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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
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Dieu. Durant quelques semaines, nous sommes restés sous le couvert des bois et des forêts, loin des routes et des chemins. J’avais pour but de rejoindre le prieuré de Christchurch, à Cantorbéry, puis de partir vers le sud jusqu’à Douvres et d’embarquer pour la France. Cependant, les soldats yorkistes fouillaient le pays. Avec moi-même, notre petit groupe comptait six hommes, les plus fidèles parmi tous ceux qui avaient suivi Warwick, du moins je le croyais. Brandon portait avec lui l’OEil de Dieu. Il nous assura connaître un village abandonné où nous pourrions nous cacher. Nous l’avons dit à Nicholas Faunte quand nous l’avons rencontré. Il se dissimulait comme nous dans la forêt de Blean.
    Moresby s’humecta les lèvres.
    — Après notre rencontre avec Faunte, nous nous sommes séparés. J’ai quitté Brandon et nos quatre compagnons pour tâcher de savoir ce qu’il était advenu du corps de Warwick, et aussi pour trouver la route la plus sûre jusqu’à Cantorbéry et Douvres. Mes compagnons me faisaient confiance, et je leur ai laissé l’OEil de Dieu.
    Moresby haussa les épaules.
    — C’était aussi une façon de s’assurer que je les rejoindrais. J’ai passé des semaines à courir les routes, perdant du temps pour échapper aux troupes yorkistes. Or nous étions convenus de nous retrouver à Sellingham. Quand j’ai enfin atteint le village, mes compagnons y étaient passés, mais impossible de les retrouver. J’ai cherché partout, en continuant à me cacher car l’endroit était dangereux, et j’ai fini par me dire que mes amis étaient partis.
    — Pourquoi vous être déguisé en pardonneur ? demanda Kathryn.
    Moresby eut un pauvre sourire :
    — Je pensais que ce déguisement convenait à ma situation. Avez-vous lu Chaucer, Maîtresse Swinbrooke ?
    — Je le connais mieux que vous ne le pensez ! rétorqua la jeune femme.
    Colum toussota.
    Moresby passa ses doigts dans ses cheveux teints en jaune.
    — Dans « Le conte du Pardonneur », reprit-il, une compagnie d’hommes jeunes finit par s’entretuer pour un précieux magot. Lorsque je me rendis au village abandonné pour n’y trouver personne, je pensai que Brandon et mes autres compagnons avaient dû s’enfuir. Puis j’entendis dire que Brandon avait été capturé et qu’on l’avait emprisonné au château de Cantorbéry. Ne pouvant retrouver les autres, j’ai commencé à me demander si on ne les avait pas tués, et j’ai alors pensé au « Conte du Pardonneur » de Chaucer. Or, par un étonnant hasard, dans une taverne de Maidstone, j’ai rencontré un de ces individus. J’ai compris qu’il pouvait parcourir le royaume sans être inquiété, aussi j’ai dépensé jusqu’au dernier sou pour acheter ses reliques, ses vêtements et sa licence. J’ai trouvé un cadavre défiguré dans un fossé : je l’ai habillé de mes vêtements. C’est ainsi que je suis devenu le Vertueux, et je me suis rendu directement à Cantorbéry.
    Moresby étendit les mains en avant.
    — Vous connaissez la suite. Je me suis adressé à Sir William Webster, lui disant que les hostelleries et les tavernes étaient pleines, et il a accepté de me loger au château. J’ai attendu mon heure, et je suis allé voir Brandon.
    Moresby se tut pour rassembler ses souvenirs.
    — C’était après l’évasion de Sparrow, reprit-il. Brandon m’a reconnu, bien sûr, mais il ne pouvait pas me trahir sans se trahir lui-même. Il m’a juré qu’il ne savait pas où étaient les autres ni ce qu’il était advenu de l’OEil de Dieu.
    Moresby secoua la tête.
    — Je savais qu’il mentait.
    Il regarda Colum d’un air interrogateur.
    — Je suis retourné plusieurs fois au village abandonné, mais je n’ai rien trouvé. Comment avez-vous fait ?
    Colum le lui raconta, et tout le monde écouta dans un silence pétrifié le sinistre récit de ce qu’ils avaient découvert dans le caveau de la vieille église. Moresby pâlit et, la bouche ouverte, ne cherchait même pas à essuyer les larmes qui coulaient sur ses joues.
    — Vous les avez retrouvés ? morts ? chuchota-t-il.
    — Oui, murmura Colum.
    Moresby se cacha le visage dans les mains.
    — Ô Dieu, ayez pitié d’eux ! pleura-t-il doucement. Ô ayez pitié d’eux !
    Il releva la tête.
    — Maudit soit Brandon ! C’est lui qui les a assassinés, n’est-ce pas ?
    — Je le pense, oui, répondit Colum. Brandon connaissait le caveau. Il voulait
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