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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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conseils troublent l’enfant.
    « Il y a des espions autour de Sa Majesté », murmure La Porte.
    Il ajoute que certains veulent maintenir le roi dans l’ignorance, l’empêcher de côtoyer des gens de bien capables de lui enseigner de bons sentiments, et c’est pour cela qu’on écarte les précepteurs de qualité et qu’on retire du cabinet du roi les bons livres !
    Louis se tait, et La Porte ajoute :
    « On sait que Sa Majesté a de l’esprit, qu’il voit et entend toutes choses, et c’est ce que l’on craint. »
    Ces « certains », ce « on », il n’est pas besoin que La Porte les nomme, ce sont le cardinal Mazarin et ses affidés.
    Louis se détourne. Il ne veut plus entendre La Porte. Comment pourrait-il se dresser contre le cardinal alors que sa mère en a fait son surintendant, ministre d’État, le premier de son Conseil, son conseiller, son confident, le guide de son fils ?
    Louis ne peut lui en vouloir. Elle est sa mère, si pure, si tendre. Il devine, sans pouvoir l’exprimer, ce qu’Anne d’Autriche ressent pour Mazarin, qu’elle confiera à la comtesse de Brienne :
    « Je t’avoue que je l’aime et je puis même dire tendrement, mais l’affection que je lui porte ne va pas jusqu’à l’amour, ou si elle y va c’est sans que je le sache, mes sens n’ont pas de part ; mon esprit seulement est charmé de la beauté de son esprit. Cela est-il criminel ? Ne me flatte point et sois assurée que s’il y a dans cet amour l’ombre du péché, j’y renonce dès maintenant devant Dieu et devant les saints dont les reliques reposent dans cet oratoire. »
    Louis accepte cette faveur, cette affection, cette attirance. Il la sent partagée par le cardinal, qui écrit à Anne d’Autriche :
    « Nous sommes unis ensemble par des liens que vous êtes tombée d’accord, Madame, plus d’une fois avec moi qu’ils ne pouvaient être rompus ni par le temps ni par quelques efforts qu’on y fît. »
     
    Sa mère et le cardinal lui paraissent inséparables, et ils sont près de lui quand la fièvre tout à coup le saisit, ce lundi 11 novembre 1647, que les douleurs glissent le long de son dos, tordent ses reins, et qu’il entend les médecins, penchés autour de lui, répéter ces mots de « petite vérole » qu’il découvre pour la première fois.
    Sa mère ne lui paraît pas inquiète. Elle se penche vers lui, caresse ses joues brûlantes, lui murmure qu’il perdra peut-être un peu de sa beauté. Mais les rois sont aimés, même s’ils ont la peau grêlée.
    Sa présence et son calme le rassurent.
    Les médecins pourtant insistent pour le saigner, le purger. Et la fièvre l’emporte. Il perd conscience. Il lui semble qu’autour de lui on s’affole, sa mère elle-même s’évanouit.
    On le saigne. La fièvre serre sa tête. Il entend le cardinal chuchoter à Anne d’Autriche que l’oncle de Louis, le duc Gaston d’Orléans, festoie en son palais du Luxembourg car, Louis XIV mort, il suffira de se débarrasser de son frère Philippe pour que Gaston accède enfin au trône.
    Louis ouvre les yeux, son corps est couvert de pustules. On lui présente un verre de calomel et de séné. Il obéit. Il boit. Il subit les saignées, les incisions et les lavements. Il est entre les mains de Dieu et il s’abandonne donc à ces médecins qui se chamaillent, les uns partisans d’une nouvelle saignée, les autres préférant la purgation qui « fait sortir l’humeur qui fermente dans le bas-ventre et particulièrement dans l’estomac ».
    Il vomit. Il lui semble que les visages et les contours des meubles et de la chambre sont à nouveau nettement dessinés. Il se redresse un peu. Les médecins le félicitent. Il a échappé à une mort quasi certaine, disent-ils. Ils louent le courage, l’assurance, la fermeté, la grandeur de l’enfant.
    Louis regarde sa mère. Durant ces deux semaines de maladie elle ne l’a pas quitté, alors que le Palais-Royal s’était vidé de tous les courtisans, affolés devant les risques de contagion.
    Il est reconnaissant au cardinal d’être resté auprès de la reine, ne s’absentant que pour « donner ordre aux affaires les plus importantes de l’État ».
     
    Louis a vu, de ses yeux voilés par la maladie, Anne d’Autriche et Mazarin, épaule contre épaule, penchés vers lui.
    Il ne les séparera pas. Il n’oubliera pas cette première rencontre avec la mort. Il n’a pas eu peur.
    Il est le roi.

4.
     
    Louis s’approche
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