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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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bout des montagnes, derrière les églises et les bois de sapins, s’étend l’Autriche, empire des Habsbourg. Quand le temps est clair, on distingue la Zugspitze, un magnifique sommet, et l’imagination des enfants redescend les pentes raides du Tyrol jusqu’à Innsbruck et même jusqu’à Vienne.
    À Possi, l’ambiance est bon enfant. Max déteste l’étiquette des cours, préfère écrire des vers, chanter des lieder  en compagnie du cithariste Johann Petzmacher, ou aller parler à ses chevaux. Sissi – le duc l’appelle son enfant de Noël car elle est née un 24 décembre 2  – partage ses goûts. Tous deux s’entretiennent en dialecte bavarois et la cour de Vienne aura beau jeu, plus tard, d’évoquer l’éducation rustre de l’impératrice. En fait, Sissi a la grande chance d’avoir été élevée moins en princesse qu’en fille d’artiste quelque peu bohème. L’influence de son père la marque profondément. Elle tient de lui beaucoup plus que de sa mère, qui accorde une importance excessive aux questions d’étiquette et de protocole. Ravissante et légère, elle répand, physiquement, une sorte de grâce aérienne.
    Ce qui touche le plus dans sa personnalité, c’est sa fraternité avec la nature : elle recherche la compagnie des plantes et des animaux, l’ombre enchantée des bois, les jeux de l’aurore et du crépuscule, le chant du rossignol dans la nuit étoilée. Elle trouve son élément dans les éléments : elle se plaît à nager comme une ondine, à gambader dans les bruyères fleuries, à fendre l’air sur un cheval fougueux. Si l’on ignore la lourde hérédité des Wittelsbach, on pourrait voir en elle, dans les brouillards allemands, une nymphe ou une naïade née sur les lacs de Bavière. Son aura est à la fois royale et animale. Sous la masse de ses cheveux châtain clair, sa petite tête pourrait être celle d’une déesse grecque, sans l’intense vitalité qui anime la perfection de ses traits et étincelle dans ses yeux tendres et farouches. Dans son regard magnétique, passent toutes les nuances de la douceur et de l’ironie, de l’audace et de la pudeur, du rêve et de la gaieté.
    Une biche, a-t-on envie d’annoncer ! Car Sissi raffole des bêtes, elle sait les soigner, aime leur parler à l’oreille et les caresser... Les grands chiens l’enchantent. Ils la suivent partout. À Possi, ils ont même la permission de déjeuner à table. Quand le duc est à la campagne, il emmène sa fille en forêt et dans les champs, ce qui est une occasion bienvenue d’échapper aux cours des précepteurs. Ceux-ci font certes tout leur possible pour enseigner l’indispensable à leurs élèves, mais leur culture générale laisse à désirer.
    Max préfère parler poésie avec eux. N’est-il pas l’auteur de Ma cithare  :
    « Ce que je préfère dans le vaste monde,
    C’est le jeu de ma cithare bien-aimée,
    Je le chéris plus que l’argent
    Et il coûte aussi beaucoup de peine,
    Si je suis joyeux et de bonne humeur,
    Elle se réjouit avec son maître,
    Et si je me sens sombre et triste,
    Elle aime partager mon chagrin.
    Si je ne suis à mon aise qu’avec elle,
    C’est qu’elle est seule à me comprendre,
    Je laisse les gens aller à leurs affaires
    Et joue avec elle du matin jusqu’au soir 3 ... »
    C’est donc de son père qu’Élisabeth hérite son goût pour la poésie. Ludovica a beau faire, sa fille est à l’image de celui-ci. Comme lui, elle déteste toute espèce d’étiquette, plaisante volontiers, et apprécie surtout, dans un caractère, la verdeur et l’originalité. Elle aime ce père avec l’enthousiasme qu’inspire une intime parenté d’âme. Il personnifie tout ce qu’elle voudrait être ; toutes les perfections qu’elle rêve d’acquérir lui semblent chez lui des dons naturels. À ses côtés, elle est heureuse. Avoir la permission de monter à cheval en sa compagnie exalte en elle le sentiment de valeur héroïque que lui procure toujours cet exercice. Elle met son orgueil à marcher du même pas que le duc ; elle veut, comme lui, gravir les montagnes, et comme lui, savoir parfaitement nager.
    Tous les clichés évoqués autour de l’enfance de Sissi sont vrais. Romy Schneider a immortalisé à juste raison les traits d’une enfant à califourchon sur un poney accompagnant parfois son père en costume traditionnel de montagnard bavarois. Les témoins de l’époque se souvenaient que le duc déclara un jour devant
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