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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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à fleurs de lys, doit donc entendre Omer Talon dire :
    — Vous êtes, Sire, notre Souverain Seigneur.
    Mais Talon ajoute :
    — Il importe à votre gloire que nous soyons des hommes libres et non des esclaves. Être roi de France, c’est régner sur des hommes de cœur, des âmes libres, et non sur des forçats…
    Louis tourne insensiblement la tête.
    Il devine à son expression la colère de sa mère. Près d’elle, en retrait, le cardinal Mazarin, les yeux mi-clos, est impassible. C’est pourtant contre lui que se dresse le Parlement, hostile aux nouveaux impôts que Mazarin a décidé de créer.
    Car l’argent manque. Il faut financer la guerre contre l’Espagne. Les paysans pressurés, affamés, se sont révoltés dans plusieurs provinces. En Rouergue, en Guyenne, en Bretagne, ces croquants ont dû être traqués par l’armée comme des bêtes sauvages. Et leurs meneurs condamnés aux galères. Mais l’argent n’est pas rentré pour autant.
    Louis a compris depuis longtemps ce que signifiaient les soupirs de son valet La Porte, ses yeux levés au ciel, ses accusations muettes contre Mazarin qui remplirait ses coffres avec l’argent du royaume.
    Mais que faire quand on n’est qu’un enfant ? Vieillir ! Patienter ! Laisser ce cardinal rapace vous retirer les cent louis que le ministre des Finances vous a remis. Coucher dans des draps troués, découvrir que le cuir des portières de son carrosse est entièrement emporté, que les jambes sont ainsi exposées à la pluie, à la boue, et, las de toutes ces mesquineries, se plaindre à la reine, au surintendant des Finances, et à Son Éminence qui s’incline, patelin, promet que Sa Majesté va se voir attribuer cinq carrosses neufs…
    Louis regarde à nouveau Omer Talon. L’avocat général poursuit sa harangue. Est-ce cela un lit de justice, quand le Parlement devient accusateur au lieu de s’incliner devant la volonté du roi ?
    — Il y a, Sire, dit Omer Talon, dix ans que la campagne est ruinée, les paysans réduits à coucher sur la paille, leurs meubles vendus pour le paiement des impositions auxquelles ils ne peuvent satisfaire, et que pour entretenir le luxe de Paris des millions d’âmes innocentes sont obligées de vivre de pain et de son. S’ils possèdent encore leurs âmes en propriété, c’est qu’elles n’ont pu être vendues à l’encan…
    Est-il possible de tolérer un tel discours ? D’accepter que les différentes chambres du Parlement se réunissent par un arrêt d’Union, créent une chambre Saint-Louis pour présenter leurs exigences ? Veulent-ils agir comme le Parlement anglais, faire s’agenouiller le roi ?
    Louis entend l’indignation de sa mère.
    — Quelle est cette espèce de république dans la monarchie ? lance-t-elle.
     
    Il se tient près d’elle, dans ses salons, au milieu de ses suivantes dont les robes le frôlent.
    Les femmes de chambre sont plus audacieuses. Elles se penchent, et il sent leurs seins contre son visage. Mme de Beauvais, la première femme de chambre, aux formes généreuses, au visage souriant, attirant bien qu’elle soit borgne, glisse ses mains comme par inadvertance le long du corps de Louis.
    Elle s’écarte vite quand Anne d’Autriche s’approche, exulte, annonçant qu’un habitant d’Arras vient d’arriver, qu’il apporte la nouvelle d’une grande victoire du duc d’Enghien, devenu prince de Condé, contre les Espagnols, à Lens.
    Il faut profiter de cette victoire. Louis s’avance. Il voudrait avoir à décider, lui aussi.
    Il murmure : « Ces Messieurs du Parlement seront fâchés de cette nouvelle. » Sa mère le serre contre elle, puis le renvoie, car Mazarin s’avance, entraîne la reine. Que se trame-t-il ?
     
    C’est le dimanche 26 août 1648.
    Louis est au premier rang face à l’autel, dans le chœur de Notre-Dame, cependant que les cloches du Te Deum carillonnent pour célébrer la victoire de Lens. Puis tout à coup, au moment où le cortège sort de la nef, ce sont des mousqueteries, des cris.
    L’escorte de gardes suisses et de gardes-françaises se rapproche. Il faut rentrer au palais.
    Louis entend les officiers annoncer que des barricades commencent à s’élever dans les ruelles, autour du Louvre, dans l’île de la Cité, depuis qu’a été apprise l’arrestation du conseiller Broussel et du président de chambre Blancmesnil.
    C’était donc cela qu’avaient décidé Son Éminence et Anne d’Autriche : profiter du Te
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