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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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Deum, de la victoire de Condé à Lens, pour s’emparer des deux parlementaires. Mais l’opération a été mal conduite, la population alertée a même tenté de s’opposer à l’arrestation de Broussel.
    Louis ne peut plus s’intéresser aux jeux de guerre auxquels il s’adonne habituellement. La guerre est dans les rues de Paris, barrées par des centaines de barricades, six cents, dit-on. Les gardes suisses campent dans les jardins, car le Palais-Royal qui ne comporte pas de fossé peut être attaqué, envahi.
    La foule l’entoure. Louis entend les cris, les chants, les lazzis.
    « Un vent de fronde s’est levé ce matin et je crois qu’il gronde contre Mazarin. »
    Louis observe, silencieux.
    Il a l’impression qu’il est à nouveau assailli par une maladie, et qu’il ne peut pour triompher d’elle que croire en lui, se défier de tous ; de son oncle Gaston d’Orléans, de sa cousine la Grande Mademoiselle, de ce Paul de Gondi, coadjuteur de l’archevêque de Paris, qui vient souvent au palais, parle longuement avec Anne d’Autriche, conseille à voix basse, s’éloigne lorsque paraît Mazarin. Viennent aussi le prince de Conti – frère de Condé –, le duc de Longueville, tous ces grands qui s’inclinent cérémonieusement.
    Louis veut que pas un des traits de son visage ne bouge. Il devine derrière ces révérences la jubilation, l’avidité de princes qui rêvent de s’emparer du pouvoir, qui espèrent que la révolte de Paris, la rébellion des parlementaires leur permettront d’assouvir leur ambition.
     
    Il se sent seul dans ce palais assiégé par la foule. Il voit s’avancer les magistrats du Parlement, en une longue procession d’hermine et de pourpre. Ils viennent réclamer, acclamés par les émeutiers, la libération du conseiller Broussel et du président Blancmesnil.
    Il entend sa mère crier :
    « J’étranglerai plutôt Broussel de ces deux mains. »
    Puis Mazarin entraîne Anne d’Autriche, cependant que retentissent de nouvelles mousqueteries, que des hurlements plus forts encore encerclent le palais. La foule vient d’apprendre que la reine refuse de libérer le conseiller et le président du Parlement. Elle agresse les magistrats revenus bredouilles.
    Mais bientôt ce sont des cris de joie, des acclamations. La reine a cédé. On relâche Broussel et Blancmesnil.
     
    Louis ressent cette concession comme une injustice.
    Est-ce que sa mère renonce à le réprimander, à le menacer du fouet, à le châtier quand il se rebelle contre son autorité, qu’il commet une impertinence ? Et cependant il est le roi. Et voici qu’elle s’incline devant des émeutiers qui l’ont insultée, défiée, dont il a vu les visages déformés par la haine, dont il a entendu les cris, les insultes adressées à Mazarin :
    Pour tout dire Mazarin
    Ta carcasse désentaillée
    Par la canaille tiraillée
    Ensanglantera le pavé
    Ton Priape haut levé
    Sur une gaule
    Dans la capitale de Gaule
    Sera le jouet des Laquais.
    Il n’est qu’un enfant, mais il serre les poings. Il n’acceptera jamais d’être traité ainsi. Un roi ne capitule pas. Un roi impose son autorité. Un roi punit. Il regarde avec une compassion mêlée de mépris son frère cadet Philippe qui, atteint à son tour par la petite vérole, geint et pleurniche. Celui-là ne sera jamais roi.
    Anne d’Autriche prend prétexte de son état pour quitter Paris, le 13 septembre.
    On fuit donc. On s’installe au château de Rueil.
    Louis se morfond alors que les pluies de septembre et d’octobre rayent l’horizon, que les brouillards couvrent la Seine.
    Louis va d’une pièce à l’autre. Les meubles sont rares. Dans les cheminées le bois humide fume au lieu de brûler. L’humidité imprègne les draps troués.
    Un roi peut avoir froid et vivre des jours sans gloire. Il peut être contraint de quitter sa capitale et de céder au Parlement, aux rebelles, s’il veut y rentrer, ce 31 octobre 1648.
    Ce n’est pas cela, se conduire en roi.

5.
     
    Louis est indigné, humilié.
    Il sent que Paris, cette ville bruyante, reste rebelle. Autour du Palais-Royal, ce sont presque tous les jours des rassemblements de populace. Il ne peut se rendre à Notre-Dame que protégé par une forte escorte. Et la foule gronde ou se détourne. Il aperçoit les délégations des parlementaires qui traversent les salles du palais, arrogantes. Et la reine est contrainte de les écouter. Autour d’elle, les princes du sang, les
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