courtoisie.
    Montmorency la vengea sur-le-champ.
    — Alors vous êtes mal renseignés l’un et l’autre, articula-t-il. Car le nouveau nonce me promettait tout le contraire ce matin même.
    François de Guise n’était pas homme à s’en laisser conter.
    — Nous serons bientôt fixés... Mais sachez une chose, en tout cas : s’il devait s’avérer que, d’une manière ou d’une autre, votre ami del Monte – je veux dire : le Très Saint-Père – venait à nous trahir, vous en porteriez la responsabilité devant le roi.
    — Je ne me soustrais jamais à mes devoirs. Contrairement à d’aucuns...
    — À qui, par exemple ?
    — Enfin, messieurs !
    La reine, sidérée qu’on pût s’oublier à ce point devant elle, avait dû rappeler à l’ordre les deux chiffonniers. Ils firent l’effort, l’un comme l’autre, de ravaler leur rancoeur. Cherchant une diversion, Catherine se crut obligée de complimenter la gouvernante de Marie.
    — Lady Jane, dit-elle, à vous voir aussi radieuse, on ne s’étonne pas que votre petite maîtresse soit toujours épanouie.
    La jeune femme remercia d’une sobre révérence. Il est vrai qu’elle possédait un divin port de tête, un teint sublime et les plus fascinants cheveux d’or rouge qu’on pût imaginer. Il flottait, tout autour d’elle, comme une impression palpable de grâce et de féminité.
    Le connétable renchérit.
    — La reine dit vrai, madame ; et le fait est que, si votre jeune maîtresse est notre rose d’Ecosse, vous en êtes une autre. Assurément.
    Nouvelle révérence, beaucoup moins sobre.
    Le nourrisson s’étant remis à pleurer, Marie Stuart courut jusqu’au berceau.
    — Puis-je le prendre dans mes bras ? demanda-t-elle avec un soupçon d’impatience.
    — Je n’y tiens pas, répondit la mère. Vous êtes trop jeune. Mon fils n’est pas une poupée...
    L’enfant n’insista pas. Mais Lady Jane, pour l’avoir vue blémir, sut tout de suite que ce refus l’avait blessé.

 
    Château d’Anet.
    Le cardinal de Lorraine passait pour l’homme le plus charmant de son temps. Son beau visage, tout en finesse, sa parfaite éloquence et ses manières exquises le faisaient regarder comme un exemple achevé d’homme de cour. Les plus grandes dames se disputaient l’honneur de le traiter ; et puisque le roi lui-même ne cessait de l’employer à diverses missions, il n’était pas un seigneur qui ne se fût glorifié de l’obliger.
    Comme son frère aîné, le duc de Guise, et les autres membres de cette fratrie solidaire – mais avec plus de grâce, peut-être, ou moins d’efforts visibles – il semblait né pour gravir les degrés de la fortune jusqu’à des cimes vertigineuses. Ces dispositions ascensionnelles l’avaient tôt désigné à l’intérêt de Diane ; elle n’avait dès lors rien ménagé pour s’en faire mieux qu’un ami selon
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